Test du Netgear Orbi Voice, une enceinte connectée qui fait routeur Wi-Fi

Anthony Nelzin-Santos |

Orbi, vous le savez, est la marque du « système Wi-Fi » grand public de Netgear. La dernière nouveauté de la gamme n’est pourtant pas un point d’accès sans-fil, du moins pas seulement. C’est aussi… une enceinte connectée. Sa fiche technique commence ainsi par « Wi-Fi AC2200 tribande », se poursuit avec « système sonore signé Harman Kardon » et finit par « compatible Amazon Alexa et Spotify Connect ». Une idée farfelue ? La réponse dans notre test de l’Orbi Voice.

L’Orbi Voice.

Clarifions les choses d’emblée : l’Orbi Voice n’est pas un produit indépendant. Ce n’est pas le centre de l’étoile d’une installation Orbi, mais une branche, ce n’est pas un routeur, mais un satellite. Vous n’avez pas encore de système Orbi ? Netgear propose un lot composé d’un routeur RBR50 et d’un Orbi Voice (499 €). Vous avez déjà une installation Orbi ? Vous pouvez acheter l’Orbi Voice seul et le connecter à votre routeur (330 €).

Permettez-nous de sauter les habituelles remarques sur la configuration du système et l’application Orbi : notre récent test du kit RBK20 dit tout ce qu’il faut savoir sur le sujet. Concentrons-nous plutôt sur cet étrange objet d’une vingtaine de centimètres de haut, qui cache ses puces et ses antennes sous un voile d’un coloris gris chiné que l’on croyait réservé aux canapés suédois. En enveloppant l’appareil, ce tissu acoustique suggère que l’Orbi Voice diffuse le son à 360°, mais il n’en est rien.

La partie sonore est fournie par Harman Kardon.

Le haut-parleur d’aigus d’un pouce surmonte celui de graves de 3,5 pouces, lui-même situé juste au-dessus du logo « Audio by Harman Kardon », qui indique donc l’orientation de la face avant de l’Orbi Voice. Alors que la plupart des enceintes connectées sont omnidirectionnelles, vous considèrerez surement cette forte directivité comme un défaut. Elle révèle pourtant les intentions de Netgear : l’Orbi Voice a été conçu pour être posé dans un coin ou près d’un mur.

Même si les routeurs Orbi n’ont jamais été franchement moches, ils ne sont pas particulièrement beaux. Disons que si les produits de la gamme Nighthawk ont une apparence agressive, ceux de la gamme Orbi ont une apparence agressivement insipide. Avec ses formes pleines et ses couleurs douces, l’Orbi Voice ne dépareillera pas parmi les bibelots alignés sur une tablette, au bout d’un plan de travail, bref là où l’on pourrait vouloir placer une enceinte connectée.

Avec ses deux ports Ethernet, l’Orbi Voice peut faire office de (mini) switch sans-fil. Remarquez la couture du tissu acoustique, certes cachée à l’arrière de l’appareil, mais bien présente.

Avec ses deux petits haut-parleurs et son amplificateur 35 W, et malgré son port bass reflex et son évent périphérique, l’Orbi Voice n’a pas l’ampleur ni la profondeur d’un HomePod. La comparaison vous semble injuste ? Prenons le Sonos One, alors. Il est plus précis dans le bas médium et moins agressif dans les aigus, c’est-à-dire généralement plus dynamique et plaisant. L’égaliseur permet d’atténuer les défauts de l’Orbi Voice, pas de les corriger complètement.

Mais le HomePod et le Sonos One sont des enceintes avant tout. Dans un rôle d’appoint, l’Orbi Voice fait mieux que l’Amazon Echo ou que le Google Home. Or il possède les mêmes attributions d’« assistant personnel intelligent » avec Alexa1. Une fois que vous l’aurez connecté à votre compte Amazon, l’Orbi Voice écoutera les commandes commençant par « Alexa », même si vous parlez à voix basse depuis l’autre bout du salon, grâce à ses quatre micros.

La configuration d’Amazon Alexa est d’une simplicité enfantine, surtout si vous utilisez l’application Amazon.

Il peut répondre aux questions communes de lui-même, ou réaliser des opérations plus complexes à l’aide de skills dont l’intérêt et la fiabilité varient énormément de l’une à l’autre. Informations et prévisions météorologiques le matin, préparation d’un repas en suivant une recette et en jonglant avec plusieurs minuteurs le midi, extinction des feux connectés le soir, l’Orbi Voice accompagne votre journée comme n’importe quel autre appareil compatible avec Alexa.

Mais ce n’est pas n’importe quel autre appareil. Puisque c’est une enceinte, il répond aux commandes spécifiques à la musique. Les morceaux sont fournis par Amazon Music par défaut, bien sûr, mais l’application Alexa permet de connecter un compte Spotify. Le contrôle vocal vous lasse ? Vous pouvez régler le volume ou mettre en pause avec le panneau tactile au sommet de l’appareil, ou bien utiliser l’application Spotify, puisque l’Orbi Voice est un client Spotify Connect.

