Mark Zuckerberg reprend l’idée d’Elon Musk et lance un abonnement pour la vérification

Nicolas Furno |

Faire payer ses utilisateurs pour leur permettre d’obtenir un badge de vérification au lieu de réaliser soi-même le coûteux processus de vérification ? C’est l’idée d’Elon Musk avec la nouvelle formule d’abonnement Twitter Blue et c’est une idée qui n’est pas tombée dans l’oreille d’un sourd du côté de chez Meta. Mark Zuckerberg a en effet annoncé dimanche le lancement de « Meta Verified », un abonnement mensuel qui permettra lui aussi… de vérifier son identité et de l’afficher avec un badge bleu. Cette vérification sera visible dans Facebook et Instagram et elle coûtera à partir de 12 $ par mois, avec un lancement initial dans deux pays seulement.

Si cela ressemble fort à Twitter Blue, Meta semble souligner que le processus de vérification manuel ne disparaît pas. Un document d’identité officiel sera nécessaire au même nom que celui du compte1 pour activer l’abonnement et on imagine qu’il y aura des vérifications manuelles. L’objectif affiché étant de renforcer la sécurité des comptes par cette vérification qui doit aussi empêcher par la suite toute tentative d’imitation malveillante. En bonus également, l’accès à un service client spécifique qui devrait gérer les éventuels problèmes d’identité sur les services du géant américain des réseaux sociaux.

Montage MacGeneration.

La sécurité ne devrait pas être le seul bénéfice toutefois. Dans un article de blog publié par la suite, Meta évoque aussi une mise en avant des contenus des abonnés payants, notamment dans les résultats de recherche, ainsi que d’autres fonctions exclusives, sans donner de détails. Sur ce point, l’entreprise de Mark Zuckerberg semble suivre à la virgule près la stratégie de son concurrent à l’oiseau bleu, qui propose aussi de plus en plus de fonctionnalités à ses abonnés payants.

Tout cela, et le fameux badge bleu bien entendu, sera accessible d’abord en Nouvelle-Zélande et en Australie dès cette semaine, pour 11,99 $ par mois sur le web ou 14,99 $ via les apps iOS, en abonnement in-app. À comparer aux 8 et 11 $ respectivement demandés par Twitter pour son abonnement2, un tarif légèrement plus bas, mais il faut rappeler qu’il n’y a plus aucun processus de vérification systématique, si bien que n’importe qui peut afficher une « vérification » avec un nom qui n’est pas le sien. On verra si Meta fait mieux que Twitter sur ce point, mais puisqu’un document d’identité sera demandé, cela semble être le cas. Notez par ailleurs qu’il n’y a aucune promesse concernant l’arrivée de la fonction dans d’autres pays.

Mark Zuckerberg s’inspire en tout cas de la stratégie de son homologue milliardaire en demandant pour la première fois de l’argent à ses utilisateurs. Jusque-là, le processus de vérification proposé notamment sur Instagram était entièrement gratuit, mais Meta a peut-être changé d’avis face à ses baisses de revenus liées en partie aux politiques plus restrictives d’Apple sur le suivi des utilisateurs. Lancer un abonnement payant est probablement l’une des réponses apportées par l’entreprise pour maintenir ses revenus.

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De la même manière, Elon Musk compte sur Twitter Blue pour regonfler les comptes de son entreprise, même si le succès est loin d’être établi si l’on en croit les bruits de couloir. Au début du mois, The Information évoquait 180 000 abonnés payants aux États-Unis, soit à peine 0,2 % des utilisateurs du réseau social dans le pays. Pour tenter de convaincre, Twitter ajoute des fonctions, avec des messages plus longs, et en retire d’autres de la formule gratuite. En attendant la fin de l’API gratuite annoncée au début du mois et qui n’est toujours pas effective et a été repoussée encore une fois samedi dernier, ce sont les SMS en guise de deuxième facteur qui en ont fait les frais.

C’est aussi une annonce du week-end, même si l’article de blog qui officialise le changement semble avoir été antidaté au 15 février. À compter du 19 mars 2023, l’envoi d’un code de deuxième facteur par SMS ne sera plus disponible pour les utilisateurs gratuits de Twitter, seuls les abonnés Twitter Blue pourront encore utiliser cette fonctionnalité. Le réseau social a beau présenter ce changement comme une sécurité renforcée, cette distinction ne trompe personne et Elon Musk ne le cache même pas : il s’agit bien d’une mesure destinée à faire des économies et peut-être au passage engranger quelques abonnés payants de plus.

Le message qui s’affiche pour tous ceux qui avaient configuré les SMS en guise de deuxième facteur et qui ne paient pas pour Twitter Blue (tweet de @Julien_Jay).

