Synology, une marque qui a longtemps été mise en avant par certains utilisateurs avancés (ceux que l'on appelle parfois les prosumers), semble bien s'éloigner de plus en plus de ce domaine. Les derniers NAS de la marque ciblent essentiellement les professionnels — même si quelques références visent le grand public comme les BeeStation — avec des choix parfois contestés. Le plus évident est bien évidemment les restrictions mises en place sur les disques durs : les NAS de dernière génération n'acceptent que les disques durs de la marque. Mais ce n'est pas la seule : comme prévu depuis un moment, les derniers modèles de NAS limitent les possibilités de transcodage pour la vidéo, ce qui nécessite quelques explications.

Certains codecs vidéo, comme le HEVC (H.265, porté par l'entreprise MPEG LA), nécessitent de payer une licence pour décoder et encoder. Dans la majorité des cas, cette licence est payée par le fabricant de votre ordinateur, smartphone, TV, etc. Mais Synology a décidé que cette licence (qui est de l'ordre de 0,2 $ par appareil pour le HEVC) était inutile pour le HEVC, l'AVC (H.264) et le VC-1 (un codec Microsoft, peu employé). La firme considère que comme les appareils qui vont lire du contenu sur un NAS disposent de la licence idoine, elle est inutile sur les NAS. Mais ce raisonnement à un défaut : le transcodage.
De nombreux utilisateurs grand public emploient en effet leur NAS pour stocker et distribuer des vidéos, par exemple avec Plex. Et une des fonctions de Plex, très pratique, est la possibilité de transcoder de la vidéo. Imaginez : vous avez une vidéo de famille (😉) filmée en 4K avec un débit élevé sur votre NAS. Par défaut, elle n'est pas nécessairement lisible depuis un vieux téléviseur, un smartphone, une tablette, etc. Et surtout, elle n'est pas nécessairement adaptée à l'écran de l'appareil. Le transcodage consiste donc à encoder à la volée la vidéo dans un format plus adapté, ce qui permet aussi de lire à distance un contenu stocké sur un NAS avec une connexion à Internet limitée. Ce transcodage repose souvent sur une fonction intégrée dans une partie des processeurs du marché : un encodeur vidéo. Il permet d'effectuer la tâche sur un composant dédié, intégré dans le processeur. Cet encodeur consomme peu d'énergie et est suffisamment rapide pour effectuer les calculs en temps réel, et c'est par exemple ce qu'Apple utilise pour AirPlay.

Et cet encodeur vidéo, il dépend directement de la présence de la licence associée aux différents codecs, étant donné que le transcodage consiste à décoder puis encoder sur le NAS. De façon très concrète, les NAS DS225+ et DS445+ intègrent un processeur Intel (l'antique Celeron J4125) qui peut effectuer ce transcodage matériellement sur de nombreux codecs et il le fait parfaitement dans les générations précédentes de NAS Synology. Mais dans les nouveaux modèles, le pilote nécessaire a été désactivé explicitement par Synology, faute de licence.
Le résultat est simple : en l'absence de transcodage matériel, il est toujours possible d'effectuer les calculs de façon logicielle, mais avec une efficacité plus faible. Le processeur Celeron n'est pas nécessairement assez puissant pour effectuer ce transcodage dans tous les cas, et même quand il l'est, il consomme beaucoup plus d’énergie pour cette tâche. Bien évidemment, certains utilisateurs ont déjà mis en place des hacks pour réactiver ce transcodage matériel, mais c'est une violation du contrat de licence des codecs. Synology pourrait évidemment permettre aux utilisateurs de payer la licence1, mais ce n'est pas la voie choisie par la marque. Actuellement, le choix est assez simple : si votre usage d'un NAS Synology repose sur le transcodage pour la diffusion de vidéos, il vaut mieux éviter les DS225+ et DS425+, plus limités que leurs prédécesseurs sur ce point.

Test du Synology DS925+ : ça passe ou ça NAS
Nous n'avons pas parlé de ce problème dans notre test du Synology DS925+ pour une bonne raison : ce NAS haut de gamme intègre un processeur AMD Ryzen V1500B qui n'intègre pas d'encodeur vidéo. Il faut aussi noter que les NAS Beestation restent bien compatibles avec le transcodage (Synology a probablement payé la licence pour cette gamme) et que — comme expliqué au début —, Synology n'a pas pris ses clients par surprise. L'abandon de la prise en charge des codecs a été annoncé de longue date, même si les conséquences n'étaient pas nécessairement claires pour tout le monde.

Test de la BeeStation Plus : le NAS pour ceux qui ne veulent pas de NAS
-
Archos, il y a quelques années, le faisait. De même, l'accélération du VC1 est payante avec les cartes Raspberry Pi. ↩︎