Apple Store : état des lieux

Anthony Nelzin-Santos |

Dix-huit mois après notre enquête sur les conditions de travail dans les Apple Store, nous sommes restés en contact avec quelques-uns des salariés que nous avions interrogés. Des salariés qui, pour la plupart, ne travaillent plus pour Apple Retail : pourquoi sont-ils partis ? Qu’attendent ceux qui sont restés ? Voici quelques-unes des questions que nous leur avons posées.

Image Apple.
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Paul1, a sérieusement envisagé de quitter l’Apple Store parisien dans lequel il travaille : « on m’a conseillé d’abandonner mon poste pour pousser Apple Retail à me licencier et avoir le temps de me retourner. » Il s’agit d’un mécanisme connu, qui consiste à provoquer un licenciement pour faute grave (et donc à préserver la possibilité de percevoir l’allocation chômage) et a été recommandée à d’autres employés sur le départ. Mais lui ne l’a finalement pas exploitée : « je n’arrive pas à partir. J’aime mon job. »

Même au plus fort des tensions de l’été 2012, la plupart des salariés témoignaient de leur attachement à Apple. Albin Voulfow, responsable syndical CFDT2, explique : « les salariés ne veulent pas forcément partir, parce que c’est Apple, parce qu’il y a une ambiance, parce qu’il y a leurs collègues. » Mais parfois, cela ne suffit plus.

Pierre, qui travaillait dans une boutique de province avant de démissionner pour rejoindre un groupe de magasins de vêtements, déplore par exemple l’absence de perspectives d’évolution de carrière. « Je ne suis pas mieux payé aujourd’hui, et je n’ai pas plus de responsabilités », avoue-t-il, « mais dès l’entretien d’embauche on m’a fait comprendre que je pourrais devenir assez rapidement manager, parce que je viens de chez Apple. »

Image Apple.
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Ce genre de progression est plus difficile chez Apple Retail France, qui compte environ 1 500 salariés pour 16 équipes de direction en autant de magasins. Et « il n’y a pas de passerelles entre Apple Retail et Apple tout court », expliquent Voulfow et les salariés. Quand bien même il y en aurait, il serait difficile de répondre aux besoins de chacun avec seulement quatre responsables des ressources humaines. Face à ce manque de structure et de visibilité, ceux qui estiment avoir le droit à plus de responsabilités finissent par partir, de guerre lasse.

L’herbe n’est pas toujours plus verte ailleurs, reconnaît Jean, qui travaillait dans une boutique parisienne : « un boulot de vendeur, c’est un boulot de vendeur. » Mais les choses peuvent devenir particulièrement frustrantes dans les Apple Store, à cause de la manière dont les boutiques sont organisées. « Nous sommes toujours en première ligne », explique-t-il, « les managers écoutent nos problèmes, on ne peut pas dire le contraire, mais ils ne peuvent rien faire. »

Le responsable syndical CFDT résume la situation : « les responsables français ne sont pas responsables, la société est complètement cloisonnée. Tout le monde a envie de construire, mais personne ne peut prendre de décision. » Et pendant ce temps, les problèmes s’accumulent, comme ceux autour de la vidéosurveillance ou du travail de nuit. Des problèmes qui tardent à être résolus : « le mode de fonctionnement très américanisé n’est pas vraiment adapté à la France, et il n’y a pas de pression pour le faire vu qu’il n’y a pas de vrai procès. »

Image Apple.
Image Apple.

Ce qui ne veut pas dire que tout est noir chez Apple : Voulfow lui-même motive son action syndicale par l’envie d’améliorer une société « qui n’est quand même pas affreuse. » « C’est pas des salauds », lance-t-il au sujet des dirigeants d’Apple Retail France, « c’est pas tous les jours facile, mais il y a quand même des avantages par rapport au reste du secteur. » Pierre cite l’exemple de la réduction sur les produits Apple avec un peu d’amusement, tout en concédant qu’« il y a des problèmes partout » et que ceux des Apple Store « restent quand même gérables, c’est pas la mort. »

