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Test du Chromebook C200 d'Asus : un vrai ordinateur à 200 € ?

Mickaël Bazoge

Tuesday 16 December 2014 à 14:43 • 46

Matériel

Par bien des aspects, les Chromebook commercialisés aujourd'hui sont la réalisation de la promesse des netbooks, ces petits ordinateurs commercialisés vendus une bouchée de pain à partir de 2007… dont le principal défaut était de ne servir à rien, si ce n'est à caler les portes. Depuis, les performances se sont heureusement améliorées, tout comme les logiciels sachant en tirer le plus grand profit. Les Chromebook savent ainsi se montrer beaucoup plus polyvalents et pratiques que les netbooks. Même s'il ne faut pas en attendre des performances ébouriffantes, ces petits ordinateurs commencent à se faire une place dans le paysage, qu'il s'agisse du secteur de l'éducation aux États-Unis ou sur Amazon : le PC le plus populaire est en effet un Chromebook, le C200MA-KX002 d'Asus.

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L'appareil coûte 199 €, ce qui explique sans doute une partie de son succès. Mais les notes élogieuses et les commentaires positifs laissés pour ce modèle interrogent. Et si les Chromebook, ainsi que Chrome OS, avaient finalement atteint leur maturité ? Ne reculant devant aucun sacrifice, nous avons voulu en avoir le cœur net. Soulagés de 279 € après avoir sélectionné la mouture équipée de 4 Go de RAM au lieu de 2, nous voici en possession de l'ordinateur.

Pas vraiment un MacBook Air

Les vieux souvenirs des premiers netbooks n'inclinaient pas à la confiance. C'est donc avec un peu d'appréhension que j'ai ouvert la boîte. Surprise, le design et la conception de l'ordinateur ne sont pas si vilains. Il faut savoir raison garder : on n'est évidemment pas ici en présence d'un MacBook Air (même si le design du Chromebook rappelle immanquablement celui de l'ultra-fin d'Apple, devenu pratiquement un standard dans l'industrie).

L'ordinateur bénéficie de finitions tout à fait correctes pour sa gamme de prix. Le capot façon glossy (les traces de doigts adorent), l'épaisseur d'1,98 cm (1,7 cm entre les deux points les plus éloignés sur le MacBook Air), le poids raisonnable d'1,15 kg finissent de sortir le C200 d'Asus de la trappe aux méchants netbooks.

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Le châssis en plastique, la charnière qu'il convient de ne pas trop maltraiter, les autocollants (pas trop envahissants cependant) rappellent évidemment que nous sommes ici en présence d'un PC à 200 €. Le clavier chiclet, qui évoque là encore les produits Apple, n'est pas le pire qu'on ait rencontré jusqu'ici ; les touches, solides sous les doigts, ont une course sèche et courte. Le trackpad n'est pas fantastique : trop petit, il souffre surtout des performances moyennes de l'ordinateur, sur lesquelles on reviendra.

Là où ce Chromebook pèche le plus, c'est sans doute au niveau de l'écran de 11,6 pouces : pas d'IPS ici, des angles de vision limités, mais une définition identique à celle du MacBook Air (1 366 x 768). L'impression globale qui se dégage de cet écran est assez mitigée, les images manquent de piqué, surtout quand on s'est habitué à la qualité des dalles d'Apple. Difficile toutefois de réclamer le même niveau de prestations sur un appareil vendu quatre fois moins cher que le portable le plus abordable d'Apple…

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A cet égard, il est d'ailleurs assez injuste de vouloir toujours comparer le C200 au MacBook Air, les deux ordinateurs ne jouant définitivement pas dans la même cour. Au niveau du prix évidemment, mais aussi pour ce qui concerne les fonctions : OS X et Chrome OS n'ont pas grand chose à voir.

Surprise au rayon logiciel

Comme son nom l'indique, le cœur du système d'exploitation du Chromebook n'est autre que le navigateur Chrome. Le moteur de recherche présente volontiers son butineur comme une plateforme plutôt qu'une simple fenêtre sur internet, ça n'a jamais été aussi vrai que sur cet ordinateur.

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Tout ou presque dans Chrome OS tourne autour des services Google, tout particulièrement des fonctions de Drive : stockage en ligne (Google offre gratuitement 100 Go durant deux ans) et bureautique sont véritablement l'apanage du moteur de recherche. Il n'existe d'ailleurs aucune alternative sérieuse à ces deux fonctions, ni Microsoft Office ni Dropbox… du moins, pas dans des versions natives car il reste heureusement possible d'utiliser les déclinaisons en ligne (autant jouer le jeu de Chrome OS à fond, ce d'autant qu'il existe des extensions Office dans le Chrome Web Store).

L'interface de Chrome OS mélange des éléments de Windows et d'OS X. Depuis le ravalement de façade du printemps 2012, le système d'exploitation a abandonné le principe du « plein écran » des débuts, qui donnait aux Chromebook l'impression de n'être que des navigateurs web. Chrome OS embrasse depuis le concept de bureau, plus traditionnel certes, mais sans doute plus confortable et rassurant pour les utilisateurs.