Pour éviter les mauvaises surprises, on peut aussi couper les quatre micros. L’éclairage entourant le panneau de contrôle vire au rouge, comme si la catastrophe était imminente. (Alors que la vraie catastrophe, c’est la connexion instable, signalée par un éclairage magenta.) Les diodes alternent entre le bleu clair et le bleu foncé lorsqu’Alexa réagit à une requête, et le restent quelques secondes après ses derniers mots lorsque le mode d’« écoute attentive » est activé, pour indiquer que les micros sont encore actifs.

Ajoutons la compatibilité avec Deezer et les radios de TuneIn, et nous aurons fait le tour. Vous ne trouverez ni Bluetooth, ni AirPlay, ni de multi-room sur la fiche technique de l’enceinte-routeur de Netgear. L’application Alexa n’est pas absolument nécessaire, mais elle permet de créer des routines et facilite la gestion des skills. Elle permet aussi d’activer le mode d’« écoute attentive », qui permet d’enchainer les requêtes sans répéter « Alexa », et surtout de désactiver les achats vocaux, afin d’éviter les mauvaises surprises enfantines.

Avec tout ça, on oublierait presque que l’Orbi Voice est un point d’accès Wi-Fi. Comme les autres membres de la famille Orbi, c’est un système tribande :

  • une bande 2,4 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 400 Mb/s ;
  • une bande 5 GHz permettant d’atteindre jusqu’à 866 Mb/s en Wi-Fi 5 ;
  • et une bande 5 GHz réservée au backhaul Wi-Fi 4x4 permettant la communication avec le routeur jusqu’à 866 Mb/s.

Sur ce dernier point, l’Orbi Voice est plus proche du « petit » routeur RBR20, avec lequel nous l’avons testé, que du « gros » routeur RBR50, avec lequel il est livré pour former le système RBK50V que nous mentionnons au début de cet article. Cela ne change rien à la fiabilité de la connexion avec le routeur, qui peut aussi exploiter le backhaul Ethernet Gigabit en réutilisant un réseau câblé, seulement les débits.

Nos deux premiers tests sont réalisés à courte distance, entre un (« 1 m ») et quatre (« Bureau 1 ») mètres du routeur, sans obstacle. Comme notre test du système RBK20 l’avait déjà montré, le routeur RBR20 peine alors à s’imposer face aux systèmes bibandes, qui n’ont aucun problème à couvrir une petite surface. Notre test « Bureau 2 » est réalisé à moins d’un mètre du satellite, mais à près de dix mètres du routeur, de l’autre côté d’un mur épais lardé d’armatures et de plaques métalliques.

Les performances peuvent sembler décevantes à courte distance, mais l’écart avec les systèmes bibandes se creuse dès que les conditions se dégradent (mur épais entre « Bureau 1 » et « Bureau 2 ») et que la distance augmente (« Toilettes » derrière deux cloisons, « Jardin »). La connexion de l’Orbi Voice est parmi les plus stables et régulières que nous ayons testées.

Dans ces conditions, qui révèlent toujours les forces des systèmes tribandes, la paire RBR20/Voice reprend le dessus. D’un extrême à l’autre, elle tire même son épingle du jeu à longue distance, en permettant de surfer cinq fois plus rapidement qu’avec un système Linksys Velop A0302 dans le jardin. Après avoir fait la moyenne cependant, cette installation est plus proche des systèmes bibandes que des systèmes tribandes, avec une meilleure portée et une excellente robustesse cependant.

Sur le plan sonore comme celui des débits, l’Orbi Voice laisse donc une impression mi-figue mi-raisin. Netgear est parvenue à additionner une enceinte et un point d’accès Wi-Fi, mais le tout n’est pas plus grand que la somme des parties. Est-ce que cela vaut le coup cout ? À 330 € seul, il vaut un peu plus cher que les produits permettant de le reconstituer, un satellite RBS20 et un Amazon Echo Plus.

Au final toutefois, cette idée n’est pas si farfelue que cela. Camouflé sous un voile gris, l’Orbi Voice entrera dans des pièces où d’autres produits n’avaient pas droit de cité, et y restera grâce à Alexa, bouchant ainsi des trous dans la couverture d’une grande maison. Indispensable ? Absolument pas. Irréprochable ? Loin de là. Intrigant ? Assurément.


