Test de l’Asus Lyra Voice, une (autre) enceinte connectée qui fait routeur Wi-Fi

Anthony Nelzin-Santos |

Vous savez ce qui est plus surprenant qu’« une enceinte connectée qui fait routeur Wi-Fi » ? Un routeur Wi-Fi qui fait enceinte connectée ! Présenté à l’occasion du CES au début de l’année, l’Asus Lyra Voice est maintenant disponible. Comme l’Orbi Voice, que nous avons testé récemment et qu’il concurrence directement, ce point d’accès Wi-Fi AC2200 tribande intègre deux haut-parleurs et Amazon Alexa. Mais alors que Netgear cache une enceinte connectée dans un routeur Orbi, Asus cache un routeur Lyra dans une enceinte. Une meilleure approche ? La réponse dans notre test de l’Asus Lyra Voice.

Commençons, puisque nous découvrons les systèmes Wi-Fi maillés d’Asus avec le produit le moins conventionnel de la gamme, par préciser les termes. « Lyra » est le nom de la gamme de solutions mesh d’Asus, formées comme chez Google et TP-Link d’un réseau de petits palets dispersés dans la maison. Mais la technologie de maillage d’Asus s’appelle « AiMesh », et n’est pas réservée aux points d’accès Lyra.

Asus Lyra Voice.

Des routeurs plus conventionnels intègrent cette technologie, et peuvent former un réseau maillé avec des points d’accès Lyra, ou même entre eux. Avec AiMesh, le fabricant taïwanais veut associer la flexibilité des réseaux maillés à la puissance des routeurs traditionnels. Nous avons ainsi testé le Lyra Voice avec le RT-AC5300 (317 €), un routeur tribande optimisé pour le jeu en ligne et le streaming vidéo 4K.

Deux appareils, une seule technologie, mais… deux applications. Il faut d’abord utiliser l’application Asus Router pour configurer le routeur, activer AiMesh, et ajouter le Lyra Voice au réseau maillé. Ou plutôt : on peut utiliser l’application, mais il vaut mieux utiliser la bonne vieille interface web, seule à proposer toutes les options de paramétrage.

Non, elle n’est pas plus jolie que l’application, Asus semblant penser que « noir + bleu = routeur ». Mais avec ses descriptifs clairs et ses petits tutoriels pour les fonctions les plus avancées, elle est aussi simple que peut l’être une interface qui doit proposer des réglages DHCP basiques comme des ajustements QoS avancés, tout en permettant d’observer le trafic en temps réel.

L’interface web d’administration, qui ne gagnera pas de prix de beauté, mais fait correctement son travail.

Quitte à faire, autant activer « AiProtection » au passage. Ce service gratuit, fourni par Trend Micro, mêle protection du réseau et contrôle parental. Le premier volet, qui nécessite l’approbation d’une licence d’utilisation spécifique et nécessairement invasive, vise essentiellement à prévenir les tentatives d’hameçonnage, bloquer les connexions des éventuels périphériques infectés par un botnet, et empêcher les attaques directes.

Le deuxième volet permet de limiter la consultation de certains contenus, selon quatre catégories prédéfinies (« adulte », « messagerie instantanée et communication », « P2P et transfert de fichiers », « diffusion de contenu et divertissement »), appareil par appareil. Malheureusement, les filtres ne sont absolument pas fiables, et ne peuvent pas être complétés par une liste noire. Autant dire que ce contrôle parental n’en est pas un.

L’application Asus Lyra est facultative, l’application Asus Router ou l’interface web suffisent à configurer le Lyra Voice.

Une fois le routeur et le réseau configurés, l’application Asus Lyra permet de fignoler les réglages du Lyra Voice, et notamment d’activer Amazon Alexa, que l’on ne présente plus. Comme la plupart des fabricants, Asus double le contrôle vocal avec des contrôles physiques. Un bouton permet de convoquer Alexa — le témoin lumineux central vire au bleu en sa présence virtuelle. Un autre permet de couper la paire de micros — suffisamment sensibles pour vous entendre parler à voix basse depuis l’autre bout d’une grande pièce.

Bref, le Lyra Voice est un Echo comme un autre. Mais Asus essaye de se démarquer avec une skill optionnelle, qui permet de contrôler le routeur lui-même à la voix. Les commandes doivent être préfacées d’une manière bien précise et plutôt fastidieuse, « Alexa, demande à Asus Router de… », mais cela tient du fonctionnement des skills. Les possibilités offertes sont intéressantes : activation du réseau invité sans autre forme de procès ou pendant quelques heures seulement, mise en pause de la connexion, enclenchement des modes « Jeux » et « Média » qui modifient certains paramètres…

Sur la platine supérieure, le bouton permettant de couper la paire de micros et les boutons de réglage du volume. Le témoin lumineux change de couleur lorsque les micros sont coupés, lorsqu’Alexa analyse votre requête ou parle, ou enfin en cas de problème de réseau.