De fait, on retrouve une sorte de menu Démarrer listant les applications disponibles et une étagère dans laquelle on glissera les raccourcis de ses apps. Une barre d'outils, comprenant les réglages, l'affichage du niveau de la batterie et du Wi-Fi ainsi que le nombre de cartes Google Now, complètent une interface, comme on le voit, très simpliste. En masquant automatiquement l'étagère et en passant Chrome en plein écran, il est d'ailleurs possible de basculer rapidement dans l'interface des origines.

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Une touche dédiée permet même d'afficher l'app en plein écran débarrassé de l'interface de Chrome. Une autre touche lance un aperçu des différentes applications, dans un style qui rappelle Exposé. Minimaliste au possible, l'interface de Chrome OS a pour elle la facilité de sa prise en main, pour peu qu'on accepte le postulat de départ : on est d'abord en face d'un navigateur web, même si Google tente de faire passer des vessies pour des lanternes.

Des applications dans un navigateur

Chrome OS propose une boutique d'applications qui liste trois types de logiciels : des extensions qui font office de webapps pour Chrome (elles s'ouvriront alors dans le navigateur), des applications " natives " sous forme de paquets, et des apps Android. Les quelques applications Android adaptées à Chrome OS (Vine, OneFootball…) ne sont optimisées que sur le papier : comme pour les applications autonomes, elles s'affichent dans une fenêtre à part dont les dimensions sont celles d'un smartphone ou d'une tablette Android. Les performances du C200 étant ce qu'elles sont, utiliser ces apps mobiles n'offre qu'une expérience médiocre. Une bidouille existe qui permet d'installer n'importe quelle application Android. On trouvera à cette adresse un mode d'emploi mais gare : il va falloir jouer du Terminal… Néanmoins, c'est le seul moyen de profiter d'applications basiques comme Skype.

Quelques applications natives - Cliquer pour agrandir

Quant aux applications natives, qui ne sont elles aussi qu'une poignée, elles s'affichent en dehors de Chrome, donnant l'illusion de l'autonomie par rapport au navigateur. Ce qui est rafraîchissant car Chrome est sympathique mais son interface est parfois un peu lourde. Google pousse au développement de ces logiciels qui donnent une véritable patine « système d'exploitation » à Chrome OS. Ces apps ont également la particularité de pouvoir être utilisées (pratiquement) sans le fil à la patte d'une connexion réseau.

De par sa nature, Chrome OS s'appuie d'abord sur le stockage en ligne de Google. Il est aussi possible de conserver des documents en local : notre Asus dispose ainsi de 32 Go de stockage « en dur », dans lesquels on mettra vidéos, fichiers bureautiques, photos, musique, etc. Un navigateur de fichiers (baptisé… Fichiers) permet d'accéder aux documents en local comme à ceux présents sur Google Drive. Cette application sait lire de nombreux formats audio, vidéo, photo et bureautique, ainsi que toutes sortes de conteneurs (liste).

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Ce simili-Finder très simplifié est loin de proposer le fin du fin en matière de manipulation de fichiers (pas d'étiquettes de couleur, pas d'onglets), mais c'est finalement ce qui rapproche le plus Chrome OS d'un système d'exploitation « normal ».

La vie avec la tête dans le nuage

Les applications natives sont mieux servies : même sans internet, il est possible de continuer à les utiliser, à l'instar de la sympathique Google+ Photos. Mais Chrome OS montre clairement ses limites lorsqu'aucun accès à un réseau n'est disponible, ce qui a d'ailleurs toujours été la croix que porte la plateforme de Google. Le fonctionnement hors réseau est loin d'être optimal. Même les jeux, qui sont moins dépendants du web, restent nombreux à réclamer, au bout de quelques minutes, leur ration de Wi-Fi.

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Les applications qui peuvent fonctionner sans Wi-Fi limitent le Chromebook à un usage basique : lecture musicale, affichage des rendez-vous, prise de notes, ouverture de fichiers bureautique… Une option dans les réglages de Drive permet néanmoins de faciliter l'utilisation sans réseau, en activant la synchronisation hors connexion qui ouvre droit à la lecture de documents et l'édition légère, mais dans les faits on regrettera très vite de ne pas être couvert par un hotspot.

Il n'y a aucun miracle à en attendre : sans connexion, Docs tente un peu désespérément de se synchroniser sans laisser la main à l'utilisateur; Gmail offre bien de créer des brouillons et conserve les conversations, mais les images ne s'affichent pas...

Autre problème que nous avons pu subir lors de l'utilisation du C200 : malgré ses 4 Go de RAM (2 Go de plus que le modèle de base), des ralentissements se font ressentir, tout particulièrement avec de nombreux onglets ouverts dans Chrome. Cela affecte non seulement la frappe clavier (de guerre lasse, j'ai terminé la rédaction de ce test sur mon Mac), mais aussi la vélocité et la réactivité du curseur.