Mais le fait est qu’une boutique comme celle d’Opéra ressemble parfois à un champ de bataille : « j’ai l’impression que mes collègues de province se plaignent quand même moins » dit Paul, « on souffre plus ici. » L’ambiance peut certes changer selon les managers, mais le cas parisien est aussi révélateur : les déboires de la climatisation de la boutique du Louvre sont avant tout des problèmes d’organisation et de coordination avec le gestionnaire du centre commercial. Apple était trop occupée à ouvrir des boutiques en province, dit en substance Voulfow, qui poursuit : « Opéra, par contre, c’est vraiment une boutique qui craque. » Les Apple Store sont à la fois un espace de vente et un espace d’assistance pour une société qui étend son périmètre d'activité : il y a de plus en plus de monde et de moins en moins de place, le modèle ne tient plus.

Ce modèle, c’est celui mis au point par Ron Johnson, que John Browett n’a pas réussi à faire évoluer, et qui tourne depuis en roue libre. « On croise parfois des gens qui viennent des États-Unis », dit Pierre, « mais ce n’est pas pareil que quand Ron Johnson venait. » « Je ne sais pas à quoi ils pensent là haut, on a quand même l’impression d’être seuls et de devoir se débrouiller avec les moyens du bord », avoue Paul, « par contre quand on ne vend pas assez d’AppleCare, il y a toujours quelqu’un pour nous le rappeler. » En creux, les salariés posent la question de l’adaptabilité du modèle unique des Apple Store à la culture et à la législation de chaque pays, et plus encore aux besoins matériels et humains de chaque boutique.

Image Apple.
Image Apple.

« On attend de voir ce que fera Angela Ahrendts », cette phrase est revenue, sous une forme ou une autre, dans la bouche de toutes les personnes avec lesquelles nous nous sommes entretenues. Apple n’a pas souhaité nous préciser la date d’entrée en fonction de l’ancienne patronne de Burberry, mais une chose est sûre : celle qui est présentée par Tim Cook comme « un leader extraordinaire » attaché « à l’expérience du client » aura fort à faire pour gagner la confiance de ses troupes et résoudre les points de friction dans les boutiques. Les attentes sont grandes, une éventuelle déception le serait encore plus.

  1. Les prénoms ont été changés.
  2. Contactés, le Cidre/CFTC et SUD n'ont pas donné suite.
avatar John Maynard Keynes | 

@Appletech

ils sont loin ces jeunes banlieusard d'avoir la gueule de ceux qui ont travaillé des années pour avoir essayé tout les produits de la pomme, sauf s'ils sont tombés du camion !

Phrase remarquable de préjugés racistes !!!!

Et le nouveau CEO de MS il a la gueule de quoi, crétin !

avatar Appletech | 

Et bien oui ! Si tu as 20 ans, a moins d'être fils a papa, je doute que tu aie bossé assez pour avoir acheté chaque produit de la gamme Apple.

Toi du déplace la question parce que c'est clair que tu es mal dans ta peau et tu n'incarne pas du tout cette image cosmopolite que donne Apple dans ses publicités de recrutement.

Voilà ce qu'on appelle une erreur de casting ! De toute façon, ce n'est pas la première fois que le DRH de Apple Retail se trompe dans ses recrutements (voire les grèves que lui a infligé son personnel) et toi franchement tu ne donne pas envie de passer dans ses magasins !

avatar Francis Kuntz | 

Moi les "genius" aux US m'ont explique que je devait reinstaller iOS 7 frequement sur mon mini et que c'etait une pratique normale de le faire de temps en temps. Et que tous mes crash sur ios7 venaient d'application tierces (alors que les logs montrent le contraire). Donc oui vraiment malhonnetes.

Ca confirme qu'apple devient le nouveau microsoft...

avatar Francis Kuntz | 

J'adore, les mecs se font allumer parce qu'ils ne vendent pas assez d'apple care alors qu'apple est deja l'entreprise avec les marges les plus scandaleuses... Et derriere montage fiscale pour ne pas payer d'impots et en plus ils ne gerent pas leur salaries correctement. C'est juste dingue...

avatar John Maynard Keynes | 

@Francis Kuntz

C’est quoi une marge scandaleuse sur un marché compétitif ?