Au final, l’installation et la configuration du système ne sont pas très compliquées, mais pourraient sans doute être simplifiées. On aurait envie d’utiliser une application AiMesh commune à tous les appareils compatibles, plutôt que de jongler entre Asus Router et Asus Lyra, voire de passer par l’interface web. En l’espace, on cumule les inconvénients du routeur traditionnel et des systèmes maillés. Point positif toutefois, Asus n’impose pas la création d’un compte en ligne (mais ne propose donc pas d’accès distant).

Si la forme du Lyra Voice est bien étrange pour un routeur, elle l’est moins pour une enceinte. Les deux haut-parleurs encadrent la bande métallique centrale, pointés vers l’avant, et associés chacun à un port bass reflex, pointé vers l’extérieur. La séparation stéréo est étonnamment forte : les instruments sont projetés sur les côtés, au détriment de la présence au centre. Selon les morceaux, ce choix peut s’avérer aussi distrayant (quand le son semble traverser le Lyra Voice de part en part) que dérangeant (quand le son semble éviter le centre de l’appareil).

Les côtés sont trompeurs : on croit voir des enceintes, et ce sont en fait des évents. Les enceintes pointent vers l’avant, et sont cachées par le revêtement en tissu chiné.

Une chose est sure : le volume est nettement plus élevé sur les côtés qu’au centre, mais le moindre décalage atténue l’un des deux canaux. Avec son format tout en largeur (27 cm) et sa hauteur réduite (7,5 cm), le Lyra Voice devrait toutefois trouver une place face au canapé. Et sinon, il suffira de monter le volume pour remplir un bureau ou un petit salon, voire activer le DTS pour élargir — très légèrement — la scène sonore.

On remarquera alors que les basses manquent d’ampleur, malgré les radiateurs passifs et les ports bass reflex, mais pas d’impact. Cette petite enceinte est nerveuse et dynamique, et finalement assez plaisante. Enfin, le Lyra Voice possède un avantage sur l’Orbi Voice : outre Amazon Music et Spotify Connect, ainsi que TuneIn et iHeartAudio, il peut aussi recevoir de la musique en Bluetooth.

À l’arrière, l’interrupteur pour (dés)activer le mode DTS, le port WAN et le port LAN, et bien sûr le connecteur pour l’alimentation.

Ce qui nous amène aux connexions sans-fil — cette enceinte, après tout, est aussi un routeur. Le Lyra Voice est un système tribande aux caractéristiques très similaires à celles de l’Orbi Voice :

  • une bande 2,4 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 400 Mb/s ;
  • une bande 5 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 866 Mb/s ;
  • et une deuxième bande 5 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 866 Mb/s ;

Le routeur RT-AC5300 auquel nous l’avons associé est lui aussi un système tribande, mais nettement plus rapide avec ses huit antennes extérieures :

  • une bande 2,4 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 1 000 Mb/s ;
  • une bande 5 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 2 167 Mb/s ;
  • et une deuxième bande 5 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 2 167 Mb/s.

En mode AiMesh, la deuxième bande 5 GHz est utilisée comme backhaul, c’est-à-dire comme canal de communication entre les deux points d’accès.

À lui seul, le routeur RT-AC5300 n’est pas capable de couvrir efficacement nos locaux, coupés en deux par un mur épais lardé d’armatures et de plaques métalliques. Et à lui seul, puisqu’il peut être utilisé comme un routeur indépendant, le Lyra Voice n’offre pas des performances décoiffantes. Combinés dans un réseau maillé, ils fournissent une couverture homogène et une connexion très rapide.

Orbi Voice + RBR20 (à gauche) contre Lyra Voice + RT-AC5300. Le Lyra Voice offre des débits jusqu’à deux fois supérieurs, mais il faut dire qu’il est avantagé par son alliance avec un gros routeur RT-AC5300, alors que l’Orbi Voice est désavantagé par son couplage au petit routeur Orbi RBR20. Avec le routeur RBR50 qui chapeaute la gamme de Netgear, l’Orbi Voice offre des performances très similaires.
Pour référence, Orbi RBK50 (à gauche) contre Lyra Voice. Le routeur RT-AC5300 d’Asus est capable de rivaliser avec le routeur RBR50 de Netgear à l’intérieur, mais le système Orbi reste le champion incontesté de la couverture. En tous cas, on voit bien l’approche qui consiste à utiliser un routeur « surdimensionné », avec une topologie en étoile chez Netgear ou un maillage maison chez Asus, conserve tout son intérêt face au mesh composé de multiples points d’accès aux capacités limitées.

Flexibilité et performances, AiMesh remplit ses promesses. Mais tout n’est pas parfait. D’abord, la technologie d’Asus souffre d’une latence légèrement plus élevée que celles de Netgear ou de Linksys. Cela ne se joue qu’à quelques millisecondes, mais c’est suffisant pour provoquer de petits hoquets, des micropauses qui ralentissent la connexion. Ensuite et surtout, la connexion est particulièrement instable à longue distance, comme si le système ne parvenait pas à basculer nos appareils sur la bande 2,4 GHz.

