Les puces produites par TSMC hors de Taiwan pourraient être plus onéreuses

Pierre Dandumont |

Depuis quelque temps maintenant, le fondeur taïwanais TSMC se développe dans d'autres pays, comme les États-Unis. Mais le patron de TSMC, CC Wei, a déclaré récemment quelque chose qui pourrait freiner les ardeurs de certains concepteurs de puces : « Si un client demande à être dans une certaine zone géographique, il doit partager le coût supplémentaire. Dans l'environnement de mondialisation fragmentée d'aujourd'hui, les coûts seront plus élevés pour tout le monde, y compris TSMC, nos clients et nos concurrents. ».

Une usine taïwanaise (image TSMC).

De façon plus claire, une société qui voudrait proposer des puces fabriquées au Japon (où TSMC a déjà des usines), aux États-Unis — une usine est en construction en Arizona — ou en Allemagne risque de les payer plus cher que celles fabriquées actuellement à Taiwan, comme l'explique Engadget.

Dans la pratique, les grands clients actuels de TSMC sont Apple, Nvidia, AMD et Qualcomm. Une augmentation du coût des puces ne devrait pas avoir le même impact dans tous les cas. Chez Nvidia, la société vend ses cartes dédiées à l'IA plus ou moins en direct et une absorption du coût supplémentaire peut être envisagée. Mais pour les cartes graphiques, ce n'est pas nécessairement le cas : Nvidia commercialise parfois ses propres cartes mais le gros du marché dépend de fabricants qui achètent les puces à Nvidia avant de les intégrer. Ces derniers choisiront plus probablement de répercuter la hausse sur les clients. AMD est dans une situation proche : les processeurs sont fabriqués en interne (AMD les vend directement) mais les cartes graphiques passent par des intermédiaires. Dans les deux cas, placer un petit Made in USA (par exemple) pourrait tout de même être un argument de vente.

TSMC, Intel et Samsung décrochent des milliards pour des puces "Made in USA"

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Qualcomm, par contre, ne vend pas en direct aux consommateurs et une hausse sur le prix des modems 5G ou sur les systèmes sur puce Snapdragon — déjà onéreux — devrait probablement se répercuter sur les acheteurs des smartphones. Par contre, les fabricants de smartphones, majoritairement asiatiques, n'ont pas nécessairement besoin ou envie de mettre en avant une production dans des pays occidentaux.

Reste le cas d'Apple, qui pourrait tout à fait absorber le surcoût dans le prix de ses appareils (le coût exact d'un système sur puce est de toute façon déjà caché) et ne pas nécessairement faire produire toutes les puces aux États-Unis. C'est déjà le cas sur certains appareils : les Mac Pro vendus aux États-Unis sont fabriqués dans le pays, alors que ceux commercialisés en Europe viennent de Chine, par exemple.

TSMC : retour sur l

TSMC : retour sur l'histoire du fondeur taïwanais qui a conquis Apple

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#TSMC
avatar H2Apps | 

Sachant qu’ils touchent de gigantesques subventions pour venir s’installer dans les dits pays, je ne sais quoi penser de leur argument…

avatar R-APPLE-R | 

@H2Apps

Les subventions c’est pour la construction des usines en dehors de Taïwan mais le problème à mon avis c’est les salaires en Amérique qui sont bien plus élevés qu’à Taïwan 😈

avatar Scooby-Doo | 

@R-APPLE-R,

« mais le problème à mon avis c’est les salaires en Amérique qui sont bien plus élevés qu’à Taïwan »

Les coûts et dépassements pour la construction, la formation et les salaires, tous plus élevés qu'à Taïwan !

En plus à Taïwan, ils ont une université des semi-conducteurs avec toutes les machines pour former les futurs opérateurs !

👌

avatar Nesus | 

@R-APPLE-R

La masse salariale pèse pour combien ?
Les usines sont automatisées et la valeurs unitaires produit est très importante. Donc si on arrive à 3%, c’est le bout du monde. Donc la masse salariale n’a quasi aucun impact dans le prix final, comme pour tout industriel qui fait quelques millions (et eux font des milliards).

avatar 0MiguelAnge0 | 

@R-APPLE-R

Non: l’usine est aux US mas tout le reste continue à venir d’Asie.

