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4G Box : que vaut la 4G fixe de SFR ?

Nicolas Furno

jeudi 12 avril 2018 à 20:00 • 47

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Au début de l’année 2017, Bouygues était le premier opérateur français à proposer une offre de 4G fixe grand public. Sa 4G Box permet d’accéder à internet via le réseau mobile partout où la fibre n’est pas proposée, et où une connexion ADSL offrirait des débits médiocres. C’est typiquement le cas de la maison de famille bretonne où j’avais testé l’offre pendant quelques semaines l’été dernier.

Depuis, Bouygues a modifié sa politique en passant d’une offre qui pouvait être limitée « exceptionnellement », à une offre systématiquement limitée à 200 Go par mois. Depuis aussi, SFR a lancé une 4G Box extrêmement similaire à celle de Bouygues1 : même tarif (33 € par mois sans engagement), mêmes conditions (200 Go de 4G). Étant à nouveau dans cette maison, j’ai commandé cette nouvelle alternative pour vérifier ce que valait l’offre de SFR.

La 4G Box de SFR, cachée derrière une plante verte.

Après deux semaines à télétravailler avec la 4G Box de SFR comme unique connexion à internet, j’ai une idée assez précise de ce que vaut cette solution. Présentations et éléments de conclusion personnelle.

Matériel et logiciel : Huawei toujours aux commandes

Le routeur 4G de Bouygues est un modèle conçu par Huawei et à peine modifié sur le plan logiciel. SFR a opté pour la même stratégie et la même marque : c’est donc un routeur 4G de Huawei que vous recevrez en souscrivant à son offre. L’opérateur au carré rouge n’a pas choisi un modèle rond et discret comme son concurrent, mais le B525, un routeur qui ressemble à ceux qui sont livrés avec les offres ADSL ou fibre.

C’est ce routeur Huawei qui est fourni pour le moment par SFR, avec son offre 4G Box.

Il intègre un modem 4G de catégorie 6, du même niveau que la 4G Box de Bouygues. En théorie, il peut ainsi monter jusqu’à 300 Mbit/s en téléchargement et 50 Mbit/s en envoi de données. En pratique, SFR limite son offre au mieux à 110 Mbit/s et le débit réel dépend naturellement de la distance entre votre domicile et l’antenne 4G la plus proche, et de la position du routeur à l’intérieur du domicile. Je l’avais testé avec le modèle de son concurrent en juillet dernier, déplacer le routeur d’un mètre peut suffire à améliorer considérablement les débits, ou au contraire les réduire à néant.

Les antennes sont intégrées au routeur, mais deux connecteurs situés au dos permettent d’utiliser des antennes externes pour améliorer la qualité du signal en réception. Leur format est standard (SMA) et si vous avez du mal à obtenir une bonne 4G chez vous, une antenne comme ce modèle peut aider, surtout si vous pouvez l’installer à l’extérieur, par exemple sur le toit. J’ai placé le routeur de SFR exactement là où la 4G Box de Bouygues était positionnée, à l’étage de la maison, avec une bonne réception et des débits très satisfaisants.

Au dos, un cache facile à enlever révèle les deux connecteurs pour brancher une antenne 4G externe. En bas, on distingue les quatre ports Ethernet, la prise USB et celle dédiée au téléphone, en plus de l’alimentation.

Sur le plan matériel, la plus grosse différence apportée par le modèle de Huawei choisi par SFR est que l’on n’a pas seulement un modem 4G amélioré, mais un vrai routeur qui peut servir dans le cadre d’une utilisation domestique. Au dos, il dispose de quatre ports Ethernet Gigabit, en plus d’une prise téléphone qui ne servira à rien dans le cadre de cette offre et d’une prise USB 2.0 qui peut servir à partager un volume de stockage ou une imprimante sur le réseau local.

C’est très similaire à ce que les fournisseurs d’accès à internet fournissent en ADSL ou fibre optique. C’est une très bonne nouvelle si vous ne voulez pas investir dans un autre routeur. La seule limite est à chercher du côté du Wi-Fi : le B525 dispose des dernières normes en vigueur (802.11ac sur 2,4 GHz et 5 GHz), mais il ne gère que 64 appareils à la fois au maximum, 32 par bande de fréquence. Ce sera un problème dans les plus gros foyers, mais vous pourrez alors opter pour un routeur Wi-Fi tiers sans problème. Je n’ai d’ailleurs jamais utilisé le Wi-Fi intégré, en grande partie parce que j’avais un routeur Archer C8 déjà configuré, et tout a fonctionné parfaitement.

