Faute d'utilisateurs, app.net ferme quasiment ses portes

Nicolas Furno |

Mauvaise nouvelle pour app.net, le réseau social qui avait fait le pari de se financer grâce à un abonnement payant, plutôt qu'avec la publicité ou les données de ses utilisateurs (lire : App.net : un réseau social financé par ses utilisateurs). Lancé courant 2012, ce réseau d'un autre genre a attiré une certaine attention dans un premier temps, mais il a très vite perdu son attrait. Alors que les premiers abonnements se sont terminés il y a quelques semaines, ses deux cofondateurs font le point dans un article qui se veut optimiste, mais qui cache mal l'échec du projet.

Alpha, le clone de Twitter basé sur app.net

À l'origine d'app.net, une belle idée : réunir des utilisateurs soucieux de ne pas être le produit d'un réseau social financé par leurs données personnelles et construire autour d'eux un écosystème d'applications ou de services. L'étrange nom de ce réseau social vient de cette idée que le service ne devait pas être monolithique, comme peut l'être Twitter. Une API devait permettre aux développeurs de greffer n'importe quoi à cet écosystème, un réseau social traditionnel, un service de stockage de partage de fichiers ou encore un journal intime virtuel.

Cette belle idée a sans doute été gâchée en partie par certains choix des cofondateurs. App.net a en effet été présenté au départ comme un clone de Twitter, un réseau social minimal autour de messages limités (maximum 256 caractères) et de listes de personnes suivies. Ce réseau social ne devait être qu'un exemple des possibilités offertes par le service, mais il a souvent été identifié à l'ensemble. Une mauvaise idée, tant on a oublié tout le reste pour se concentrer sur le clone de Twitter et même si le service a essayé de s'en éloigner, cette association est restée.

Dès lors, personne ne devrait être surpris que la plupart des personnes qui ont payé pour le lancement du service en 2012 n'ont pas renouvelé leur abonnement au printemps dernier. Nombreux sont ceux qui ont essayé par curiosité, mais qui n'ont pas prolongé leur abonnement par manque d'intérêt. À quoi bon avoir un clone de Twitter avec très peu d'utilisateurs ? En pratiquement deux ans d'existence, app.net n'a obtenu aucun avantage compétitif net et ce n'est pas le passage à un modèle partiellement gratuit qui pouvait relancer l'attrait du service (lire : App.net adopte un modèle partiellement freemium).

App.net devait être une plateforme capable de faire un peu tout, mais les développeurs et les utilisateurs n'ont pas adhéré suffisamment au projet.

Le résultat est donc sans appel : les renouvellements ont été si peu nombreux qu'ils ne permettent plus de payer un seul salaire. Tous les employés d'app.net ont été licenciés, y compris les deux fondateurs qui devront sans doute trouver un travail en plus. En effet, même si les finances ne sont pas au beau fixe, le service peut continuer à exister grâce aux quelques abonnements payants obtenus. Et pour assurer un avenir à l'ensemble, le code source va être publié : on en trouve déjà une bonne partie à cette adresse.

Ce n'est pas dans ces conditions qu'app.net pourra réunir le nombre d'utilisateurs nécessaires, mais les deux cofondateurs espèrent ainsi pouvoir maintenir l'infrastructure et les serveurs en place aussi longtemps que possible. Et peut-être que le projet renaîtra sous une forme différente grâce à l'open-source qui pourrait attirer d'autres développeurs. Quoi qu'il en soit, app.net tel qu'il a été imaginé en 2012 est un échec, et c'est bien dommage.

avatar joneskind | 

Dommage pour eux ! Ils ont eu le mérite d'essayer.

Je me demande souvent s'il ne est possible de créer un réseau social en Peer to Peer. Avec un petit Raspberry Pi part exemple, on pourrait imaginer une vingtaine de Go de cache en local, plus les médias perso (photos et vidéos). Le P2P permettrait de décharger les ressources sur d'autres machines. Il y aurait certainement quelques limites (comme l'instantanéité) mais ça devrait pouvoir fonctionner pour des petits groupes d'amis (disons une centaine) non?

