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BlackMagic veut chambouler le marché du logiciel de compositing

François Tsunamida

mercredi 26 novembre 2014 à 15:45 • 6

Logiciels

En septembre à l’IBC, BlackMagic annonçait avoir acheté eyeon Software. Son logiciel vedette, Fusion, est l’un des outils professionnels les plus avancés pour le compositing, les effets spéciaux et les animations graphiques. Fusion existe depuis 25 ans. Il a été utilisé par plus de mille superproductions hollywoodiennes et séries télévisées : Thor, The Amazing Spiderman : le destin d'un héros, Hunger Games, Orphan Black, Breaking Bad, Grimm, Downton Abbey, Battlestar Galactica…

Dernier pavé dans la marre de la part de BlackMagic annoncé il y a quelques jours : Fusion 7… gratis ! Cette mouture de Fusion, sortie en juin 2014, était proposée à 2 495 $ soit environ 2 000 €, par son géniteur. BlackMagic vient d’annoncer qu’il tirait un trait sur cette étiquette. BlackMagic applique donc la même stratégie marketing que pour Resolve : acquisition d’un développeur de logiciels haut de gamme puis modification de la distribution désormais proposée en 2 versions. L’une est gratuite et l’autre est payante, bien que proposée à un tarif nettement moins cher qu’avant rachat.

Mais… pas de version Mac ou du moins, pas encore ! Le logiciel en libre téléchargement sur le site de BlackMagic (v 7.5) est une version Windows. En effet, eyeon Software n’a jusqu’à présent développé que des versions Windows ou Linux de ses produits.

Une version Mac OS X est en cours de développement. Grant Petty, le PDG de BlacMagic Design, l’a officiellement promise sur les forums de sa société. Par contre, il a précisé qu’il était impossible pour le moment de donner une idée de la date de la sortie de Fusion 7 pour OS X.

Dès le rachat d’eyeon Software, BlackMagic a multiplié par 2 la taille de l’équipe de développeurs. Ces ingénieurs qui viennent de rejoindre l’équipe de développement ne sont pas dédiés qu’au portage sous Mac OS X de Fusion. Ils travaillent également aux futures fonctions de l’application et à son intégration dans le reste de l’écosystème BlackMagic.

Ainsi, Fusion 7 dispose de fonctions d’étalonnage. Elles font double emploi avec Resolve, dont c’est la spécialité. Comment les 2 applications vont-elles s’entendre ? Fusion 7 devra-t-il renoncer à tout ce qui concerne l’étalonnage ? Un « round-tripping » sera-t-il développé pour reprendre un projet Resolve dans Fusion 7, de la même façon qu’eyeon Software le propose avec un projet monté sous Media Composer ?

BlackMagic a une série de décisions à prendre pour rendre plus logique l’intégration de ces 2 logiciels dans sa gamme… De même, l’éditeur australien devra, à terme, prendre des décisions pour unifier les interfaces nodales dont se servent aussi bien Resolve que Fusion.

Maintenant que le logiciel est entre les mains de BlackMagic, l’étape suivante devrait être la simplification de l’interface qui, si l’on se base toujours sur Resolve, a lieu progressivement au cours des mises à jour régulières et toujours gratuites. La version payante contient aussi quelques fonctions exclusives. Peu nombreuses, elles sont toutefois suffisamment importantes pour que les utilisateurs qui en ont besoin soient prêts à sortir leur carte de crédit.

Un Fusion 7 Studio payant

Cette version payante prend le nom de « Studio » et coûte 805 €. Les fonctions plus complètes dont elle dispose sont des définitions qui ne sont plus limitées au 4K UHD pour les exports ; la présence du plug-in Avid Connect permettant de récupérer un projet réalisé dans Media Composer ; l’intégration du logiciel Generation de gestion d’actifs de projets facilitant le travail collaboratif.

Generation, développé également par eyeon Software, permet de distribuer le travail à effectuer au sein du groupe. Le responsable du projet peut surveiller l’état de l’avancement des travaux. Il pourra rebasculer une tâche vers un autre membre de l’équipe en cas de besoin. Un dossier sur le serveur permet à tous les collaborateurs d’accéder aux ressources du projet (rushs, illustrations, musique et sons…). Il permet également de stocker les réalisations des différents intervenants pour donner un accès à tout le monde. Les clients actuels de Fusion peuvent, en contactant BlackMagic, obtenir une mise à jour gracieuse vers Fusion 7 Studio.

Les points forts de Fusion 7

Fusion utilise une arborescence à interface nodale, qui rappellera de vieux souvenirs aux utilisateurs de Shake, le logiciel de compositing et effets spéciaux acheté par Apple en 2002 avant d’être mis au placard en 2009. Dès qu’un projet devient un peu complexe, l’interface nodale est plus efficace et plus rapide pour sélectionner et modifier les effets que les outils basés sur des « layers » (After Effects, Motion…) placés dans une Timeline.

