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Spotify attaque Apple à Bruxelles pour concurrence déloyale

Florian Innocente

Wednesday 13 March 2019 à 12:47 • 234

AAPL

Spotify hausse le ton contre Apple et son fondateur, Daniel Ek, annonce le dépôt d'une plainte devant la Commission Européenne. En ligne de mire il y a ce que Spotify considère comme une concurrence déloyale de la part d'Apple : les règles fluctuantes de présence sur l'App Store, le statut de juge et partie d'Apple et les limites posées à la promotion et au fonctionnement d'une app sur l'App Store.

Daniel Ek, patron fondateur de Spotify

C'est un vieux combat de Spotify qui revient en lumière, au point que le service suédois a ouvert un site pour en établir la chronologie sous le slogan « Il est temps de jouer à la régulière ».

Dans ce récapitulatif remontant aux débuts de l'iPhone et de l'App Store s'y trouvent rassemblés les changements de règles sur la boutique de téléchargement, les difficultés posées à la création d'une app pour l'Apple Watch (ça a avancé depuis), etc.

C'est sur la commission des 30 % prise sur les abonnements, que Spotify concentre une large part de ses critiques. Le service rappelle que la possibilité de passer d'un compte gratuit à une formule Premium l'imposait de reverser 30% à Apple (en omettant de préciser qu'au bout d'un an, en cas de renouvellement de l'abonnement, la ponction est réduite à 15 %). Une « taxe » incompatible avec son activité, dans le contexte d'une concurrence avec Apple Music :

Si nous payions cette taxe, cela nous obligerait à gonfler artificiellement le prix de notre abonnement Premium bien au-dessus du prix de Apple Music. Et pour que nos prix restent concurrentiels pour nos clients, nous ne pouvons pas le faire.

Pour ménager sa marge, Spotify avait reporté sur le client le prix de cet abonnement. La même formule coûtait 12,99 € en In-App sur l'App Store et 9,99 € directement chez Spotify. Un déséquilibre auquel n'est pas soumis Apple Music, plaide Spotify, qui est proposé depuis le début à 9,99 € et intégré sur tous les appareils iOS et macOS.

Depuis un an, Spotify a donc retiré la possibilité de s'abonner au travers d'un achat In-App, obligeant l'utilisateur à le faire depuis son site. Un trajet que le client ne peut suivre depuis l'intérieur de l'app puisqu'Apple interdit qu'une app propose un autre mode d'abonnement que celui reposant sur son système. Un simple lien vers un abonnement extérieur est également proscrit.

C'est là un autre motif de mécontentement de Spotify (lire Spotify pousse à annuler l'abonnement In-App d'Apple) qui fustige la promotion qu'Apple fait pour Apple Music au sein de ses services, tout en bridant la communication de services concurrents.

Netflix a fait exactement comme Spotify à la fin de l'année dernière, il n'y a plus d'abonnement In-App de proposé dans son app.

Les règles fluctuantes et pas toujours écrites de l'App Store sont une autre source d'énervement pour le suédois. En avril 2018, Spotify a vu son app retoquée par les validateurs de l'App Store car l'une des captures montrait le mot "Gratuit". Trois mois plus tard, c'est le slogan "Get in, Get Premium" figurant dans une capture qui justifiait le rejet d'une mise à jour.

Daniel Ek regrette également qu'Apple ferme la porte du HomePod à Spotify, même si sur ce point le reproche est difficile à établir. C'est davantage Apple que Spotify qui se met dans une position de handicap, au vu du nombre d'enceintes concurrentes qui intègrent Spotify. Si un jour le HomePod règne sur ce marché, la question néanmoins se reposera.

Avec sa plainte devant la Commission Européenne (Spotify ne s'interdit pas de porter le fer dans d'autres pays) Spotify veut que chaque protagoniste soit soumis aux même règles sur l'App Store « Apple Music compris ». Puis, que les clients aient le choix du mode de paiement d'un abonnement qui leur convient, sans subir des « tarifs discriminatoires ». Enfin, que les app stores ne puissent contrôler la communication marketing entre les clients et les services.

Daniel Ek conclut sur la nature de sa démarche. À l'écouter, il s'agit moins d'une bataille entre Spotify et Apple que d'une lutte à un niveau plus global : « Nous voulons les mêmes règles, justes, pour toutes les entreprises, qu'elles soient nouvelles ou anciennes, petites ou grandes ».

Cette action de Spotify survient à un moment où plusieurs actualités se croisent. Dans quelques jours, Apple va annoncer son service de séries TV dont on peut penser qu'il s'articulera, commercialement parlant avec l'offre musicale (Apple a aussi une offre de presse magazine en préparation). Nul doute que côté promo, Apple ne va pas regarder à la dépense.

Spotify n'ayant pas de catalogue vidéo, il vient de renforcer son partenariat avec Hulu, un important service américain de VOD. Apple, via iTunes, est devenu un passage obligé pour obtenir des podcasts. Spotify a récemment fait de l'offre en podcasts un axe majeur de sa croissance future, et a acheté deux entreprises du secteur.

Enfin, sur la question de la régulation des plateformes de téléchargement d'apps, le sujet est devenu politique au travers du programme de l'une des candidates démocrates pour la présidentielle américaine de 2020 et d'initiatives décidées à Bruxelles (lire Europe : Apple verse de l’argent aux développeurs, l'UE met en place de nouvelles règles).

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