Apple et Samsung : Steve Jobs, concurrence et concessions

Florian Innocente |
Les avocats d'Apple et de Samsung se sont retrouvés aujourd'hui en Australie. Premier point, l'interdiction de vente de la Galaxy Tab 10.1" a été prolongée jusqu'à la semaine prochaine, le temps pour la juge Annabelle Bennette de démêler l'écheveau des arguments de chaque partie et de décider si Samsung pourra lancer sa tablette dans le pays, avant le jugement sur le fond prévu fin 2011 ou début 2012. Son fabricant a déjà repoussé à plusieurs reprises cette sortie, prévue au départ le 11 août. La dernière échéance acceptée pour la mise sur le marché était celle du 30 septembre.

Richard Lutton, conseiller en chef pour les questions de propriété intellectuelle chez Apple, a révélé que les échanges entre Apple et Samsung autour des brevets avaient démarré à l'initiative de Steve Jobs en juillet 2010. Après avoir estimé que la gamme de smartphones Galaxy présentait des « ressemblances frappantes » avec l'iPhone, l'alors PDG d'Apple avait contacté directement le groupe coréen. Une bonne manière au vu des liens commerciaux importants et étroits qui liaient les deux entreprises et « pour leur donner une chance de se mettre en règle » a expliqué Lutton. Mais Jobs n'a pas participé aux réunions qui ont suivi. Une démarche au sommet qui n'a rien donné, pour preuve le lancement en septembre de la même année de la première Galaxy Tab en Allemagne et des autres matériels les mois suivants.

La plainte d'Apple en Australie portait à l'origine sur 13 brevets, le nombre a été depuis ramené à 5, et dans le lot, certaines fonctions ou demandes ont été retirées par l'un ou l'autre des protagonistes.

Samsung a supprimé un algorithme qui permettait à sa tablette de détecter si un contact tactile sur l'écran était ou non intentionnel (en vue de produire une action). « On peut vivre sans cette fonction votre Honneur, je vous avais dit que c'était trivial » a commenté David Catterns, l'avocat du groupe coréen.

Samsung a aussi ôté de la version australienne de sa tablette un effet de rebond dans l'animation produite par un zoom sur une icône ou un document. Une autre disparition - mais cette fois à l'initiative d'Apple - concerne le système de déverrouillage par un curseur que l'on déplace à l'écran (il avait été précédemment retoqué aux Pays-Bas).

Les tablettes australiennes vont également recevoir en façade la mention de leur fabricant, une manière de mieux les différencier de l'iPad. En effet, selon le pays, la Galaxy Tab 10.1" n'est pas toujours présentée avec le logo de Samsung sous l'écran (exemple ci-dessous avec le modèle américain qui en est dépourvu, il ne figure qu'au dos). Samsung a déclaré à Apple avoir procédé en tout à dix changements sur le modèle australien, dont sept relatifs à l'interface.

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Deux violations de brevets sont toujours citées par Apple. L'une sur le procédé de fabrication des écrans capacitifs de l'iPad 2 et que la nouvelle Galaxy Tab utiliserait aussi (on aura constaté que de gros progrès ont été obtenus entre les deux générations d'iPad quant à leur finesse). L'autre concerne la manière de corriger le déplacement du doigt de l'utilisateur sur l'écran lorsqu'il effectue un déplacement vertical.

Stephen Burley, l'avocat d'Apple, a défendu l'idée que Samsung essayait de repousser le plus tard possible un jugement sur le fond afin de faire lever l'injonction temporaire. Il a plaidé pour un maintien de l'interdiction des ventes en Australie, estimant que même une autorisation temporaire serait dommageable pour les ventes d'iPad « Elle [la Galaxy Tab] va être lancée sur le marché à la vitesse d'un cheval au galop, elle va prendre des ventes à l'iPad si rapidement que d'ici au jugement final, l'impact de ces violations de brevets se sera fait aux dépens d'Apple et au bénéfice de Samsung ».

Rob Small, le directeur marketing d'Apple Australie, a abondé dans ce sens « Une fois que des clients ont leur Galaxy Tab et qu'ils ont investi dans des apps pour cette tablette, nous les avons définitivement perdus pour d'autres applications, parce qu'ils deviennent des utilisateurs Android et qu'ils ne pourront utiliser leurs apps sur l'iPad. C'est cette vitalité qui sous-tend la réussite d'Apple qui peut être sapée par les violations de la Galaxy Tab». Selon IDC Apple a livré 420 000 iPad en Australie et en Nouvelle-Zélande (à majorité dans le premier) au second trimestre, le double du précédent.

David Catterns pour Samsung a lui plaidé le fait que les principaux concurrents de Samsung étaient les autres fabricants de tablettes Android plutôt que l'iPad. Que les clients choisiraient entre Android ou iOS, et que c'était le marché Android dans sa globalité qui essayait de mordre dans la part de marché majoritaire d'Apple en Australie.

« Les gens vont choisir de rester sur Apple parce qu'ils aiment Apple, le système d'exploitation, iTunes et ainsi de suite. Ou bien vous voulez un système complètement différent et vous allez du côté d'Android ». Ce à quoi son contradicteur, David Burley, a rétorqué que Samsung cherchait à relativiser l'influence de sa tablette pour échapper aux injonctions de la justice. Le groupe coréen, toujours selon Burley, allait marketer sa tablette en direction de l'iPad et d'ailleurs les tablettes d'autres fabricants Android comme Acer ou Motorola ne pesaient rien.

La juge Bennet a alors émis un constat “ Si je comprends bien, il y a du point de vue d'Apple une concession que Samsung va être un acteur redoutable sur le marché. L'objectif de la Galaxy Tab sera double - développer le marché Android et plus largement - dans un premier temps au moins - cela se fera aux dépens d'Apple ». La concurrence avec aux autres constructeurs Android n'étant que secondaire au départ.

