Le supercalculateur Aurora atteint 2 exaflops de puissance avec des CPU et GPU Intel

Pierre Dandumont |

Le supercalculateur Aurora, annoncé en 2015, est enfin en place. Issu d'un partenariat entre Intel et l'Argonne National Laboratory (situé à Lemon dans l'Illinois), il offre une puissance de deux exaflops, soit deux millions de téraflops (ou 2 000 000 000 000 000 000 flops).

Image Intel.

Pour parler (gros) chiffres, le supercalculateur est composé de 10 624 lames (c'est-à-dire les serveurs eux-mêmes) qui contiennent chacune deux processeurs Xeon Max. Ces processeurs de dernières générations (Sapphire Rapids) contiennent 56 cœurs Golden Cove (ceux des Core de 12e génération) couplés à une puce de 64 Go de mémoire HBM2E très rapide. Pour les GPU, chaque lame intègre six GPU Ponte Vecchio, la version professionnelle des cartes de la famille Arc. L'ensemble monte à pratiquement 1,2 million de cœurs CPU, 1,36 Po de mémoire HBM2E et un peu moins de 20 Po de mémoire DDR5 (partagée entre CPU et GPU). Les GPU, eux, disposent de 8,16 Po de mémoire HBME2, ce qui implique qu'il s'agit probablement de la variante la plus rapide du GPU, dotée de 128 unités. L'espace de stockage, entièrement à base de mémoire flash, atteint 220 Po de capacité pour un débit de l'ordre de 31 To/s.

Cette débauche de puissance devrait permettre au supercalculateur de prendre la première place dans le Top 500, mais probablement avec une consommation extrêmement élevée. Elle est estimée à 60 mégawatts, alors que le supercalculateur le plus puissant actuel est annoncé à 22 mégawatts. En effet, les TDP des différents composants sont très élevés chez Intel : sans prendre en compte le refroidissement et les différents composants annexes, chaque lame contient deux CPU avec un TDP de 350 W et six GPU avec un TDP de 600 W.

Image Intel

Le supercalculateur aura plusieurs usages, de la simulation de réactions nucléaires aux travaux liés à la médecine ou à la recherche en aérodynamiques. Mais il pourra aussi être employé pour une tâche très à la mode gérer un métavers générer des NFT via la Blockchain entraîner des systèmes neuronaux pour des calculs liés aux IA.

À l'origine, le supercalculateur devait intégrer des Xeon Phi, une architecture abandonnée par Intel. Ce type de Xeon intégrait des dizaines de cœurs Atom (jusqu'à 72) pour offrir une grande puissance de calcul malgré des performances par cœur assez faibles. Enfin, il serait intéressant de voir si Apple peut réitérer son exploit de 2003 : à l'époque, un supercalculateur composé de 1 100 Power Mac G5 — Big Mac — avait réussi à prendre la 3e place du classement des meilleurs supercalculateurs. Et un système basé sur des puces Apple Silicon pourrait tirer son épingle du jeu sur l'efficacité énergétique.

Le Big Mac mis à jour avec des Xserve (Christopher Bowns, CC BY-SA 2.0)
avatar powergeek | 

@Mikado Fraise

Le supercalculateur aura plusieurs usages, de la simulation de réactions nucléaires aux travaux liés à la médecine ou à la recherche en aérodynamiques.

avatar Mikado Fraise | 

@powergeek

Ah ouai. C’est du lourd. Merci pour la réponse.

avatar fte | 

@Mikado Fraise

"Il sert à quoi ce calculateur ?"

Tu es trop sérieux. Tu sors. Ouste !

avatar Mikado Fraise | 

@fte

Je sors.

avatar mimolette51 | 

Moi j'en utilise tout les jours (bon il est plus petit ^^) pour des simulations moléculaires ou du deep learning. Avec un machin comme ca, tu entraines chatGPT en quelques minutes ;)

avatar Mac1978 | 

@Pierre Dandumont

Quel est l’OS ? Une variante de Linux inconnue ?

avatar pocketalex | 

@Mac1978

ça tourne sous TOS et l'interface graphique est GEM

avatar Mac1978 | 

@pocketalex

J’ai trouvé « Recently, Argonne National Laboratory and DOE announced the first exascale Cray supercomputer to be built in the U.S. It will run Cray Linux Environment, a derivative of SUSE Linux Enterprise High Performance Computing. »

avatar pocketalex | 

@Mac1978

👍🏻

(et merci d'avoir apporté une réponse sérieuse après ma vanne pourrie)

avatar occam | 

@Mac1978

À l’heure de ce post, toute recherche actualisée comportant les termes aurora, argonne, intel, hpe, exascale, avec l’adjonction obligatoire de “operating system” s’avère vexante. C’est comme si on avait tout fait pour esquiver la question de l’OS.

