Nio apporte en Europe ses stations d’échange pour les batteries de ses voitures

Nicolas Furno |

Les voitures électriques sont viables au quotidien, mais il reste un défi à relever : plus que l’autonomie insuffisante, c’est du côté de la charge qu’il peut encore y avoir des problèmes. En particulier, sa lenteur par rapport à un plein d’essence est souvent pointée du doigt et c’est pour répondre à cette critique qu’une idée a émergé. Au lieu de charger la batterie, pourquoi ne pas l’échanger contre une autre qui serait déjà pleine à votre arrivée à la station de charge ?

Le constructeur chinois NIO est probablement celui qui a le plus avancé dans ce domaine. L’entreprise a installé dans son pays plus de 500 stations d’échange de batteries et son parc automobile qui approche les 150 000 véhicules vendus avait réalisé plus de 4 millions d’échanges en octobre. Ce modèle n’est pas limité à son marché toutefois, comme en témoigne l’installation d’une première station similaire en Norvège, où NIO vend son SUV ES8 depuis l’automne. À terme, ce pays en avance sur l’électrification automobile devrait compter une vingtaine de stations d’échange.

NIO promet que le remplacement de la batterie prend moins de cinq minutes. La batterie étant le composant le plus lourd, mais aussi le plus dangereux et accessoirement le plus cher de la voiture, tout est automatisé. Le véhicule entre automatiquement dans la station pour se positionner au bon endroit, puis un robot vient dévisser la batterie en place pour la stocker dans sa réserve, en prend une nouvelle chargée et la visse à la place de l’ancienne. Le conducteur peut alors repartir sur sa route.

C’est une idée intéressante, que plusieurs constructeurs avaient envisagé avant de l’abandonner. En particulier, Tesla avait considéré pendant un temps suivre cette stratégie d’échange rapide, avant de parier sur une augmentation de l’autonomie et sur son réseau de superchargeurs qui tendent à réduire la durée de charge (en général inférieure à 30 minutes sur un long trajet). Il faut dire que si l’échange des batteries résout un problème réel pour les conducteurs, il en pose d’autres pour le constructeur.

Le stockage en est un : il faut un espace suffisant pour conserver les batteries échangées et il faut les charger suffisamment rapidement pour que les conducteurs suivants puissent bénéficier d’une batterie pleine. NIO a prévu 14 emplacements, dont un reste toujours vide pour accueillir une nouvelle batterie. Si une station est trop sollicitée, on pourrait vite arriver à une situation où il ne reste que des batteries vides, générant un temps d’attente au moins aussi long qu’une station de charge traditionnelle.

Autre défaut, le constructeur doit s’en tenir à un format de batterie fixe pour tous ses modèles sur plusieurs générations. Ce n’est pas gênant quand on a un catalogue réduit comme l’est celui de NIO, mais la batterie actuelle ne conviendrait pas à une citadine, pour ne donner qu’un exemple. Par ailleurs, le pack de batterie est nécessairement alourdi et offre une densité moindre, surtout par rapport à un pack structurel comme celui que Tesla compte installer dans ses véhicules.

Une station d’échange de batterie au fond, les deux bornes pour la charge domestique et rapide à gauche (image NIO).

Toutefois, le plus gros avantage de cette approche est d’acheter une voiture sans batterie, avec une offre de location qui peut varier selon les besoins des clients. Comme Renault avait tenté avec sa Zoe, mais sans possibilité d’échanger la batterie, NIO propose ainsi à ses clients de réduire leur facture et cela fonctionne, puisque plus d’une commande sur neuf en Norvège a opté pour la location. À titre d’exemple, l’achat complet d’une ES8 débute autour de 61 000 € avec une batterie de 75 kWh, tandis que l’achat avec location est proposé à 52 000 € avec un abonnement à 140 € par mois.

Cette solution ne remplacera jamais les stations de charge traditionnelles, ne serait-ce qu’en raison du coût nécessaire pour installer une station d’échange par rapport à une simple borne. Il ne faut pas oublier dans le coût celui de la production de batteries supplémentaires pour remplir chaque station : NIO doit produire davantage de batteries qu’il ne vend de voitures pour que son modèle fonctionne. Mais peut-être que cette idée sera un bon complément à la charge classique, qui reste disponible, le connecteur standard CCS permettant toujours à l’ES8 de se charger n’importe où en Europe.

Après la Norvège, le prochain marché pour NIO devrait être l’Allemagne, où le constructeur espère vendre l’ET7, une berline de luxe cette fois, à partir de la fin de l’année 2022.

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avatar marc_os | 

@ moua

> Rien de geek dans tout ça,

Non, en effet, juste du marketing lamentable - comme toujours.
Faut mettre des mots anglais pour faire moderne.

avatar pagaupa | 

Encore faut-il que toutes les voitures soient conçues pour cet échange rapide de batterie... j’ai comme un doute !

avatar dujarrier | 

Je ne suis pas convaincu qu’au vu des possibilités techniques actuelles et surtout des progrès à venir sur la période 2020-2030 sur l’amélioration de la puissance de recharge supportée par les batteries, que en 2021, utiliser (allouer) de très fortes sommes d’argent a l’installation de station d’echange de batteries soient une bonne utilisation de cette somme d’argent :

1. Il existe déjà en Europe des stations Ionity avec 800V / 350kW qui reduise fortement le temps de charge (ex: Hyundai Ioniq 5 qui peut recharger de 0% à 80% en moins de 20mn)

2. Il existe déjà en Chine des prototype de borne à 480kW (moins de 12mn pour recharger la plupart des packs batterie actuels de 0% à 80%)

