En dévoilant la Surface Pro 9 la semaine dernière, Microsoft a de nouveau fait la preuve qu'il prenait les puces ARM très au sérieux. La tablette hybride est en effet proposée en deux parfums : un modèle Intel avec des processeurs Intel de 12e génération, et un modèle équipé d'une puce SQ3 développée par l'éditeur et Qualcomm.
Cela fait trois ans maintenant que Microsoft propose des déclinaisons de sa tablette haut de gamme, une aventure débutée en 2019 avec la SQ1 de la Surface Pro X. Mais hier comme aujourd'hui persistent toujours des problèmes de performances.
Surface Pro X : des performances pas top pour la rutilante tablette ARM de Microsoft
Les premiers tests de la Surface Pro 9 avec SQ3 confirment que la puce, basée sur la Snapdragon 8cx Gen 3, ne fait pas de miracle pour les applications qui n'ont pas été optimisées ARM. Monica Chin de The Verge déplore les 11 longues secondes d'attente pour avoir la main sur Spotify après le lancement de l'app, suivies par quatre secondes supplémentaires avant de pouvoir cliquer sur Lecture.
La saisie de texte dans Chrome présente aussi des lenteurs, ce qui provoque des fautes de frappe. Les vidéos dans YouTube peuvent geler sur place alors que la lecture audio se poursuit. L'annotation de PDF est une expérience frustrante, l'ordinateur ayant du mal à suivre le tracé du stylet sur l'écran. Le lancement de Lightroom est un calvaire, avec des gels multiples et des crashs.
Chez Tom's Hardware, Andrew Freedman nuance en expliquant que Windows 11 pour ARM est « bien meilleur » que ses prédécesseurs, et qu'avec l'émulation x64, des applications conçues pour les processeurs x86 fonctionnent alors que ce n'était pas le cas sur la Surface Pro X et Windows 10. Par ailleurs, les apps natives continuent de débouler : Edge et Teams chez Microsoft bien sûr, mais aussi Firefox, Photoshop, VLC, Netflix, Handbrake, Zoom…
Néanmoins, il reconnait que pour les utilisateurs qui recherchent une « vraie expérience pro », mieux vaut se tourner vers la mouture Intel de la tablette. Au petit jeu des benchs, la Surface Pro 9 ARM a aussi du mal à convaincre. Avec Geekbench 5 qui mesure les capacités du CPU, elle est largement dépassée par la M2 du MacBook Air.
Le ThinkPad X13s, qui fonctionne avec une Snapdragon 8cx Gen 3, donne des scores similaires à la Surface, tandis que le Dell XPS 13 avec son Core i5 dépasse l'appareil de Microsoft d'une bonne tête.
Le modèle SQ3 est d'autant plus difficile à vendre pour Microsoft que la version ARM de base coûte plus cher (à partir de 1 549 €) que son équivalent Intel (à partir de 1 299 €), comme l'écrit Luke Larsen de DigitalTrends. « Il y a encore beaucoup de travail à faire pour convaincre les développeurs tiers de s'y mettre, mais l'émulation s'est améliorée de manière significative ».
Coïncidence ou pas, Microsoft vient justement de lancer la commercialisation du « projet Volterra » annoncé au printemps. Il s'agit d'un SDK composé d'un boîtier de type Mac mini (qui a dit DTK ?) pour développer des apps ARM. L'appareil embarque la même puce Snapdragon 8cx Gen 3, 32 Go de RAM et 512 Go de stockage. Le tout pour 699 €. Il aurait peut-être fallu commencer par ça…