Avant d’utiliser la 4G Box de SFR, vous aurez quelques étapes à effectuer pour activer le routeur et sa connexion mobile. À l’arrivée, l’indispensable carte SIM sera distribuée à part et vous devrez déjà l’insérer. Rien de plus simple, il y a une trappe à retirer sous l’appareil et vous pouvez y glisser la carte. Vous devrez ensuite saisir le code PIN de ladite carte SIM, ce qui se fait en se connectant à l’interface d’administration du routeur.

Dans le guide fourni par SFR, tout se fait via une interface web accessible en étant connecté au même réseau que le routeur, via son IP (192.168.8.1). Mais comme il s’agit d’un matériel tiers, vous pouvez également utiliser l’app HUAWEI HiLink qui pourrait être mieux soignée et être mise à jour plus souvent (elle n’est pas optimisée iPhone X, par exemple), mais qui a le mérite d’exister. Elle est notamment bien utile pour définir un quota mensuel et recevoir des alertes quand vous approcherez de la limite.

Que ce soit via l’app ou l’interface web, SFR n’a fait aucun effort pour adapter ce que Huawei a développé. Le constructeur du routeur est totalement aux commandes, ce qui ne dépaysera pas les utilisateurs habitués à l’offre de Bouygues, ce sont les mêmes présentations. Sur le web, on retrouve une interface traduite en français, pas toujours très simple pour les débutants, mais qui regorge de fonctions et options.

La page d’accueil de l’interface d’administration de Huawei. Sans se connecter, elle permet d’avoir une idée sur la qualité du signal, le type de réseau actuellement utilisé (3G ou 4G) et même une estimation de la quantité de données utilisées.

Par rapport au modèle similaire que vous pouvez acheter dans le commerce, celui fourni par SFR est configuré pour fonctionner directement sur le réseau de l’opérateur. Certaines fonctions proposées par Huawei ont peut-être également été bloquées par SFR, mais pas la possibilité d’ajuster les réglages de base du réseau cellulaire. Par défaut, le routeur se connecte en 4G, 3G ou même EDGE selon la disponibilité à votre position, vous pouvez forcer l’un des trois choix. Par ailleurs, le profil « Altice Box » installé par l’opérateur peut être remplacé par un autre et le routeur n’est pas bloqué chez SFR.

Néanmoins, l’appareil reste la propriété de SFR qui vous le loue 3 € par mois. Et au passage, inutile d’essayer, vous ne pourrez pas commander la 4G Box sans le boîtier qui va avec. Votre seule option, si vous comptez exploiter un autre appareil, est de laisser le modem 4G fourni dans sa boîte et de configurer le vôtre.

Au quotidien, une offre séduisante pour les petits besoins

Vous avez déjà utilisé l’offre 4G Box de Bouygues ? Vous ne serez pas dépaysé par celle de SFR ! Surtout si, comme c’est mon cas, vous êtes sur le réseau mutualisé mis en place par les deux opérateurs. Passée l’étape de configuration, vous retrouverez la même expérience, à peu près les mêmes débits, les mêmes améliorations par rapport à du mauvais ADSL… et aussi les mêmes limites et problèmes.

Sur la façade du routeur Huawei, quelques indicateurs permettent de vérifier que tout fonctionne correctement et aussi de connaître la puissance du signal (les cinq traits sur la droite). Au-dessus, un bouton d’allumage et un autre pour le mode WPS.

Commençons par le positif : avec une antenne Bouygues aussi exploitée par SFR à environ 500 mètres à vol d’oiseau de la maison, la 4G Box m’a permis d’atteindre environ 30 Mbit/s en téléchargement et près de 15 Mbit/s en envoi de données. Nulle fibre dans cette petite commune du Finistère, et rien n’était prévu avant 2030 aux dernières nouvelles, même si cela changera peut-être 2023 d'après le dernier plan de déploiement. La seule autre option, c’est de l’ADSL, mais étant à plus de trois kilomètres du NRA situé dans le village d’à côté, je pouvais espérer entre 2 et 8 Mbit/s au mieux en téléchargement, grand maximum 1 Mbit/s en envoi.