3. Au fur et a mesure que ces chargeurs et batteries se developperont, l’echange de batterie ne fera plus vraiment sens, et du coup tout l’argent depensé dans ces stations sera de l’argent en pure perte, contrairement a de l’argenr depensé dans une station / borne de recharge rapide qui sera toujours utile même à l’avenir… (donc a toujours une utilité et valeur residuelle)

avatar pocketalex | 

Une batterie amovible pour les véhicules particuliers ... c'est une énorme connerie

La station de remplacement est d'une complexité pas possible car les batteries de voitures sont immanipulables (lourd, dangereux, etc) et un particulier peut être amener à se recharger, donc changer sa batterie, n'importe ou, n'importe quand, comme pour faire un plein d'essence. La solution : multiplier les stations partout pour avoir une "offre" de recharge/remplacement crédible ... ce n'est pas possible, en tout cas pas souhaitable

En revanche, pour un véhicule qui fait le même trajet tous les jours, d'un point A à un point B puis retour au point A, et qui bénéficie d'un service de maintenance, donc de personnes formées à la manipulation des batteries ... cette solution est une évidence

Je pense notamment aux Bus des villes, des véhicules parfaitement adaptés aux batteries amovibles (mais on m'a expliqué que ce n'était pas le cas ... dommage)

Là, oui, mais pour les particuliers...non

avatar MGA | 

@pocketalex

L’investissement dans une station d’échange de batterie dans chaque dépôt de bus serait énorme. Une batterie de bus ce n’est pas 250 à 300 kg, c’est dangereux, les systèmes mécaniques des stations sont pointus avec une fiabilité certainement incompatible avec la nécessité de continuité de service. Si pour les véhicules individuels c’est très discutable il y a peut-être de la place pour l’hydrogène pour les bus, les trains sur les lignes non électrifiées, (les avions ?…), mais encore faut il que la fabrication de l’hydrogène soit optimisée.

avatar iPop | 

@MGA

Avant les bus utilisaient un système de batterie à volant.
Les Lobby ont certainement tout fait pour l’enterrer.

avatar marc_os | 

@ iPop

Oui, mais...
https://www.revolution-energetique.com/revterra-reinvente-le-stockage-denergie-par-volant-dinertie-a-haut-rendement/

De plus, je vois mal un véhicule par définition en mouvement embarquer un énorme (en taille ou en poids) volant d'inertie. En effet, il ne faut pas oublier l'effet gyroscopique associé à tout objet en rotation qui "veut" conserver en permanence l'orientation de son axe de rotation...

avatar Almux | 

Fractionner "la" batterie en plusieurs modules interconnectables par fiches (plug and run).
Créer un système de remplacement des modules de batterie par glissement sur rails.
• 1 module pour citadine
• 2 modules pour une routière entrée de game
• 3 modules pour plus d'autonomie
• 4 et plus pour les utilitaires

avatar max intosh | 

Montpellier Paris, 4 arrêts de 20 mn en moyenne, parfait pour prendre un café, se dégourdir les jambes et toilettes éventuelles. Moins fatigué a l’arrivée qu’avec mon ex auto même si elle ne nécessitait que 2 arrêts.

avatar MGA | 

@max intosh

Je roule en électrique depuis plus de 2 ans mais pour 800km, m’arrêter près d’une heure en plus, je ne l’imagine même pas.

avatar jeantro | 

@max intosh

C’est la qu’on voit que les moteurs thermiques ont de beaux jours devant eux pour les long trajets. 4 arrêt pour seulement 750km 😳. L’électrique c’est juste bon pour les petits trajets en ville pour le moment, la route pour une autonomie descente est encore loin

avatar Appl'Z | 

Alternative simple et plus bas carbone que ces chars (d'assaut) à batterie, une petite batterie (~20 kWh) pour les trajets du quotidien + petit un moteur efficace d'une 40aine de CH marchant à l'E85 voir E100 servant de groupe électrogène pour les vacances ou grands déplacements exceptionnels.

avatar claude72 | 

@ Appl'Z

C'est le principe d'une hybride rechargeable (genre Toyota Prius) : 25 à 50 km d'autonomie électrique pour le quotidien, rechargeable sur une prise de courant 240 V ou une borne, et le moteur thermique en cas de besoin de trajet plus long (plus ou moins imprévu, genre aller boire un coup après le boulot chez un pote qui habite à la campagne) ou un trajet planifié et beaucoup plus long.

Perso c'est un système qui me plaît assez, et je pense que si un jour j'achete une voiture neuve ou chère c'est ce que je prendrai…

… mais certains te diront que c'est une abération, car ce système traîne constamment des poids morts :
- pour les trajets au quotidien en électrique les 100-150 kg du moteur thermique et de son alternateur inutiles sont un poids mort,
- et pour l'utilisation moyens/longs trajets avec le moteur thermique en mode hybride la batterie de 20 kWh devient un poids mort.

Ceci dit, ça se discute : un système hybride série/parallèle comme celui de la Prius a besoin d'une batterie en tampon : une Prius normale (c'est à dire pas "plug-in") se contente de 2 ou 3 kWh… mais des Californiens ont fait l'expérience de multiplier par environ 10 la capacité de cette batterie tampon et ont ainsi réussi à diminuer encore un peu la consommation, simplement parceque cette batterie plus grosse permet une meilleure récupération d'énergie, notamment lors des décélérations.
http://calcars.org/

avatar Mac13 | 

Ce serait pratique pour les stations autoroutières et c'est logique là dessus qui va avec les coûts plus élevés...

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