On a tôt fait de râler sur le trackpad, qui n'est déjà pas le meilleur composant de ce Chromebook, alors que le problème provient surtout du processeur, un Celeron N2830 dual-core (cadencé à 2,16 GHz) équipé d'une carte graphique Gen 7 d'Intel. Si le moteur n'est pas un foudre de guerre comme on l'a vu, il suffira sans doute aux utilisateurs qui se contentent de bureautique légère, écouter de la musique ou lire une vidéo sur YouTube. La présence du Wi-Fi 802.11ac, peu fréquent sur les Chromebook du marché, est un atout bienvenu dans un portable qui tire tout son intérêt de sa connexion au réseau.

Globalement, les performances n'ont rien d'exceptionnel, qu'il s'agisse donc des ralentissements observés ou des jeux. Par chance, le Chrome Web Store ne propose aucun titre réellement gourmand graphiquement parlant… et puis le jeu n'est pas forcément la fonction la plus recherchée sur les Chromebook.

OS X dans Chrome OS - Cliquer pour agrandir

La fonction Bureau à distance permet d'afficher sur le Chromebook l'écran du Mac, et d'en prendre le contrôle à distance. Là aussi, des ralentissements sont à prévoir sur le Chromebook, mais cela peut représenter un moyen de rendre l'ordinateur plus productif en utilisant un système d'exploitation un peu plus évolué que Chrome OS. Mais n'attendez pas du Chromebook qu'il se transforme en Mac low cost…

Le Chromebook intègre une sortie HDMI qui permet évidemment de connecter un téléviseur ou un moniteur; il devient possible d'afficher Chrome OS en mode étendu ou en recopie vidéo - on préfèrera le premier mode, la recopie vidéo n'ayant pas offert durant nos tests de résultats très probants : image déformée sur le moniteur et format 4/3 sur l'écran du portable, le tout sans réglages possibles.

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Le C200, tout comme ses comparses, est aussi compatible Chromecast; après une phase d'appariage qui fait regretter la simplicité d'utilisation d'AirPlay avec l'Apple TV et le téléchargement d'une extension pour Chrome, il est possible de « caster » un onglet ou une application (pas toutes : surveillez la présence de l'icône Chromecast). La qualité vidéo peut être en 720p ou plus, mais force est d'avouer que celle-ci ne nous a guère convaincus avec la présence d'artefacts et des textes aux contours flous. En revanche, les modes Bureau étendu ou recopie vidéo pointent aux abonnés absents, au contraire du Chromecast sur Mac où le module peut afficher une recopie vidéo.

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La liste des désagréments commence malheureusement à être un peu trop longue, mais on peut regretter aussi l'absence de pilotes d'imprimantes en natif. Il faut en passer par le nuage de Cloud Print, une technologie Google qui pour fonctionner parfaitement, nécessite une imprimante connectée à internet, ce qui n'est pas toujours le cas.

Un vrai bon point pour finir, concernant l'autonomie. Le C200 assure plutôt bien dans ce domaine. Lors de nos tests, nous avons pu utiliser le Chromebook un peu moins d'une dizaine d'heures sur une pleine charge, dans le cadre d'un usage normal (bureautique, consultation de films, quelques jeux), tout en étant bien entendu connecté au Wi-Fi. C'est plus que la plupart des concurrents sous Chrome OS, et un peu moins bien que les MacBook Air qui sont parmi les plus endurants de leur catégorie (lire : Test du MacBook Air 13" début 2014).

Pour conclure

Les Chromebook sont de drôles d'animaux informatiques. Leurs prix au ras du plancher en font des compagnons dignes d'intérêt pour un public d'étudiants qui n'ont pas forcément les moyens de s'offrir un MacBook Air, ou encore pour les employés d'entreprises qui utilisent des portails web métier. Il ne faudra pas, malgré tout, demander la Lune au C200 d'Asus : les performances moyennes le limiteront à des tâches bureautiques de base et à la navigation internet.

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De mon côté, j'ai trouvé l'expérience rafraîchissante : il est vrai qu'en utilisation nomade, je m'arrange toujours pour être couvert par le Wi-Fi, ce qui permet d'exploiter pleinement les possibilités offertes — et il est vrai que pour 200 € et malgré les quelques limitations matérielles, on se surprend à pouvoir effectuer sans difficulté bon nombre des tâches qu'on a l'habitude de réaliser sur un MacBook Air. C'est d'autant plus vrai si on a intégré sa routine au sein de l'écosystème de services Google.

Pour le prix demandé, on ne s'en tire donc pas trop mal avec des finitions pas désagréables, même si un effort sur l'écran aurait été apprécié. Quoi qu'il en soit, le C200 (et au delà, le concept même de Chromebook) ne cesse d'interroger sur sa pertinence et son bien fondé. L'appareil saura dépanner en servant de machine d'appoint, mais à moins d'être certain de sa couverture Wi-Fi, il est toujours difficile de le conseiller comme machine principale, surtout pour les débutants de la chose informatique auxquels les Chromebook se destinent pourtant.

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