Autant le concept me parle sur une clientèle captive ou une situation quasi monopolistique autant sur un marché ouvert et concurrentiel, je ne vois pas.

avatar MixUnix | 

@J.M.Keynes
Ton avatar me fait sourire...
"Une marge scandaleuse sur un marché compétitif ?"( ouais...si on veut), c'est de toute façon un trop perçu sur le consommateur, TOI.
Tu es content, c'est bien...
"Autant le concept..." bravo Mr Keynes, vous survivez.
Apple est en situation de clientèle captive, tout le monde le sait.
Apple est en situation de position quasi monopolistique, Hardware+Software, non ?, il est concurrencé par des ...PC, mais non , voyons, Apple, c'est Apple.!?
"...autant sur un marché ouvert et concurrentiel...", ça s'appelle le triomphe du marketing, c'est tout.
Rien ne justifie la marge scandaleuse, surtout quand on ne résout rien ou pas grand chose des problèmes réguliers, et qu'on se la joue Apple über alles, au détriment de l'utilisateur/client.
Les marges, ça sert à faire avancer l'économie, pas à rester dans des caissettes.
Bretton Woods...

avatar John Maynard Keynes | 

@MixUnix

Qu’est ce qu’il ne faut pas lire !

Apple en situation quasi-monopolistique !!! Il faut en rire tend c’est idiot et ne tient pas une seconde l’épreuve des faits.

Je t’invite à lire d’urgence la définition du concept de monopole.

Apple en situation de clientèle captive !!! Dans quelle monde vis tu ? Par contre Cook aimerait peut y vivre tant la situation d’Apple serait idyllique dans ce monde :-)

Apple est une société confronté à une concurrence forte sur tous ses marchés, il faut vraiment être aveugle pour prétendre le contraire.

Si le prix te semble injustifié, tu vas voir ailleurs avec évidement ce tous les coûts cachés que cela implique. :-)

avatar John Maynard Keynes | 

Rien ne justifie la marge scandaleuse, surtout quand on ne résout rien ou pas grand chose des problèmes réguliers, et qu'on se la joue Apple über alles, au détriment de l'utilisateur/client.

La bonne marge est celle qui permet d’atteindre ses objectifs de vente en volume et en valeur, rien de plus rien de moins.

Au vu de sa structure financiére conserver un haut niveau de marge est un enjeux essentiel pour Apple.

Les marges, ça sert à faire avancer l'économie, pas à rester dans des caissettes.

Bienvenue au pays des bisounours :-)

C’est une jolie perle que tu pond là, à moins que tu confonde marges et bénéfices :-)

Après si tu parles du niveau de trésorerie d’Apple nous sommes bien d’accord : c’est une aberration, il fallait d’urgence en rentre une part conséquente aux légitimes propriétaires de capitaux propres c-à-d les actionnaires.

Bretton Woods...

Au vu de ce qui est écrit avant cette référence, pas certain que tu comprennes le début du commencement des prémisses des visions théoriques qui étayes la construction de ces accords.

avatar Lennart | 

Shenmue sort de ce corps !

avatar John Maynard Keynes | 

@Lennart

????

avatar MixUnix | 

@J.M. Keynes
La MARGE(taux et masse de) sert à:
Payer impôts, héhé...
Ré-investir, ça fait fonctionner l'économie
Rémunérer les actionnaires, ils peuvent réinvestir
Rémunérer le travail,correctement, ça aide la consommation

Les caissettes de milliards de dollars, ça ne sert a rien, sauf a alimenter des paradis fiscaux, raison de plus quand ça provient de marges, scandaleuses .

Je sais à quoi ont servi les accords de Bretton Woods, ce n'est pas forcément une réussite.
Les US n'ont pas bcp respecté cet accord, non convertibilité du dollar et planche à billet pléthorique.

avatar John Maynard Keynes | 

@MixUnix,

Un précis de comptabilité et d’économie niveau bac te ferait beaucoup de bien.

avatar MixUnix | 

@J.M.Keynes
43 ans dans le négoce avec des "décorations" pour la rentabilité de mes actions, j'en ai encore une à la maison !
La différence entre parler et agir.

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