C’est l’inconvénient de l’avantage : AiMesh est plus flexible que d’autres systèmes, mais pas aussi intégré et optimisé. Le Lyra Voice peut d’ailleurs fonctionner sans AiMesh, et faire office de simple répéteur, associé à n’importe quel routeur. Les débits sont alors nettement moins impressionnants, on ne peut plus utiliser les fonctions fournies par Trend Micro, mais c’est une nouvelle preuve des choix offerts par Asus.

Asus Lyra Voice.

Au final, son meilleur argument est sans doute son prix, 249,95 €. Pour le même prix, vous pourriez acheter un Amazon Echo Plus et un routeur Wi-Fi de bonne facture, mais vous n’obtiendriez ni la même expérience sonore ni la même couverture réseau. Le Lyra Voice mérite votre attention : ce n’est pas seulement un bon accessoire pour une installation existante, mais aussi un bon moyen d’entrer dans l’écosystème mesh d’Asus. Avec une enceinte en prime.

Note Asus Lyra
avatar pagaupa | 

Inquiétant ces routeurs qui deviennent des enceintes...perso, j’évite.

avatar oomu | 

ET MICROPHONE !

avatar Seize | 

@oomu

Attends les gens qui te diront que leurs données personnelles n’intéressent personne blablabla, et qui seront les premiers à gueuler quand ils sauront que tout ça aura été exploité par machin et truc pour faire de la thune sur leur dos.

avatar marenostrum | 

si l'appareil te rend service, l'exploitation de tes données c'est le prix à payer. en tout cas les serveurs de Amazon ou de quelqu'un d'autre, quelqu'un doit les payer. c'est pas gratuit.

avatar Seize | 

@marenostrum

Oui, c’est exactement ça, soit tu paies avec tes données personnelles, soit avec ton argent. Un peu comme une prostituée qui n’a pas les diplômes ou réseaux pour bien gagner sa vie, elle le fait avec son corps.
J’assimile la « vente » de ses données personnelles avec la dépossession de son corps, car au final ça revient au même. Mais c’est comme avec le tabac, l’amiante ou encore Monsanto, la masse ne s’en rend compte que trop tard.

avatar pagaupa | 

@Seize

Sauf qu’avec Mosanto c’est payant...

avatar Eltigrou | 

@Seize

Bien d’accord. Sauf que cette enceinte est AUSSI payante. ..

Tu payes ET tes données sont exploitées... Elle est pas belle la vie ??

avatar Seize | 

@Eltigrou

Ça va faire comme avec les produits bio. Tout le monde se contentait des merdes industrielles, puis prise de conscience, et rush sur le bio. Quand tout le monde aura pris conscience de la valeur de ses données personnelles, on va rechercher les entreprises qui nous proposent la meilleure sécurité niveau vie privée.

avatar pagaupa | 

@marenostrum

Et pour ceux d’Apple? C’est gratuit?

avatar marenostrum | 

y a rien gratuit. même ta femme si ne voit plus intérêt en toi te quitte immédiatement.

avatar Iphoneur | 

@marenostrum

???

avatar Finouche | 

Tes interventions sont systématiquement terrifiantes de bêtise crasse.

avatar themasck | 

j'attend de voir les SYMFONISK . pour 200€ vous en aurez 2 avec , j'espère les performance des Sonos .

avatar Max1000du35 | 

@themasck

J’en doute quand même question performance même pour le modèle lampe
Par ailleurs les One et les Play:1 ont perdu quelques euros chez Boulanger Amazon et Darty

avatar pagaupa | 

@themasck

On n’en toujours que pour son argent...

avatar themasck | 

On ne connaît même pas les dimensions , ils aurais pu mettre un iPhone ou autre à côté

avatar marenostrum | 

le port ethernet (et la taille des boutons) montre que c'est un petit objet.

avatar Anthony Nelzin-Santos | 
@themasck : « On ne connaît même pas les dimensions » : si on se contente de regarder les images, en effet. Mais bon, j'écris pour être lu. Et si on lit : « avec son format tout en largeur (27 cm) et sa hauteur réduite (7,5 cm) ».
avatar Fennec72 | 

Est-il toujours judicieux d’acheter un système wifi mesh, ou vaut-il mieux attendre les modèles avec un wifi mesh compatibles wifi 6?

avatar Ali Ibn Bachir Le Gros | 

Pourquoi les gens achètent-ils des enceintes équipées d'un microphone qui écoute en permanence et qui transmet tout ce qui se passe dans la pièce vers une multinationale située dans un autre pays ?

Quelqu'un aurait prédit ça il y a dix ans, on se serait payé de sa tête. Aujourd'hui ça se vend comme des petits pains.

avatar awax | 

C'est cher quand même

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