La course à l’intelligence artificielle continue, et avec elle, celle aux data-centers toujours plus grands, toujours plus chers, et toujours plus gourmands. Si bien entendu les USA mènent la danse dans le domaine, avec le plus grand nombre de milliards investis, l’Europe tente de suivre, et Orange a décidé de délier les cordons de la bourse.

Les unités de mesure
Il fut un temps où la plupart des personnes parlant de data-centers parlaient en TFlops, permettant de classer les calculateurs selon leur puissance. Les usages s’étant diversifiés (il est loin le temps où ces fermes à calcul servaient « simplement » à calculer la météo de la semaine ou la forme du champignon que fera la prochaine bombe), et les fermes agrandies, l’unité de mesure utilisées est maintenant le watt.
Et plus précisément, le GigaWatt. Un GW, pour référence, est plus ou moins la puissance d’un réacteur nucléaire des années 80 en France, les derniers comme l’EPR développant 1,6 GW. Avec de telles demandes, on comprend mieux pourquoi Microsoft a investi pour redémarrer Three Miles Island (le réacteur 1 bien entendu, pas le n°2)...

OpenAI
La plus grosse « start-up » (à cette taille, le nom paraît un peu étrange) de l’intelligence artificielle a les moyens de ses ambitions, et les partenaires qui vont bien : avec un plan d’investissement de 1 000 milliards de dollars sur cinq ans, soutenu par AMD, Nvidia, Broadcom et Oracle, elle prévoyait l’installation de 10 GW de capacité d’ici à la fin de l’année, avec cinq nouveaux data-centers aux USA.
Une fois ce pallier atteint, elle a même décidé de le dépasser : une rallonge du contrat a été signée, afin de rajouter 4,5 GW supplémentaires répartis sur trois sites.
Meta
La firme de Mark Zuckerberg vient d’annoncer la création d’un nouveau data-center au Texas, d’une puissance de 1 GW. À un coût de 1,5 milliards de dollars, il fait partie du projet « Hyperion » dont le Président US avait déjà annoncé qu’il pourrait atteindre les 50 milliards de dollars d’investissements sur le premier data-center, situé lui en Louisiane.

Mark Zuckerberg, fier de son gros datacenter pour l’IA
Ces data-centers géants, d’une surface équivalente à plus de la moitié de Manhattan, sont donnés pour consommer chacun entre 1 et 2 GW, et seront basés sur des processeurs Arm. Pour l’occasion, Meta a signé un partenariat sur plusieurs années avec le concepteur de puces, afin de pouvoir utiliser ses modèles Neoverse et travailler aux futures évolutions du CPU.
L’entreprise de Mountain View continue ses investissements, et a annoncé le 14 octobre la construction d’un data-center en Inde, amené à être le plus grand hub d’IA d’Alphabet en dehors des USA. À 15 milliards de dollars, il est amené à atteindre dans un premier temps la barre du GigaWatt, avant de monter encore en puissance plus tard.
Et l’Europe ?
L’Europe n’est pas en reste, et voit arriver des projets certes moins pharaoniques, mais tout aussi intéressants. La plupart des serveurs actuels sont réunis autour de cinq grandes villes : Francfort, Londres, Amsterdam, Paris et Dublin, qui à elles seules représentent 45 % de la capacité totale européenne.
L’Union européenne appelle à tripler les capacités en data-centers de la région d’ici 2030, en soutenant les infrastructures énergétiques nécessaires à cette augmentation. AWS, Google et Microsoft améliorent leurs capacités à Londres sur des projets de plus de cinq milliards de Livres.
Du côté français, les Hauts-de-France veulent se transformer en « vallée européenne de l’intelligence artificielle », et ont passé un partenariat d’investissement avec les Émirats arabes unis de 30 à 50 milliards d’euros durant le « Sommet pour l’action sur l’IA » tenu en février.
La course à l’IA promet toujours plus d’investissements, et de consommation : la demande rien qu’en Europe pour alimenter les data-centers représente déjà 35 GW, soit peu ou prou 35 réacteurs nucléaires. Au niveau mondial, les serveurs dans le monde consomment 2 % de l’énergie électrique produite, et la courbe ne devrait pas s’aplatir dans les années à venir.

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