Néanmoins, d’éventuels indices existent. L’architecture d’Aurora est basée sur HPE Cray EX (“Shasta”).
L’OS préconisé pour cette architecture est HPE Cray OS. Cet OS est déjà opérationnel sur l’autre HPE Exascale, Frontier, installé au laboratoire d’Oak Ridge ; 1.194 exaFLOPS ; AMD Epyc / Radeon Instinct. Un autre HPE Exascale, utilisant également des AMD/Instinct, est prévu pour le laboratoire Lawrence Livermore. Il dépassera 2 exaFLOPS, son OS annoncé est encore une fois HPE Cray OS.

HPE Cray indique que la base de son OS est SUSE Linux Enterprise Server 15.

https://www.hpe.com/psnow/doc/PSN1012842044LVEN

Pour la petite histoire, quelqu’un chez HPE (ou au DoE) semble se moquer sèchement d’Apple : l’Exascale de Lawrence Livermore a pour nom de code El Capitan ; il y remplacera l’actuel super-engin IBM/Nvidia, nom de code Sierra
Sachant les régressions de macOS, c’est pas mal visé.

avatar mimolette51 | 

Je ne sais même pas s'il y autre chose que du custom linux dans le top 500.

avatar Mac1978 | 

Le BigMac, c’est beau comparé à la lignée de câbles Intel 😜

avatar frazyel | 

Dire que mon premier "serveur" maison c'étais un pentium 4 avec 1 Go de RAM et quatre disque SCSI Ultra 320 en Raid (Je sais plus la capacité de chaque HDD mais c'étais pas fou-fou) 😅🥲 #jesuisvieux

avatar mabo68 | 

… et dans 20 ans, toute cette puissance sera intégrée dans un iPhone …

avatar Khrys | 

@mabo68

J'y pensais aussi! Il y a 60 ans, les premiers calculateurs ressemblaient un peu à ça! Aujourd'hui, cette puissance de calcul de l'époque tient dans une Apple Watch! 😅

avatar claude72 | 

Et dans quelques années, quand il sera devenu complètement obsolète, il pourra être recyclé pour miner des cryptomonnaies ?

avatar occam | 

@claude72

"quand il sera devenu complètement obsolète, il pourra être recyclé pour miner des cryptomonnaies ?"

La durée moyenne d’utilisation d’un super-ordi est d’environ cinq ans.
Après, soit il part à la casse, les matériaux étant recyclés, un peu comme un hyper-iPhone.
https://insidehpc.com/2020/02/how-the-titan-supercomputer-was-recycled/
https://spectrum.ieee.org/disposable-supercomputers
Soit, et c’est plus rare, le matériel est réutilisé, mais l’article souligne les difficultés d’entretien et de mise en œuvre :
https://www.ciotechoutlook.com/magazine/Repurposing-Supercomputers--What-happens-on-“The-Other-Side”-QODA446350708.html

avatar claude72 | 

Merci occam pour cette réponse.

Effectivement, entre l'obsolescence "naturelle" du matériel informatique, la consommation prohibitive d'électricité d'un matériel ancien par rapport à sa puissance de calcul "restante", le manque de pièce de rechange, et la tendance naturelle du capitalisme à préférer détruire plutôt que de donner, la destruction est la solution la plus pratique.

Je ne suis pas naïf et je connais bien les principes de base du capitalisme, mais je pensais quand-même que des engins aussi puissants avaient systématiquement une 2e vie : je ne les imaginais pas forcément rester entiers, mais au moins être fractionnés et ré-installés en plus petits assemblages, comme le décrit ton 3e article, pour des usages demandant moins de puissance et/ou pour aider des structures qui n'ont pas les moyens d'avoir du neuf et avec une partie des éléments soigneusement stockés pour fournir des pièces de rechange.
(Donc en fait je suis quand-même encore un peu naïf !!!)

avatar fte | 

@claude72

"et la tendance naturelle du capitalisme à préférer détruire plutôt que de donner,"

C’est juste que donner porte dans l’esprit du grand public une étiquette de gratuité, mais rien n’est gratuit en vérité, et donner est coûteux tant pour le donneur que pour le récipiendaire, sans parler des questions comptables et fiscales.

Le capitalisme préfère ce qui coûte le moins cher.

avatar claude72 | 

@ fte

(...)
Le capitalisme préfère ce qui coûte le moins cher.

Je sais bien, mon paternel m'avait expliqué tout ça quand j'avais 10 ans... c'est pourquoi j'avais commencé mon post par "Je ne suis pas naïf et je connais bien les principes de base du capitalisme..."