Quelqu'un pour se lancer en Open Source ?

avatar iRobot 5S | 

Exactement ! ce serais génial !

avatar MacJL | 

C'est vrai que les gens sont déjà assez idiots pour perdre du temps sur les réseau sociaux. Mais si en plus on leur demande de payer pour ça, on obtient la crème de la crème :D

avatar hledu | 

@MacJL :
Cela veut surtout dire que les gens préfèrent qu'on les exploite dans leur dos sans rien payer plutôt que de verser le moindre centime pour payer un service parce que bien sur, internet c'est gratuit! Sinon le concept de réseau social est une bonne chose et un bel apport des technologies modernes.

avatar AirForceTwo | 

Ça veut surtout dire que le pouvoir d'achat des gens n'est pas illimité et que leurs priorités sont clairement ailleurs.

avatar Crabardaf | 

@ joneskind :
Sur Raspberry Pi je ne sais pas, mais OpenSource et distribué ça existe déjà c'est presque grand public, ça s'appelle Movim https://movim.eu/?l=fr Je trouve ça très prometteur !

avatar joneskind | 

@Primeweb

Merci du tuyau ! Je vais regarder ça avec intérêt !

avatar arnaudducouret | 

Dommage ! Je m'y suis mis début 2013 et la communauté y était excellente, même si elle était petite.

avatar So | 

Quelle idée aussi! XD

"oui bah nous on préfère payer avec du cash plutot qu'en pub ciblé"
voilà le résultat!

Google et Face ont encore de looooong jours devant eux... :-)

avatar AirForceTwo | 

Amateurisme ? Dans ce cas, on pourrait en dire autant de la plupart des pages d'accueil des gros sites (Google en tête).
Le succès d'une entreprise dépend de beaucoup d'autres facteurs.

avatar LaurentR | 

Je ne sais pas si l'aspect technologique de la ressemblance à Twitter est ce qui bloque le plus avec des réseaux sociaux alternatifs comme celui-ci. Quand je vais sur des sites comme ceux d'associations, de partis politiques, .... tous ne mentionnent que Facebook ou Twitter comme moyen de les suivre ou si ils en mentionnent plus, aucun qui ne mentionne App.net, puisqu'il s'agit de lui ici. Du coup, mon premier réflexe sera de choisir soit Facebook, soit Twitter et une fois inscrit à ces services, pourquoi irais-je voir ailleurs ? Qui plus est si c'est pour ne plus retrouver les informations qui m'intéressent ? Je pense que le premier travail d'un réseau social qui souhaiterait se poser en tant qu'alternative à Facebook ou Twitter serait de convaincre les associations, partis politiques,... du bien fondé de leur démarche et que, bénéficiant de leur soutien, ils auraient plus d'utilisateurs qui inviteraient d'autres utilisateurs, etc.

avatar Lio70 | 

@hledu
Efffectivement. L'etre humain est stupide et ce n'est pas nouveau. Le jour ou le legislateur mettra le hola dans l'exploitation des utilisateurs de reseaux sociaux et que ces derniers deviendront tous payants pour pouvoir subsister, les utilisateurs n'auront pas le choix: soit payer, soit se demander si, finalement, ils ont vraiment besoin des reseaux sociaux. Le citoyen remerciera-t-il alors le legislateur d'avoir mis fin a des derives graves? Non, il le critiquera pour l'avoir prive de son jouet.

- Parfois, je me dis que l'Homme, en tant que citoyen, est trop con pour qu'on lui demande son avis. Le Moyen-Age aurait du s'eterniser et l'Homme ne serait pas pourri la vie par les derives de la democratie et des techniques de l'ere industrielle.

avatar nrolland | 

Closed source = doomed

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