Infomaniak annonce le lancement d’Euria, un chatbot basé sur un grand modèle de langage qui peut répondre à n’importe quelles questions et réaliser des tâches pour vous. C’est une intelligence artificielle générative qui vient directement concurrencer ChatGPT ou Gemini, avec toutefois l’approche spécifique de l’hébergeur suisse. L’entreprise n’a pas entraîné ses propres modèles de langage, elle utilise des LLM ouverts, dont Qwen 3, même si le communiqué de presse se contente d’indiquer que le système « s’appuie sur plusieurs modèles d’IA open source en fonction de la demande de l’utilisateur », sans préciser lesquels.
C’est assez logique au fond, Euria est un produit destiné au grand public, qui cherche à effacer toute la complexité liée à la sélection du bon modèle en fonction de la tâche. On se retrouve avec un champ de texte et on peut poser n’importe quelle question et obtenir une réponse. Comme dans toutes les solutions de ce type, il est possible de faire appel à une recherche sur le web et Infomaniak a prévu un mode automatique, assez similaire à celui de ses concurrents. Si l’utilisateur peut forcer le chatbot à faire une recherche sur internet, le système décidera en fonction de votre requête si elle est nécessaire.
Euria est accessible gratuitement et sans même avoir à créer de compte à cette adresse. S’il n’y a pas encore d’app pour desktop, on peut en revanche installer une app pour iOS et Android. Infomaniak met en avant la rapidité et la générosité de son offre gratuite et il lui faut en effet moins de dix secondes pour répondre à ma question avec demande de liens, pour forcer une recherche sur le web. Ce n’est pas nécessairement mieux que ChatGPT d’après mes tests, mais on ne parle pas des mêmes moyens mis en œuvre entre l’hébergeur suisse et le géant qu’est devenu OpenAI.
La générosité promise m’a moins impressionné. Après quatre ou cinq requêtes, Euria refuse de répondre à mes questions et me demande de créer un compte ou alors d’attendre un jour. S’il faut payer pour un usage plus intensif, Infomaniak n’a pas créé d’abonnement spécifique et l’accès à son chatbot repose sur ses offres my kSuite qui intègrent aussi une boîte mail, du stockage en ligne et des services annexes, comme un calendrier ou une solution de visioconférence. L’offre gratuite permet d’utiliser davantage Euria et l’option payante, facturée 1,9 € par mois ou 19 € par an, offre un accès encore étendu à l’IA. La version destinée aux entreprises kSuite Pro inclut elle aussi un accès à Euria.
Le choix de modèles ouverts permet à Infomaniak de les faire tourner sur ses propres infrastructures en Suisse. L’hébergeur met en avant le respect des données de ses clients, en notant que les échanges sont chiffrés et surtout que les données des utilisateurs ne seront pas utilisées pour entraîner des modèles de langage. Un mode éphémère est prévu pour les besoins encore plus sensibles : dans ce cas, tous les échanges sont immédiatement supprimés et les serveurs n’en garderont aucune trace. Enfin, Infomaniak met en avant ses arguments écologiques, en rappelant que ses centres de données servent à chauffer des logements, un sujet que l’entreprise connaît bien.
Une tech plus verte : comment Infomaniak veut chauffer Genève avec un data center
Ce sera d’autant plus le cas avec les gourmandes cartes graphiques qui sont indispensables pour faire tourner les grands modèles de langage qui servent de fondation à toutes les IA génératives. Le centre de données situé à Genève qui héberge Euria devrait ainsi permettre de chauffer jusqu’à 6 000 logements en hiver.
Infomaniak promet plusieurs évolutions de son offre à l’avenir : génération d’images, ajout d’une mémoire globale ou encore des agents pour réaliser des tâches spécifiques. L’intégration d’Euria au sein des offres kSuite devrait aussi être plus profonde, on imagine par exemple pour chercher des éléments dans une boîte mail ou dans les fichiers stockés dans le cloud.