Apple cherche à obtenir un jugement sur le fond au plus tôt pour écarter le risque de voir l'injonction levée ou que Samsung ne sorte des versions modifiées avant que ce jugement n'ait lieu. La juge, au vu de la réduction du nombre de brevets concernés, a laissé entendre que le mois de novembre serait envisageable pour ce procès.

Samsung pour sa part a déclaré qu'il avait besoin de temps, au moins jusqu'à l'année prochaine, pour ficeler son dossier. Il a aussi demandé que le maintien de l'injonction sur ses ventes, réclamé par Apple, soit rejeté.

Annabelle Bennet a précisé qu'elle ne donnerait sa décision que sur la Galaxy Tab 10.1" et aucun autre produit. Une nouvelle audience à propos de ce prolongement de l'interdiction des ventes est prévue à compter de la semaine prochaine.
avatar Jeckill13 | 
Non Samsung ne copie pas Apple la preuve http://www.revioo.com/news/apple-samsung-brevets-n16180.html
avatar aldry | 
@jeckill13, oui tu as a faire à un magasin de gd surface qui colle tout et n'importe quoi vraiment de la copie ça, oui tu as des connecteurs propriétaires si tu veux je t'envois celui de l'asus transfo c'est aussi la même forme. T'as pas à autre lien comme celui là perso je me suis bien marré.
avatar béber1 | 
Oui, sauf que là, il sagit d'une boutique Samsung en Italie. Faudrait que leurs cadres briefent leurs employés, des fois qu'ils ignoreraient les déméles de leur boite-employeur avec un des ses concurrents majeur... Asus copie Apple aussi, faut pas se leurrer surtout quand on voit ses ultrabooks, efilé vers l'avant à la manière d'un MBA. Ah oui, là où ils peuvent jouer, c'est sur les ports en plus et donc en nombre différent. Ben oui faut bien trouver de quoi attrapper le challand dans un marché où, encore une fois, Apple se taille la part du lion. Au point que Intel, qui veut protéger ses procs X86 face à la vague ARM est prêt à faire des concessions tarifaires pour encourager les fabricants de se lancer en masse sur ce marché "post pc" http://www.macbidouille.com/news/2011/09/30/intel-pret-a-de-nouvelles-concessions-pour-pousser-ses-partenaires-sur-le-marche-des-ultrabook
avatar aldry | 
tout a fait c'est une boutique samsung qui met des affiches apple-macCrado-windows-hp donc c'est juste comme on dit une boutique Italienne.
avatar béber1 | 
ça a l'air d'être pire que ça, une boutique à Catane en Sicile, semblet-il http://thenextweb.com/apple/2011/09/26/samsung-replaces-apple-icons-to-reduce-embarrassment-in-italian-store/ debrouille-toi
avatar oupsman | 
Marrant ça, je me suis encore fait cette réflexion cet après midi en allant acheter la carte SIM pour mon gamin : comment peut-on confondre un iPhone et un Samsung, à fortiori quand ils sont côte à côte : d'un coté, y'a une brique rectangulaire avec les coins arrondis et un bouton physique. De l'autre coté, y'a une brique rectangulaire avec les coins arrondis, un bouton physique et 2 boutons sensitifs, avec en plus "Samsung" d'écrit aussi gros que possible. Franchement, les histoires de gens qui achètent un SGS plutôt qu'un iPhone, c'est plus à chercher du coté des vendeurs qui sont dans ces cas là des arnaqueurs. Faut arrêter le psycotage ...
avatar béber1 | 
mon père (+ 70 ans) est du genre amateur de nouvelle technos, mais ignare total car sans base ou grille de connaissance aucune (pour lui c'est de la SF merveilleuse), donc prêt à repartir avec ce que le vendeur aura décidé de lui vendre. Y'a ma cousine aussi, et mes oncles et tantes dans leur ensemble, je ne vois que leurs enfants, la jeune génération donc, et un seul oncle dans ma famille pour avoir un choix net et définitif . Y'a peu, mon agente (+50) qui est pourtant sur Mac (pub)+iPhone qui me téléphone car on lui avait parlé de tablettes Samsung ( son agence orange sans doute) qui seraient bien plus pratiques pour ses presentations, la consultations de ses nombreux mail en déplacement (ce qui est vrai pour elle ) etc.. et qui me demandait mon avis... En fait, la majorité des gens ne sont pas des Macfans, ils veulent surtout avoir des appareils qui répondent à certains de leurs besoins, si tant est que, hors professionnels, ils aient des besoins numériques précis. Du moment qu'un bon vendeur leur fait une démo assez bluffante ou convaincante à leur yeux, que ce soit Apple Samsung ou autre, ils repartent avec. Avec un plus dans la balance pour les tablettes moins chères, car c'est evidemment un critère qui entre en ligne de jeu, et toute la panoplie du "plus-pour-moins-cher" du monde PC dominant, avec les multiples ports SD, USB, HDMI etc, etc... qui ajouteront autant d'arguments au halo technologique
avatar grav | 
prendre un SGS pour un 3GS ? Au début de l'iPhone, sans doute (mais le SGS n'existait pas). Maintenent, j'y crois pas trop, simplement à cause de la pénétration et de la couverture méadiatique accordée à Apple. D'ailleurs ça répond ce que je pense de ces histoires de brevets: de la merde. Apple est le meilleur, loin devant, jouit d'une trés bonne côté, et contrairement aux marchés du luxe qui sont 'facilement' copiables, n'est pas trop exposé. Bref, la sélection se fait en laissant les concurrents rattraper la génération précédente, pas en passant par la case justice (ce que je peux comprendre, mais ce que je trouve être une erreur).

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