Alors que la Commission européenne et Apple se battent dans un duel à fleurets de moins en moins mouchetés depuis maintenant plusieurs mois, Google était jusqu’à présent restée relativement discrète sur le sujet du DMA, bien qu’elle ait effectué une vingtaine de modifications sur ses services depuis son entrée en application le 6 mars 2024.

Consciente de la nécessité d’améliorer certains aspects (après tout aucune règlementation, surtout aussi complexe, ne peut satisfaire toutes les parties impliquées), la Commission européenne a lancé une consultation sur l’impact du DMA, à laquelle les entreprises ou même n’importe quel citoyen de l’Union européenne avait le droit de répondre jusqu’au 24 septembre 2025. Cette consultation donnera lieu à un rapport avant le 3 mai 2026.
Apple a répondu de manière publique à cette consultation, avec les réactions que l’on connaît de la part de la Commission européenne. Il faut dire que les deux parties, même si elles soignent (de moins en moins) les apparences, sont en conflit ouvert depuis l’idée même du DMA. Mais petite surprise du jour, Google a aussi rendu publique sa réponse à la Commission.

DMA : la Commission européenne répond à Apple, et ne lâche rien
Si la firme de Mountain View est moins acerbe sur le sujet, ce n’est pas pour autant qu’elle le porte aux nues : plus gros grief de l’entreprise, les restrictions sur les publicités dans Google Search, lui interdisant d’utiliser ses propres services pour faire la publicité de lieux de tourisme et autres compagnies aériennes. Résultat selon Google : le trafic de réservation en direct par Google Search en UE concernant les voyages a chuté de 30 %. Mais l’entreprise n’est pas la seule touchée selon une étude (certes commandée par le CCIA, regroupant les GAFAM et d’autres grosses entreprises du secteur informatique) : l'économie européenne pourrait perdre jusqu’à 114 milliards d’euros de revenus du fait du DMA.
Pour expliquer ce phénomène, l’entreprise rappelle que son système n’engendre aucun surcoût, contrairement aux intermédiaires qui ont pris sa place, prenant un pourcentage sur chaque réservation. Mais ce n’est pas le seul grief de Google envers le DMA.
En effet, tout comme Apple, Google accuse la règlementation en vigueur en UE d’affaiblir les défenses de son système Android face aux attaques et autres spams qui pourraient s’en prendre aux utilisateurs. Sur ce point, Google en profite pour « balancer » son camarade, indiquant que « Android est ouvert par design, permettant aux utilisateurs de télécharger des apps depuis d’autres sources (connu sous le nom de « sideloading »). De plus, la plupart des appareils viennent avec plusieurs App Stores préinstallés. Cette ouverture qui a permis l’innovation et le choix dans toute l’UE est maintenant menacée par le DMA ».
Pour finir, Google s’inquiète d’une législation qu’elle trouve trop floue, et trop incertaine : selon elle, il est bien plus difficile d’innover et de proposer de nouveaux produits en UE, du fait du DMA. De la même manière qu’Apple pour plusieurs fonctions de ses appareils, Google indique avoir retardé l’arrivée de certaines nouveautés sur son IA de près d’un an par rapport au reste du monde, du fait de l’incertitude et de la multitude de couches réglementaires à traverser.
Si Google reste moins acide dans ses propos qu’Apple, elle n’en appelle pas moins à un « reset » du DMA, souhaitant une législation à venir « tournée vers l’utilisateur, basée sur des faits, constante et claire », et un DMA qui « améliore les marchés numériques, plutôt que de détériorer la sécurité, l’intégrité, la qualité et l’utilité de ceux-ci ».

DMA : Apple explique pourquoi l'iPhone est privé de certaines nouveautés
L’UE étant une grosse machine, il ne faut dans tous les cas pas s’attendre à une réponse législative dans les semaines à venir : nous compterons plutôt en mois. Mais dans quel sens ira-t-elle ? Écoutera-t-elle les appels de Google et Apple, ou continuera-t-elle dans la voie qu’elle a pris depuis le début du projet DMA il y a maintenant quasiment 5 ans ? Premiers éléments de réponse d’ici le mois de mai...