Ceci dit, il y a quand-même des domaines dans lesquels la récupération + remise en état + revente à bas prix s'organise, pas forcément officiellement, et résiste aux lois du capitalisme sauvage, alors je pensais que malgré tout il aurait pu exister des filières de récup pour ce genre de matériel, par exemple par le biais d'associations caritatives ou de groupes de passionnés ?

"Le travail nécessaire à son démantèlement et préparation pour revente des lames individuelles ou en grappe est sans doute plus coûteux que les gains qu’on peut en tirer,"
J'aurais plutôt pensé à une revente par "armoire" complète, genre un lot de 2 (ou 3) : une (ou 2) pour fonctionner, l'autre pour les pièces de rechange... ce qui aurait en plus l'avantage de réduire le travail de démantèlement.
Après, je suis d'accord, le problème d'effacer les données et d'organiser la vente reste entier.

avatar marc_os | 

@ claude72

> Je ne suis pas naïf et je connais bien les principes de base du capitalisme, mais je pensais quand-même que des engins aussi puissants avaient systématiquement une 2e vie

Non, pas nécessairement.
Et je ne suis pas sûr que soit directement lié au système capitaliste.
C'est en fait un problème de gestion d'entreprise: Comptabilité plus... conscience personnelle des décideurs. En effet, tout matériel acheté par une entreprise doit être « amorti » (cf. amortisement comptable). Une fois amorti au bout de quelques années, le matériel est considéré comme "ne coutant plus rien" — à part les frais d'entretien éventuels.
Donc, quand du matériel devient obsolète et inadéquat aux besoins de l'entreprise, il est remplacé une fois qu'il est amorti sur le plan comptable. On peut acheter quelque chose d'adapté aux nouveaux besoins.
Que se passe-t-il alors avec le matériel obsolète ?
L'entreprise peut le donner ou le revendre à tarif très réduit à des associations ou même aux salariés.
Et bien dans ma boite... il dort, tellement longtemps qu'il n'est pas obsolète uniquement pour nous, mais également pour tout le monde, le rendant ainsi invendable sur le marché de l'occasion. Cf. des écrans... Formac !
Comme pour tout, tant qu'il n'y aura pas de loi pour obliger les entreprises à recycler leur matériel amorti, tant que les bonnes pratiques se feront de façon volontaire uniquement, cette situation n'est pas prête de changer.
Et c'est là le lien avec le capitalisme : Le côté immoral. Quand on a le droit de "voler" légalement une partie des salaires pour engraisser des actionnaires, on est près à bien des écarts vis à vis de la moralité en général, et c'est AMHA la raison première à tous les scandales qui émaillent le capitalisme à tous les niveaux.

avatar fte | 

@claude72

"Et dans quelques années, quand il sera devenu complètement obsolète, il pourra être recyclé pour miner des cryptomonnaies ?"

Le travail nécessaire à son démantèlement et préparation pour revente des lames individuelles ou en grappe est sans doute plus coûteux que les gains qu’on peut en tirer, donc sans intérêt financier. L’écologie est rarement un paramètre pris en compte sur ce genre d’opérations.

On pourrait dans un monde idéal imaginer un don à des écoles d’ingénieurs ou universités, mais qui ferait le boulot ? Faire portes ouvertes et venez vous servir ? Alors que possiblement la chose contient encore des exabytes de données confidentielles ? Alors que le bâtiment est sans doute à haute sécurité ? On en revient au paragraphe précédent…

Ça va plutôt passer au broyeur.

avatar occam | 

@fte

"imaginer un don à des écoles d’ingénieurs ou universités, mais qui ferait le boulot ?"

Exactement.
Sauf à planifier ce genre d’afterlife dès la conception du super-bidule, un tel don risquerait de créer plus de problèmes qu’il n’en résoudrait.
Il est beaucoup plus instructif de commencer par le bas, bottom-up, que d’avoir à gérer soudainement une machine hyper-musclée qui demande un tout autre niveau de compétence et d’organisation.
(Exemple personnel, j’ai beaucoup plus appris en formant mon premier cluster Beowulf, ridiculement modeste, qu’en obtenant une petite fenêtre d’accès au Cray mis en veilleuse à l’ETHZ avant sa mise au rancart.)

avatar marc_os | 

@ occam

> Sauf à planifier ce genre d’afterlife dès la conception du super-bidule

C'est comme dans le nucléaire.
On nous a vendu du nucléaire pas cher, fournissant l'électricité la moins chère d'Europe, sauf que.... "on" a "oublié" de chiffrer les coûts du démantèlement.

> un tel don risquerait de créer plus de problèmes qu’il n’en résoudrait.

