Près de quatre ans après l'arrivé de Windows 11 et moins d'un mois avant la fin annoncée depuis belle lurette de la fin du support de Windows 10 (le 14 octobre 2025), la résistance semble s'organiser en France. Une pétition « Non à la "taxe Windows" ! » a en effet été mise en ligne récemment. Elle semble tout de même un peu vaine, tant elle arrive tard.

La pétition portée par HOP (Halte à l'Obscolescence Programmée) et de nombreuses associations (Emmaüs France, UFC Que Choisir, etc.) explique que le passage forcé à Windows 11 est impossible pour 400 millions d'ordinateurs dans le monde, et que de nombreuses administrations publiques et entreprises sont touchées par le problème. Ils considèrent que les options proposées par Microsoft — changer d'ordinateur ou payer pour obtenir un à trois ans de support supplémentaire — ne sont pas satisfaisantes. Ils indiquent aussi que des ordinateurs parfaitement fonctionnels âgés de seulement 5 ans vont être rendus inutilisables1. La pétition demande à ce que Microsoft propose des mises à jour de sécurité gratuites jusqu'en 2030, qu'une loi impose l'obligation de proposer des mises à jour de sécurité pendant 15 ans pour tous les ordinateurs, et enfin que les utilisateurs soient informés des possibilités de passage à un système d'exploitation libre2.
Microsoft est clair depuis longtemps
Microsoft tend à prendre en charge ses systèmes d'exploitation pendant une grosse dizaine d'années, avec quelques exceptions (Windows XP a été commercialisé pendant de nombreuses années, donc la prise en charge a été assez longue, de 2001 à 2014). Avec Windows 10, un système qui date de 2015, la règle ajoutée en 2018 est normalement assez simple : chaque mise à jour intermédiaire majeure (la dernière en date est la 22H2, sortie au second semestre 2022) reçoit normalement 30 mois de support. L'arrêt de la prise en charge le 14 octobre 2025 est donc dans un sens un cadeau de la société : la date officielle est dépassée. Quoi qu'il en soit, la fin de Windows 10 est annoncée de longue date et Microsoft ne prend personne au dépourvu.

Malgré tout, il faut bien le constater, Microsoft semble avoir peur. La société ne compte a priori pas revenir sur la date butoir — si c'était le cas, le changement aurait été officialisé —, mais des aménagements ont été ajoutés au fil du temps. La période de support réservée habituellement aux entreprises (contre espèces sonnantes et trébuchantes) est devenue accessible au grand public, et Microsoft a annoncé plusieurs méthodes pour profiter d'une année supplémentaire sans payer. Ou plus exactement, sans payer directement : elle nécessite dans les faits de partager des données avec Microsoft.

Microsoft « offre » un an de mise à jour de Windows 10 en plus grâce au cloud ou à des achats de produits Microsoft
Le double problème de Windows 11 et de l'évolution de l'informatique
Le passage à Windows 11 est houleux, et pour de nombreuses raisons. La première, c'est que Windows 11 a été fraîchement reçu : le système d'exploitation modifie beaucoup de choses et l'utilisateur de Windows moyen est traditionnellement plus rétif au changement qu'un client d'Apple, par exemple3. La seconde, c'est que Windows 11, pour diverses raisons, impose des caractéristiques techniques précises. Le système demande une puce TPM 2.0 et un processeur assez moderne, alors que Windows 10, par exemple, s'installait assez facilement sur des ordinateurs très anciens.
La troisième, c'est que l'évolution plus lente de l'informatique dans les années 2010 et 2020 a un impact direct sur les mises à jour. De nombreux ordinateurs qui ne peuvent pas recevoir Windows 11 pour une raison ou pour une autre sont encore considérés comme parfaitement fonctionnels et suffisants par leurs utilisateurs, ce qui n'était pas forcément le cas lors des migrations précédentes. L'obsolescence technique était assez rapide dans les années 2000 et les différences entre un ordinateur du début des années 2000 et un modèle de 2005 ou 2010 sont très importantes. A contrario, les différences entre un ordinateur de 2015, un modèle 2020 et un autre de 2025 sont assez faibles dans l'absolu. Et les différentes bidouilles qui permettent d'installer Windows 11 sur un ordinateur incompatible au départ le montrent bien.
Reste que la pétition a peu de chances d'aboutir : nous sommes bien trop proches de la fin du support officiel. Dans la pratique, les solutions possibles pour un ordinateur bloqué sous Windows 10 sont donc simples. La première est de continuer à utiliser le système d'exploitation sans se soucier des failles de sécurité, ce qui n'est pas nécessairement une bonne idée. La seconde est de changer d'ordinateur pour un modèle plus récent. La troisième est de payer pour un an de prise en charge supplémentaire (trois ans pour les entreprises) avant de retomber sur une des deux premières solutions. Et la dernière4 est de remplacer Windows, par exemple par une distribution GNU/Linux. Certaines offrent une interface (très) proche de celle de Windows, même si ce n'est pas un choix adapté à tous les utilisateurs.
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Une assertion peu probable : Windows 11 nécessite a minima une puce Core de 8e génération ou un Ryzen de 2e génération, sortis en 2017 et 2018. ↩︎
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Ce qui n'implique par ailleurs pas un suivi dans le temps sur plusieurs années. ↩︎
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Même si Apple a surtout tendance à imposer ses changements de façon régulière sans forcément laisser le choix aux utilisateurs. ↩︎
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Installer Windows 11 en bidouillant pour forcer la compatibilité n'est pas une solution viable : Microsoft peut à tout moment décider de bloquer cette voie. ↩︎