Le patron parle d’une facture à 60 millions de dollars par an, liée notamment à des arnaques. De son point de vue, la restriction de cette fonctionnalité aux abonnés payants uniquement est une bonne idée pour limiter les pertes, mais c’est une très mauvaise idée en termes de sécurité. Certes, les SMS ne sont pas la meilleure option pour les facteurs de deuxième authentification et il est préférable d’utiliser un générateur sur vos appareils, que ce soit par le biais d’une app dédiée comme Authy ou d’un gestionnaire de mots de passe comme celui fourni par Apple avec iOS et macOS3. Néanmoins, mieux vaut un deuxième facteur par SMS que rien du tout.

Pour ne rien arranger, le message affiché par Twitter n’explique pas qu’une alternative est disponible et si les abonnés ne désactivent pas la fonctionnalité, l’entreprise annonce que l’accès au compte sera alors impossible. Les abonnés distraits devront-ils payer Twitter Blue pendant un mois pour recevoir un code par SMS et ensuite désactiver la fonctionnalité ? Cela promet une belle catastrophe, mais l’échéance est dans un mois, ce qui laisse bien assez de temps à Elon Musk pour changer d’avis dix fois et retarder le changement de quelques semaines supplémentaires…

Que ce soit du côté de Twitter ou Meta, il y a un grand gagnant dans l’affaire : Apple, qui récolte sa part sur tous les abonnements qui se font par les apps iOS. Les deux réseaux sociaux affichent des prix plus élevés pour compenser la perte liée à cette taxe de l’App Store, mais cela ne change rien pour l’entreprise pommée qui récupère toujours ses 30 ou 15 %.


  1. Le processus est pour le moment réservé aux individus de plus de 18 ans, les entreprises ne sont pas concernées. Une fois la vérification obtenue, le nom du compte peut être modifié si vous utilisez un pseudonyme sur les réseaux sociaux, sans repasser par le processus à chaque fois.  ↩︎

  2. Et 8 € en France, un tarif toujours affiché hors taxe depuis le lancement de Twitter Blue dans le pays, alors que c’est interdit…  ↩︎

  3. Vous trouverez dans cet autre article les explications pour activer le deuxième facteur de Twitter avec le trousseau iCloud.  ↩︎

avatar Furious Angel | 

@marc_os

C’est justement un des premiers problèmes qu’il y a eu avec Twitter blue, quelqu’un qui a usurpé Nintendo USA…

avatar Nicolas Furno | 

@marc_os

C’est assez simple : n’importe qui peut créer un compte avec n’importe quel nom, sauf s’il existe déjà sur le réseau (mais il suffit de la moindre variation pour créer un compte au nom extrêmement proche). Par la suite, cet individu peut activer Twitter Blue et sans aucune vérification, il devient « certifié ».

avatar marc_os | 

@ Nicolas Furno

> n’importe qui peut créer un compte avec n’importe quel nom

Certes, mais le moyen de payement n'est pas anonyme, non ?

avatar Nicolas Furno | 

@marc_os

Peu importe, ça n’entre pas du tout dans l’équation. C’est géré par un tiers d’ailleurs, ça m’étonnerait que Twitter ait accès aux données.

avatar marc_os | 

@ Nicolas Furno

> Peu importe, ça n’entre pas du tout dans l’équation

Vous en connaissez beaucoup des entreprises qui vendent des services en ligne et qui n'ont pas le nom de leur clients qui payent avec un moyen classique du type carte de crédit ? (Je veux bien croire que les crypto-monnaies si elles sont autorisées permettent de payer de manière anonyme, ce qui est cool pour le blanchiment d'argent par ailleurs, mais à priori ça doit rester une minorité.)

Tout ça pour dire que faire payer, cela revient en quelque sorte "valider" le client, dont on pourra retrouver la trace si besoin est, justement via son paiement.

avatar XiliX | 

@marc_os

"Certes, mais le moyen de payement n'est pas anonyme, non ?"

ça n'a absolument aucune importance.
Si tu veux tu peux utiliser le nom "Superman", ils ne vont pas vérifier si sur ta carte bancaire tu t'appelles bien "Superman"

avatar pagaupa | 

« Je ne crois pas qu’il existe suffisamment de gogos susceptibles de rendre cette opération rentable »
C’est beau d’avoir l’espoir 😂

avatar oomu | 

de la pub de la pub oui mais pour panzani!

avatar passingphantom | 

Le seul intérêt d'un abonnement comme ça aurait été de virer la pub. Mais, même pas. Donc, aucun intérêt pour moi.

avatar Ginger bread | 

La blague

avatar corben64 | 

Ou comment faire payer aux utilisateurs les choix plutôt critiquables du conseil d’administration…

avatar Arnaud33 | 

Si c’est gratuit c’est que c’est vous le produit … et si c’est payant aussi

avatar ratz | 

argent argent argent

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