L'application possède des centaines d’outils, de filtres et d’effets. Tout ce que l'on peut attendre d’une application de VFX haut de gamme est présent. La retouche d’images, les particules 3D réalistes, l'importation et l'animation d’objets 3D depuis les applications 3D majeures (Maya, 3DS Max, Cinema 4D…) et même créations d’objets 3D au sein de Fusion.

Citons aussi le tracking et l'utilisation de données de trackers provenant d’applications externes (PFTrack, Mocha ou SynthEyes), rotoscopie, retiming, incrustation avec de nombreux Keyer (Primatte, Chroma, Luma, Ultra et Differential), accélération OpenGL, peinture vectorielle indépendante de la résolution du projet, générateur de texte en 2 ou 3D animées, compositing avec une résolution et une profondeur de bits indépendantes, outils de 3D stéréoscopiques… n'en jetez plus !

En utilisant les données Deep Pixel stockées dans les fichiers OpenEXR d’images rendues en 2D, Fusion sait créer des brouillards ou des effets volumétriques 3D de lumière. Les informations de chaque pixel contiennent en effet non seulement les valeurs des 3 canaux RGB et celle de l’alpha, mais elles comportent également les coordonnées XYZ de chaque pixel de l’image. A la différence des logiciels 3D, les scènes peuvent être ainsi rendues en quelques secondes malgré des effets volumétriques complexes 3D.

Outre les nombreux effets et outils dont il dispose, Fusion est ouvert aux développeurs tiers via l’architecture de plug-ins OpenFX. Même si le nombre de sociétés proposant des plug-ins OpenFX est encore limité, plusieurs en proposent dès à présent : GenArts (Saphire, Monsters GT Natural Phenomena Theme Pack, Monsters GT Natural Phenomena Theme Pack), ABSoft Neat Video Pro, RE:Vision Effect (DE:Noise, RE:Fill, RE:Flex, RE:Map, ReelSmart Motion Blur, Twixtor, SmoothKit, Shape/Shade), BorisFX, Motiva RealPerception, Butterfly NetRender, Frischluft (Flair, Lenscare) ou encore Xfrog Plants (Vol 1 et 2).

En plaçant l’effet Avid Connect sur un clip ou un groupe de clips de la TimeLine d’un projet Media Composer d’Avid, on peut utiliser les outils de compositing et d’animation de Fusion directement dans Media Composer sans avoir besoin de faire un export. Fusion créera à partir de la Timeline un projet dans lequel les éléments seront placés automatiquement dans une arborescence nodale. Une fois le projet terminé, tout est renvoyé dans le logiciel de montage d’Avid et les transformations prennent place dans les clips de la Timeline de Media Composer. On espère que BlackMagic s’inspirera de ce « round-tripping » pour proposer la même chose pour d’autres NLE (FCPX ou Premiere Pro) à la fois dans Fusion et dans Resolve.

Comme tous les logiciels modernes, Fusion 7 tire partie des GPU pour accélérer les calculs de rendus. On peut utiliser les autres ordinateurs branchés sur le réseau local pour accélérer les rendus, sans limitation du nombre de machines pour la version Studio. En effet, le moteur de rendu de Fusion peut être installé sur autant d’ordinateurs que l’on souhaite. Les rendus des scènes 3D ou des modèles 3D importés aux formats FBX ou Alembic peuvent être rendus directement au sein de Fusion. Les positions des caméras utilisées dans Maya, 3ds Max ou Lightwave sont reprises par Fusion.

Robin des bois du VFX

Dans le communiqué de presse de BlackMagic Design, Grant Petty, son PDG, endosse sa cape de Robin des bois en distribuant quelques coups de griffes à ses concurrents. Adobe bien sûr, instigateur du concept de « location » de logiciels, mais également Autodesk, The Foundry, etc.

Contrairement à d'autres logiciels, Fusion 7 Studio n’occasionne pas de frais d'entretien annuel, d'abonnement, de connexion au Cloud ou de frais de licence par nœud de rendu. Les utilisateurs n'ont ainsi pas à encourir de faux frais ou de paiements périodiques pour un logiciel qu'ils ont acheté auparavant. Les logiciels d'effets visuels coûtent trop chers depuis bien trop longtemps et il est temps que cela change.

Certes, BlackMagic n’est pas une association à but non lucratif. C’est une société commerciale. Elle compte trouver son intérêt dans cette offre gratuite de Fusion : promotion pour la société ; occasion d’attirer le public séduit par les offres gratuites vers les offres hardware vidéo pro ou les caméras de la compagnie ; investissements pour imposer à terme Fusion comme LA solution de VFX haut de gamme, comme est en train de le faire Resolve pour ce qui est de l’étalonnage.