Autant dire qu’à l’usage, c’est le jour et la nuit. Au quotidien, utiliser une 4G Box dans ces conditions ne change pas par rapport à une excellente connexion filaire, même par rapport à de la fibre pour naviguer sur internet. Certes, la latence est en général un petit peu plus élevée et certainement rédhibitoire pour jouer en ligne. Mais ça ne se voit pas vraiment dans son navigateur web, pour du streaming vidéo ou même pour télécharger les dernières mises à jour d’iOS.

Mesure réalisée avec la 4G Box en Ethernet, pour éliminer le facteur Wi-Fi. Avec une antenne externe, je pourrais peut-être obtenir mieux, mais c’est déjà excellent.

Pour autant, utiliser la 4G en guise de connexion internet fixe présente quelques inconvénients qui peuvent poser un problème, ou non, selon vos besoins. Le plus évident et probablement la plus grosse contrainte des offres 4G Box actuelles, c’est la limite sur la quantité de données disponible dans le mois. SFR, comme Bouygues, vous propose 200 Go de 4G. Après cela, la connexion à internet n’est pas coupée, mais probablement tellement bridée qu’elle en devient à peu près inutilisable.

De son côté, Bouygues indique qu’il bride à 512 Kbit/s en téléchargement, SFR ne précise pas le chiffre, mais on imagine que c’est similaire. J’aurai probablement l’occasion de tester dans quelques jours toutefois, puisque mon utilisation peine à se contenter de 200 Go par mois. Au moment où j’écris ces lignes, j’ai dépassé les 145 Go de 4G consommés, alors que je n’en suis qu’à la moitié du mois. Pour tenir un mois avec 200 Go, je devrais consommer moins de 7 Go par jour, mais je n’ai réussi à le faire qu’un jour sur deux en moyenne depuis le début de mon abonnement. Et les autres jours, j’ai consommé beaucoup plus, jusqu’à 34 Go pour la pire journée.

Sur ce graphique, la courbe bleue représente la quantité de 4G restante sur mon forfait. La verte symbolise la consommation idéale, pour utiliser au maximum 200 Go par mois. Pour être tranquille, la courbe bleue devrait être au-dessus de la verte, pas l’inverse.

Naturellement, mon exemple n’est pas généralisable et chacun aura une expérience différente. J’utilise cette connexion 4G pour travailler, je passe mes journées connecté à internet et je dois constamment télécharger logiciels et mises à jour dans le cadre de mon travail. Les premiers jours, j’ai essayé de ne pas penser au fait que j’avais cette limite de 200 Go et j’ai maintenu mes habitudes, notamment en utilisant Netflix régulièrement et en laissant Backblaze faire son travail pour sauvegarder mon Mac. Depuis quelques jours, je fais plus attention et j’ai déjà réussi à modifier la pente de la courbe, mais je sais déjà que j’aurai besoin d’autres cartes SIM avant la fin du mois.

Certes, je pourrais mettre en place plusieurs mesures pour limiter mon usage. Par exemple, je n’ai pas activé le cache de macOS High Sierra qui me permettrait sûrement de limiter l’usage en 4G pour les appareils iOS et les Mac du domicile. Je pourrais aussi limiter mes sauvegardes en ligne en achetant un NAS, et arrêter totalement de regarder Netflix même si c’est l’une de mes principales sources de divertissement. Mais au bout d’un moment, c’est aussi le rôle d’une connexion internet et peut-être que la 4G fixe n’est pas (encore ?) pour moi.

Il y a d’autres défauts auxquels on ne pense pas nécessairement. La stabilité de cette connexion 4G est parfois moins bonne qu’une filaire, même s’il est impossible de généraliser et même si l’ADSL peut aussi être capricieux dans certains cas. En quinze jours, j’ai toutefois eu plusieurs coupures, parfois de quelques secondes seulement, parfois de plusieurs minutes. Souvent, cela survient avant un changement d’adresse IP, puisque vous ne gardez pas une adresse fixe comme c’est souvent le cas en ADSL et en fibre optique.