  1. Ou presque : la compatibilité avec Apple Music, par exemple, est réservée aux produits Amazon. Ce qui n’est pas un problème majeur, d’abord parce que cette « skill » n’est proposée qu’aux États-Unis, surtout parce que les appareils tiers en bénéficieront prochainement. ↩︎
avatar bonnepoire | 

Je soupçonne des enceintes samsung plus que H/K.

avatar Alberto8 | 

Vous avez pas mis de note est-ce volontaire ?

avatar bonnepoire | 

Ça fait déjà quelques temps qu’ils ne mettent plus de note.

avatar Brice21 | 

J’en ai installé un en complément à mon système RBS53. Donc j’ai désormais un router + 3 satellites (dont l’Orbi Voice). Vu la confirmation en Mesh et la disposition des satellites dans mes maisons, le signal passe par l’Orbi Voice qui est situé entre le routeur et les deux autres satellites. Depuis la bande passante a été réduite à ces terminaux de 180 Mbps a 100 Mbps. Je soupçonne l’Orbi Voice d’être un peu moins performant qu’un satellite RBS50 comme bridge. Ça reste suffisant pour notre usage cependant.

avatar R1x_Fr1x | 

Suite à un article sur MacGé et marre du WiFi catastrophique chez moi dans certaines pièces, j'ai acheté un Orbi RBK50 composé d'un routeur + un satellite.

Il se trouve qu'au final, j'ai jamais eu besoin du satellite tellement le routeur uniquement est puissant. J'ai du Wifi partout, tout le temps, sans aucune perte. À se questionner sur le danger des ondes tellement tout mon logement est parfaitement couvert sans satellite. Si je branche le satellite, je pense que je pourrai tenter un décollage vers la lune.

Donc les 2 bémols c'est l'impact sur la santé (grosse inconnue) et le prix, c'est pas donné à tous. En revanche, le résultat est juste... au delà de tout ce qu'il y a sur le marché.

avatar bonnepoire | 

Pourquoi ne pas baisser le niveau d’intensité et utiliser le satellite que tu sembles déjà posséder?

avatar R1x_Fr1x | 

j'ai acheté le kit composé du routeur + satellite mais le routeur couvre tout à lui tout seul. Tu suggères de le brancher et de baisser la puissance des 2? J'y avais pas pensé... faut que je check dans l'app si on peut baisser la puissance

avatar bonnepoire | 

Oui tu baisses l'intensité du signal du routeur en t'assurant de pouvoir établir une connexion avec le satellite. Tu couvres autant mais avec moins d'ondes. Dans la mesure où tu ne dois pas acheter de satellite, ça ne t'engage pas financièrement.

avatar R1x_Fr1x | 

l'idée est excellente merci. Car 100% de couverture partout avec un seul routeur, il n'y a pas de secret, ça doit cracher sévère. J'espère que l'option est bien présente dans l'app, je ne peux pas m'y connecter car accessible seulement en local et je ne suis pas chez moi (il y a une option accès à distance mais je ne l'active pas).

avatar Bigdidou | 

@R1x_Fr1x

« j'ai acheté un Orbi RBK50 composé d'un routeur + un satellite. »

Pareil, l’Orbi 50 est un bijou. Il conserve surtout un débit excellent face à des utilisateurs multiples.

Après, j’ai un peu galéré pour l’installer avec un système simple en apparence mais pas mal buggué.
Il paraît que ça c’est arrangé depuis.

avatar Iounmoutef | 

Presque hors sujet, mais je profite de l’occasion pour dire tout le bien que je pense du système Orbi.

Nous habitons une maison sur deux niveaux et mon bureau est situé dans une seconde maison.

Au point d’arrivée d’internet, via une connexion Ethernet et sur un MacBook Pro de l’année, j’obtiens plus de 950 Mbps en download et plus de 600 Mbps en upload (fibre Free), et ce de manière constante.

J’ai installé un système Orbi RBK53 (RBK 50 : 1 routeur + 2 satellites).

Sur l’iMac 5K de la fin 2015 de mon bureau, connecté en Ethernet à un des satellites placé à une quinzaine de mètres du routeur (et séparé par deux murs porteurs), j’obtiens systématiquement autour de 600 Mbps en download et 400 Mbps en upload (à l'instant : 642 / 395)… et ces ordres de grandeur restent valables pour les dispositifs les plus récents connectés en wifi (MacBook Pro ou Air, iPhone, iPad de toute la famille) dans les pièces des deux maisons.

Au bureau je dispose également de la fibre Orange, parfaitement stable… mais qui « plafonnait » à moins de 300 Mbps (download) et à 100 Mbps (upload) sur l’iMac connecté en Ethernet et à 80 Mbps (download) et 40 Mbps (upload) sur tous les autres dispositifs connectés en Wifi via des bornes Airport reliées en Ethernet au routeur (par des câbles placés dans les murs et entre les deux maisons il y a une dizaine d’années).

Le système Orbi 50 est certes assez cher… mais moins cher que de changer les câbles dans les murs. Avant de le choisir j’avais procédé à de nombreux tests avec du matériel prêté par mon fournisseur (boîtiers CPL censés être les plus rapides, autres systèmes de routeurs et de satellites)… aucun de ces essais ne m’avait convaincu.

Bonne journée à tous.

avatar kitetrip | 

Quel intérêt d’ajouter a son réseau un objet qui vous espionne et qui apporte son lot de failles de sécurité ?

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