De SAFARI à la CNIL (2/2) : d'un projet technique à un scandale d'État

Jean-Baptiste Leheup |

L'article ci-dessous suit celui-ci : De SAFARI à la CNIL (1) : comment la France a dompté l'informatique

En 1970, loin d’imaginer les conséquences éthiques et politiques du partage des bases de données, le directeur de l’INSEE envisageait même de rendre obligatoire l’utilisation d’un numéro d’identification commun à l’ensemble des administrations, d’autant plus que la plupart de ses correspondants disposaient eux-mêmes de matériel informatique.

« Il serait irrationnel de leur demander d’éditer des listes que l’INSEE complèterait manuellement par indication du numéro pour transcrire à nouveau cette information sur support magnétique », justifiait-il. Il précisait que pour réduire les coûts, le stockage se ferait sur des bandes magnétiques plutôt que des disques durs, « accessibles en temps réel mais considérablement plus coûteux ».

Les disques durs, bien plus rapides mais plus coûteux que les bandes magnétiques, étaient commercialisés depuis les années 1950, notamment par IBM. Comptez une tonne et le volume de deux frigos pour 5 Mo… Image : Sourisseau Academy

D’après André Vitalis, toujours dans son ouvrage L’incertaine révolution numérique, le vent a commencé à tourner à partir de 1970, quand le gouvernement et les parlementaires ont commencé à se montrer préoccupés par les conséquences sociales de certaines utilisations de l’informatique. Ainsi, cette année-là, le Parlement refuse la création du « fichier national de santé des Français » pour des raisons tenant au respect de la vie privée.

avatar Furious Angel | 

C’est marrant de voir ces questions se poser à cette époque. Certains n’avaient rien compris... et 50 ans plus tard avec Stop Covid (que le grand public n’a absolument pas compris en raison d’une communication incroyablement mauvaise du gouvernement) les mêmes questions se posent

avatar B. Bro | 

Merci La rédaction !

avatar Zara2stra (non vérifié) | 

« le premier chiffre (1 pour les hommes, 2 pour les femmes, parce que pourquoi pas) »

En fait le premier chiffre n’est pas limité aux valeurs 1 ou 2, il peut prendre d’autres valeurs. C’est seulement que 1 et 2 sont les valeurs les plus connues et qu’elle représentent 99% des numéros.

avatar Jean-Baptiste Leheup | 
Avez-vous des précisions sur les autres valeurs utilisées actuellement ? Je n'ai rien trouvé à ce sujet...
avatar Zara2stra (non vérifié) | 

@j-b.leheup

ce lien vous donne les valeurs 1, 2, 3, 4, 7, et 8 :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Numéro_de_sécurité_sociale_en_France

5 et 6 sont utilisés pour des migrants de passage
9 pour des cas d’hermaphrodisme vrai (très rare et progéniture non viable a court/moyen terme)

avatar Jean-Baptiste Leheup | 

@Zara2stra

Merci !

avatar freewheelinfranklin | 

Super article, qui rappelle que les débats d’aujourd’hui ne sont pas si neufs (qu‘avons nous fait depuis ?) et qu’un outil visionnaire comme la CNIL peut encore être légitime après 50 ans de fonction.

avatar Cric | 

@freewheelinfranklin

+1
Rien à ajouter

avatar andmag | 

Pourtant en Suède le numéro de secu sert à tout : énergie, téléphone,...
Difficile de trouver une location si la précédente n’est pas soldée.

avatar orkal | 

Belle coquille dans l’article du Monde qui avait pourtant les meilleurs correcteurs du monde…

avatar raoolito | 

@orkal

j’espere bien que le monde utilise les meilleurs correcteurs du monde ce serait dommage sinon :P
ok je >>>

avatar GRAILLE Alain | 

Très bon article et un secret de clef révélé ! Bien, mais pourquoi Apple a choisi d'appeler son navigateur internet "Safari" y aurait-il un rapport même lointain ? Et est-ce que les clefs des comptes bancaires marche aussi sur ce principe ? Heureusement que ces clefs évitent des erreurs de saisie, déjà que les fautes d'orthographes dans les articles de journaux sont assez nombreuses, on voit vite les erreurs évitées dans nos comptes ! C'est un peu la preuve par neuf dans les multiplications !

avatar Jean-Baptiste Leheup | 

@GRAILLE Alain

Rassurez-vous, la clé est tout ce qu’il y a de plus publique ! Elle est destinée à éviter les erreurs de saisie, pas à assurer la confidentialité du numéro !

Pour les cartes bancaires, il existe une règle tout aussi publique pour le numéro lui-même, là aussi pour détecter les erreurs (mais aussi le réseau utilisé : visa, CB, MasterCard, AmEx...) mais la clé du cryptogramme situé à l’arrière n’est connue que de la banque. Elle est vérifiée uniquement en ligne, directement par le serveur de la banque.

avatar dorninem | 

@j-b.leheup

Et oui ce n'est pas de la crypto c'est une somme de contrôle.
Voir le détaillé article Wikipedia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Formule_de_Luhn?wprov=sfti1

avatar Sindanarie | 

@j-b.leheup

"mais la clé du cryptogramme situé à l’arrière n’est connue que de la banque. Elle est vérifiée uniquement en ligne, directement par le serveur de la banque."

Me rappelle très bien d’ailleurs que sur certains sites à une certaine époque, Amazon notamment, lors du payement en ligne vous pouviez insérer n’importe quel numéro pour la case réservée au cryptogramme et le paiement s’effectuait sans problème. Juste que certains commerçants ne voulaient pas tout de suite intégrer la contrainte de la vérification...

avatar Phiphi | 

@GRAILLE Alain

"Très bon article et un secret de clef révélé !"

Cela n’a jamais été un secret.
Le principe est tout à fait le même que pour le chef RIB des comptes bancaires et la formule de calcul est pratiquement identique (il y a une correspondance lettres chiffres qui s’ajoute avant calcul, car certains numéros de comptes ont des lettres.

avatar orkal | 

@raoolito
Merci de l’avoir relevée 😉

avatar Lightman | 

Très bon de savoir tout ça. Merci.

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