Comme prévu, Microsoft a choisi d'arrêter aujourd'hui, le 14 octobre 2025, la prise en charge de Windows 10, son système d'exploitation phare. Lancé en juillet 2015, il avait une lourde tâche : faire oublier la précédente mouture de Windows à succès (Windows 7) mais aussi son successeur peu apprécié, Windows 8(.1). Sur ce point, Windows 10 est une réussite : annoncé pendant un temps comme le Windows ultime, qui n'allait jamais évoluer, il a été adopté assez largement par le public, notamment parce qu'il fonctionne à peu près correctement sur du matériel ancien mais toujours vaillant.

Ce succès est devenu un boulet pour Microsoft : Windows 11 est sorti depuis quatre ans maintenant, et Microsoft espérait donc bien arrêter le support de Windows 10 à la date prévue. Mais ce n'était pas aussi simple que prévu. Premièrement, Windows 11 est une des itérations maudites : s'il y a des versions de Windows appréciées (98, 2000, XP, 7, 10), d'autres le sont… moins (95, Millenium, Vista, 8 et 11). Il y a donc eu une réticence à passer à Windows 11, qui en plus de modifier quelques éléments d'interface, a surtout imposé des changements matériels majeurs.
Microsoft, avec Windows 11 en 2021, a en effet décidé d'imposer une puce TPM — un composant de sécurité — mais aussi de limiter plus ou moins arbitrairement les processeurs compatibles. À sa sortie, Windows 11 nécessitait un PC assez récent (environ 2018 dans le pire des cas) et abandonnait donc de nombreux ordinateurs parfaitement utilisables. Et expliquer au public qu'un Core i7 de 2016 n'était pas compatible quand un Core i3 de 2018, basé sur la même puce, l'était, c'était évidemment peine perdue.

Le résultat, c'est une fronde assez importante de la part des utilisateurs et un système d'exploitation — Windows 10 — encore très employé le jour de son abandon officiel. Dans les faits, Microsoft a mis (un peu) d'eau dans son vin : un programme pour le grand public a été annoncé en juin 2025 pour accorder un an de sursis, et il est gratuit pour les clients européens.

En Europe, Windows 10 va avoir un an de mise à jour en plus gratuitement
Que faire ?
Le premier cas est important : si vous avez encore un Mac Intel sous Windows 10, il n'est pas possible officiellement de passer sous Windows 11. Si vous voulez continuer à utiliser Windows, nous vous conseillons de vous inscrire sur le programme de mise à jour de Microsoft, nous allons vous proposer bientôt un dossier sur le sujet. Comme l'explique Next, le service n'est pas encore totalement déployé, ce qui montre que son lancement a été un peu précipité chez Microsoft.

Si vous avez un PC, la solution de base — si c'est possible — est évidemment de migrer gratuitement vers Windows 11. Vous pouviez avoir choisi de rester sous Windows 10 ou de volontairement installer l'ancien système, mais là, il va falloir s'y faire : Windows 11 n'est pas si mal. La seconde solution est de profiter des mises à jour gratuites pendant un an, ce qui laisse un peu de temps pour changer de PC (ou passer à Linux). La troisième, que nous déconseillons, est de forcer l'installation de Windows 11. Techniquement, les deux contraintes — la puce TPM et le processeur — peuvent être contournées, mais ce n'est pas sans risque. Microsoft peut décider arbitrairement de bloquer les PC sans puces TPM, et de plus en plus de logiciels (dont des jeux) nécessitent réellement la puce1. Pour le processeur, le risque est encore plus grand : Microsoft peut décider d'employer des instructions absentes d'anciens processeurs, ce qui bloque ces derniers. Ce n'est pas une supposition ou une menace irréaliste : c'est arrivé lors d'une mise à jour précédente de Windows 11, qui a bloqué des utilisateurs ayant forcé l'installation sur un processeur trop ancien.

Une autre solution est de changer de PC, pour un modèle plus récent, ou tout simplement d'abandonner Windows. macOS (si vous achetez un Mac) ou les distributions GNU/Linux peuvent parfaitement remplacer Windows, et de nombreuses distributions GNU/Linux sont suffisamment légères pour s'installer sur un PC originellement sous Windows 10 qui n'accepte pas Windows 11.
La dernière solution est évidemment celle qu'il faut absolument éviter : ne rien faire. Vous pouvez penser que ces histoires de malware, failles et autres problèmes ne touchent que les autres et que vous, vous faites attention. Mais c'est une très mauvaise idée. Dès qu'une faille sera découverte dans Windows 10 — ce n'est pas du conditionnel — et corrigée par les mises à jour du nouveau programme de Microsoft, des malandrins se jetteront dessus pour comprendre son fonctionnement et l'exploiter. Et si jamais la faille en question est dangereuse — ce n'est pas systématique —, ils auront évidemment un boulevard devant eux.
Dans tous les cas, la façon dont Microsoft a géré la fin de Windows 10 n'est probablement pas la meilleure : il reste encore des millions de PC sous Windows 10, qui sont De facto vulnérables dès ce soir. Par ailleurs, les éditeurs de logiciels devraient eux aussi abandonner peu à peu Windows 10, même si les sociétés à l'origine des navigateurs principaux (Chrome, Edge, Firefox) devraient laisser un peu de marge aux utilisateurs de Windows 10.
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Windows 11 l'utilise essentiellement pour le chiffrement, donc forcer l'installation sans la puce empêche de chiffrer le contenu du volume de démarrage. ↩︎