Et une fois produite, les dies font un aller-retour par Taiwan pour être testées…

avatar raoolito | 

avoir une usine ne signifie par forcement que les couts de production soient inférieurs.
Vous vous doutez bien qu'une usine de fabrication de transistors / processeurs / semi-conducteurs vaut vraiment une blinde.

avatar Pierre.321 | 

Après faudra voir les taxes d’importation 🤔

Je pense que c’est surtout pour éviter les problèmes d’approvisionnement en cas de conflit avec la Chine 😓

avatar saoullabit | 

Le terme de mondialisation fragmentée … un régal.
Oui les emplois coûtent plus cher aux US donc le prix du produit fini est plus élevé, c’est un peu simpliste m’enfin on a le début d’une explication…

avatar occam | 

@saoullabit

> "Le terme de mondialisation fragmentée … un régal."

Très réel, malheureusement.
Cette étude vient juste de sortir :
https://www.sas.upenn.edu/~jesusfv/Fragmentation.pdf

Papier assez technique en partie, mais les conclusions sont bien visualisées dans Fig. 2 :
l’indice de fragmentation de l’économie mondiale a baissé de la chute de l’URSS jusqu’à la crise financière de 2008.
Depuis, il augmente constamment. Le taux de fragmentation actuel dépasse de loin celui enregistré durant la Guerre froide.
Fig. 3 montre que l’on arrive à peu près au même degré de fragmentation estimée, quel que soit le scénario de variance choisi.

avatar saoullabit | 

@occam

Qu’est-ce qu’une mondialisation fragmentée ?
Des blocs de mondialisation accolés les uns aux autres ?
Un peu comme si l’Europe était a côté à une bloc russe qui lui aussi devrait un condensé de mondialisation ?

avatar occam | 

@saoullabit

L’étude citée cible la fragmentation géopolitique et ses conséquences économiques et financières selon une douzaine d’indicateurs échantillonnables.
Quand l’indice de fragmentation descend au dessous de la moyenne, c’est que les blocs et les frontières sont plus perméables. Les échanges, l’interdépendance et l’intégration entre régions et états augmentent.
À l’inverse, un indice de fragmentation géopolitique au dessus de la moyenne montre que les frontières s’érigent, les blocs se reforment, le protectionnisme augmente.
Le monde passe d’un mode d’interdépendance et d’échange tous azimuts à un mode de repli et de confrontations.

avatar saoullabit | 

@occam

Merci pour ces éclaircissements !

avatar Gwynpl@ine | 

@occam

Donc ce n'est plus une modalisation, vivement la mondialisation défragmentée !

En attendant je propose la mondiafragmentation, un beau néologisme, sauf que personne l'utilise. ^_^

avatar occam | 

@Gwynpl@ine

Vous aussi, vous vous acharnez sur la notion de « mondialisation ». Épouvantail, straw man.
Vous aurez peut-être remarqué que, dans mon commentaire initial comme dans ma réponse, je n’utilise pas le terme. Comme l’article cité, je me concentre sur ce qui est vraiment le fait saillant : la fragmentation. La fragmentation géopolitique et économique.

MacG cite Engadget, qui rapporte une phrase de Wei Che Chia, CEO et VP de TSMC : « today’s fragmented globalization environment ». Dit comme ça, durant earnings call, il n’y a pas de quoi en faire tout un plat. Il pourrait s’agir tout aussi bien d’un petit lapsus linguæ : globalization au lieu de global.
Un peu lost in translation, tout ça.

L’essentiel, c’est la fragmentation, ou re-fragmentation.

avatar Scooby-Doo | 

@Gwynpl@ine,

« En attendant je propose la mondiafragmentation, un beau néologisme, sauf que personne l'utilise. »

🤪

Mais j'utilise “mondiafragmentation” au moins une fois par jour, normalement quand je mange mes croquettes au petit-déjeuner !

😋

avatar Dimemas | 

Tellement vrai, c’est vraiment se moquer du monde

avatar MarcMame | 

« (le coût exact d'un système sur puce est de toute façon déjà caché) »
————
Vous nous permettrez donc de parler de "répercussion" plutôt que "d’absorption"…

avatar Scooby-Doo | 

@MarcMame,

« Vous nous permettrez donc de parler de "répercussion" plutôt que "d’absorption"… »

😬

Pour mes croquettes, je tiens à “absorption” !

😋

avatar fte | 

Pour info, un lieu de production différent implique
:

- logistique des matières premières différente
- taxes différentes
- lois environnementales différentes
- règles comptables différentes
- règles administratives différentes
- consolidation avec la maison mère supplémentaire et spécifique
- conséquences administratives et légales pour la maison mère supplémentaires
- logistique des produits finis additionnelle
- régulation des exportations différente
- salaires et charges sociales bien entendu

Et j’en oublie évidemment.

C’est plus compliqué que de construire et exploiter une nouvelle usine en face de la première.

Toutes ces différences et ces charges supplémentaires ne sont pas gratuites. Et elles sont récurrentes.

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