Et en plus ça veut justifier l'injustifiable.
Quels problèmes sous-entendez vous ?
Faut pas vendre de Ferrari d'occas au petit peuple ? Il ne saurait pas s'en servir ?
Le démantèlement propre couterait trop cher ? Et bien c'est ce qui peut arriver si on ne le prévoit pas au départ.

C'est cette mentalité quasi mortifère qui permet tous les abus et en particulier ces gaspillages.

avatar occam | 

@marc_os

Votre hargne et vos ressentiments vous aveuglent.

> « Faut pas vendre de Ferrari d'occas au petit peuple ? Il ne saurait pas s'en servir ? »

Analogie irréfléchie.
Votre Ferrari, faites-en ce que bon vous semble.
Mais un super-cluster, ce n’est pas une voiture de sport, c’est un TGV. Qui demande une immense infrastructure, un approvisionnement en énergie conséquent, du personnel entraîné et qualifié, enfin un budget considérable.

Octroyer un tel « don » à un établissement éducatif sans subvenir à son entretien serait aussi ruineux pour le bénéficiaire que les bulldozers soviétiques fournis par Moscou à la Guinée-Conakry pour accélérer la mécanisation de son agriculture durant le premier « plan triennal » après l’indépendance.

C’est pourquoi j’ai bien précisé qu’il fallait planifier une « seconde vie » de ce genre d’équipement dès sa conception ; cela ne s’improvise pas ex-post.

J’ai toujours défendu ici la modularité, la pérennité, l’interopérabilité, les approches bottom-up, la viabilité. Tout ce qui paraît froidement laissé pour compte dans les projets Frontier, Sierra, Aurora, El Capitan, etc.

Vous me faites un mauvais procès, et vous devez le savoir. Soit, en vous emportant, vous vous trompez sérieusement de cible, soit c’est intentionnel, et dans ce cas, innommable.

avatar marc_os | 

@ occam

> Votre hargne et vos ressentiments vous aveuglent.

Parlez pour vous même.
Et apprenez à lire avec calme.
Car visiblement vous avez zappé cette partie de mon commentaire :
« Le démantèlement propre couterait trop cher ? Et bien c'est ce qui peut arriver si on ne le prévoit pas au départ. »

Qui n'est pas si éloignée que ça de votre réponse :

> C’est pourquoi j’ai bien précisé qu’il fallait planifier une « seconde vie » de ce genre d’équipement dès sa conception

Voire qui dit la même chose différemment.
Donc on dirait bien que vous voulez absolument me contredire, mais en fait vous dites la même chose ! 😳
C'est qui donc qui est "aveuglé par ses ressentiments" ? 🤪

avatar ian38 | 

J’ai cherché sur la toile sans trouver la réponse… qu’elle est la puissance brute en teraflops d’un iphone actuel ?

avatar occam | 

@ian38

iPhone 14 : 1.5 TFLOPS ; 14 Pro : 2.0 TFLOPS.

Vous trouverez un comparatif des performances de tous les modèles depuis iPhone 8 ici :
https://appleinsider.com/articles/22/09/26/how-iphone-speeds-have-grown-in-the-last-5-years

avatar claude72 | 

occam
iPhone 14 : 1.5 TFLOPS ; 14 Pro : 2.0 TFLOPS.

Et mon MacPro 1.1 de 2006 avec ses 2 Xeon bi-core à 2,6 GHz, il se traîne à combien de TFLOPS ? surement moins qu'un iPhon moderne !!!

avatar Guillaume1972 | 

Donc en fin de compte, la puissance de ce super calculateur correspond à la puissance cumulées d'un millions d'Iphone 14 pro.

avatar Guillaume1972 | 

Bien au niveau de la puissance brute en revanche en ce qui concerne l'efficacité énergique, on peut se poser des questions quand aux choix effectués.

avatar occam | 

@Guillaume1972

On peut se poser toutes les questions.
On le doit.

Mais, s’agissant des considérations énergétiques, surtout observant la suffisance par procuration affichée par certains ici qui encensent l’efficacité de l’architecture Apple Silicon par rapport aux architectures plus vétustes produites par Intel et AMD, c’est à AAPL qu’il faudrait adresser deux questions :

1. Comptez-vous faire bénéficier l’industrie de l’infrastructure informatique de vos avancées — auquel cas il vous faudrait avoir une stratégie industrielle — ou est-ce que votre prétendu souci de l’environnement n’est que de la frime ?

2. Les services en ligne, qui sont votre principal créneau d’expansion et que vous avez rendus indispensables au bon fonctionnement des iBidules, nécessitent des capacités centralisées de traitement immenses, immensément énergivores. Quand allez-vous les mettre au bénéfice de l’architecture Apple Silicon ? Ou est-ce seulement pour la frime ?

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