Mon thermostat connecté Tado est un excellent moniteur pour la connexion internet. Ce jour-là, au moins trois coupures ont été enregistrées, dont une de plus d’une heure.

Ces changements d’IP répétés sont un bon exemple d’un comportement qui peut poser problème ou passer totalement inaperçu. Dans mon cas, cela signifie qu’à chaque fois que je travaille sur un serveur distant en SSH, je perds la connexion et dois rouvrir des fenêtres de terminal. C’est une gêne assez mineure au quotidien, mais un paramètre qui peut être pris en compte, surtout si vous avez besoin d’une IP fixe. Dans un usage plus « normal », vous noterez simplement quelques décrochages de temps à autres, le temps que le routeur 4G obtienne sa nouvelle IP.

Quand la 4G est la seule alternative à de l’ADSL de mauvaise qualité, c’est une solution à envisager sérieusement. Mais il faut aussi avoir conscience que ce sera davantage une solution d’appoint, largement suffisante pour un usage de base, trop vite limitée pour un usage fixe moderne. Sans aller jusqu’au télétravail comme pour l’auteur de ces lignes, une famille avec quelques ados qui regardent tous une série différente sur Netflix en parallèle épuisera très rapidement les 200 Go mensuels.

De mon côté, je pourrais mettre en place des mesures pour réduire mon usage de la 4G, mais il faudrait aussi me priver de plusieurs activités quotidiennes. Force est de constater que la 4G Box de SFR, ou celle de Bouygues d’ailleurs, n’est pas une solution viable pour moi. En tout cas, pas dans sa forme actuelle, bridée après 200 Go et sans option pour lever cette limite.

Depuis le début de l’année, la 4G Box de Bouygues Telecom affiche clairement la limite à 200 Go. Au moins, c’est plus clair ainsi… mais ce n’est pas suffisant dans beaucoup de cas.

Je serais prêt à payer deux fois plus cher pour avoir 400 Go, voire trois fois plus pour être vraiment confortable, mais les opérateurs ne le proposent pas. Et pour cause, leur réseau 4G n’est pas conçu pour encaisser une utilisation aussi intensive. C’est aussi pour cela que ces offres sont limitées géographiquement : chez SFR, il faut être situé à proximité d’une antenne 4G et bénéficier d’un débit ADSL inférieur à 10 Mbit/s. Mais comme chez Bouygues, il y a un autre critère qui n’est pas mis en avant : il faut résider près d’une antenne 4G qui n’est pas déjà surchargée.

C’est un problème que j’ai eu en revenant dans cette maison et en voulant reprendre la 4G Box de Bouygues. Depuis le début de l’année 2018, l’opérateur ne propose plus son offre à mon adresse, alors qu’il est censé augmenter le nombre d’adresses éligibles. Son service client n’a jamais su me dire avec certitude pourquoi, mais l’hypothèse qui revenait était que l’antenne était saturée. En clair, l’opérateur avait déjà trop d’abonnements de ce type sur l’antenne et il n’acceptait plus de nouvelles inscriptions, par peur de ne plus avoir la capacité de fournir tout le monde.

C’est bien logique après tout, mais c’est aussi la limite du système. Et à l’heure où l’on parle de 5G qui réduira encore la frontière entre connexion fixe et mobile, cela ne rassure pas trop sur le futur de ces offres. Les opérateurs pourront-ils proposer davantage que 200 Go par mois ? Vont-ils brider au contraire ces offres, réduire la zone d’éligibilité et les garder simplement par obligation ?

Puisque 200 Go ne suffiront pas pour le mois, j’ai déjà commandé la dose suivante…

Quoi qu’il en soit, cette nouvelle expérience a fini de me convaincre que je ne pouvais pas compter uniquement sur une 4G Box pour travailler. Mon prochain logement aura donc la fibre optique !


  1. Pour être complet, signalons aussi la 4G Home d’Orange qui est similaire sur le principe, mais encore plus limitée en data (100 Go par mois) et surtout géographiquement. ↩︎

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