Une conquête du marché VFX qui devrait prendre quelques années. Les concurrents de Fusion vont connaître des temps difficiles. Certes, cela ne sera pas immédiat, car les workflows pour les gros projets de VFX sont complexes. Les studios qui ont validé des solutions recourant à d’autres logiciels ne vont pas, du jour au lendemain, tout modifier sous prétexte que Fusion est devenu gratuit.

Les licences de logiciels de compositing/Motion graphics haut de gamme ne représentent qu’une fraction du prix total de solutions basées sur des équipements Quantel ou SGO. De même, les écoles de compositing/motion graphics vont continuer à enseigner les autres logiciels présents sur le marché pendant les années à venir. Les étudiants sortant de ces formations continueront à utiliser les solutions qu’on leur a enseignées.

Le changement vers un marché où Fusion sera la référence en effets Motion Graphics/VFX sera sans doute long et progressif. Il viendra certainement d’abord des indépendants ou des petites structures. Mais peu à peu, les choses devraient évoluer au fur et à mesure que la popularité de Fusion se développe.

Avec un Fusion 7 gratuit, BlackMagic ne vise plus des ventes de quelques dizaines de milliers de licences. La société veut imposer Fusion comme la solution Compositing/Motion graphics/VFX. Si l’on se base sur l’exemple de Resolve, il faudra au moins 4 à 5 ans pour y arriver. Avec une licence gratuite, les petites structures vont pouvoir s’initier au compositing de haut niveau, l’essayer gratuitement et voir si cela a un sens pour leur cycle de production. Si c’est le cas, elles pourront envisager d’abandonner leurs solutions « entrée de gamme » (After Effects, Motion…) pour passer à quelque chose de beaucoup plus puissant.

Quels effets pour la concurrence ?

Le principal concurrent de Fusion est Nuke de l’anglais The Foundry. Ce dernier a déjà procédé à une baisse importante du prix de la licence de son application il y a quelques années, obligeant dans la foulée eyeon software à faire de même. The Foundry propose depuis octobre Nuke, NukeX ou Nuke Studio en versions gratuites pour une utilisation non professionnelle aux personnes qui veulent découvrir ou apprendre cet outil. Cette offre ne comporte pas de watermarks comme l’ancienne licence PLE pour étudiants, mais a tout de même un certain nombre de limitations (scripts Python réduits, scripts Nuke chiffrés lors des exports de fichiers, définition limitée à 1080p, etc). Comment va réagir The Foundry ? Baisser ses prix ? Ignorer Fusion et profiter qu’il n’y ait pas de version Mac pour le moment ? Espérer que ses utilisateurs apprécient à ce point Nuke qu’ils n’aient guère envie de partir chez BlackMagic ?

À une moindre échelle, l’offre gratuite de Fusion va toucher également les logiciels d’effets spéciaux/compositing plus grand public comme After Effects (Adobe) ou Motion (Apple). Motion est proposé à un prix dérisoire et sa capacité à créer facilement des templates ou des plug-ins pour Final Cut Pro X le met un peu à l’abri de l’arrivée d’un poids lourd des VFX gratuit.

Pour After Effects, les choses risquent d’être un peu plus compliquées, ne serait-ce qu’à cause du modèle de location qu’Adobe tente d’imposer avec sa suite CC et qui continue à faire grincer des dents. Certains utilisateurs qui avaient du mal à débourser la somme rondelette de la Suite Adobe en seul achat s’étaient ralliés à la solution CC qui leur permet d’utiliser After Effects grâce à un abonnement mensuel mesuré. Mais face à un logiciel plus performant et gratuit, combien vont continuer à se servir d’AE ? Adobe risque d’avoir du mal à convaincre certains de ses utilisateurs de continuer de passer à la caisse, surtout si ces derniers sont de nouveaux utilisateurs qui n’ont pas encore passé des dizaines d’heures à se former ni investi des sommes importantes dans des plug-ins pour After Effects.

Cela dit, Motion comme After Effects ne jouent pas dans la même cour que Fusion. Ce dernier nécessite des ressources matérielles que tous les freelances et petits studios ne peuvent pas toujours s'offrir. De même, il faut prévoir plus de temps pour apprendre à se servir de Fusion que pour des logiciels plus simples comme ceux cités précédemment. Pour certains indépendants ou petites structures, ces efforts ne vaudront peut-être pas la chandelle, et ils préfèreront rester sur leurs acquis plutôt que de faire le grand saut – même gratuit – dans l’inconnu.

Même si tout le monde ne monte pas dans le wagon gratuit de Fusion 7, l'éditeur australien a réussi son coup. Tant par les conséquences que sa gratuité va avoir sur les solutions de VFX concurrentes que par l’accès au compositing haut de gamme qu’il va fournir à une nouvelle génération d’artistes. L’accès sans frais à Fusion 7, l’un des plus puissants logiciels de sa catégorie, va changer beaucoup de choses. Il va permettre une démocratisation et une multiplication des effets graphiques dans les vidéos. La révolution VFX est en marche…

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