Ce n’est pas parce qu’il a laissé son poste de Senior Vice President Worldwide Marketing à Greg Joswiak en 2020 que Phil Schiller se tourne les pouces. Au contraire, le vétéran de 63 ans est en première ligne pour garder fermé le jardin d’Apple alors que les États-Unis et l’Union européenne appellent à son ouverture.
C’est lui qui a été le témoin principal dans le procès opposant Apple à Epic. C’est lui qui agite le chiffon rouge de la sécurité pour faire obstacle au DMA. Et plus récemment, c’est lui qui a annoncé à Tim Sweeney que le compte développeur d’Epic était suspendu parce qu’il ne lui faisait pas confiance — un coup de sang vite calmé par la Commission européenne.
D’après le Wall Street Journal, Phil Schiller travaille près de 80 heures par semaine et répond presque immédiatement à tous les coups de fil et à tous les emails. S’il s’implique autant dans la défense du modèle fermé d’Apple, c’est parce qu’il est toujours à la tête de l’App Store et qu’il en est même à l’origine.
Tandis que Steve Jobs pariait sur les web apps pour muscler les capacités logicielles de l’iPhone, Phil Schiller a fait partie de ceux qui ont réussi à convaincre le cofondateur d'Apple d’autoriser les applications natives en contrepartie d’une validation systématique. Depuis, le passionné de belles voitures et de photo dirige la boutique largement à sa guise et en tirant sur la corde.
Apple multiplie les zones grises pour maintenir le contrôle absolu sur l'App Store
Mais après une quinzaine d’années ultra profitables en tant qu’unique point d’accès de l’iPhone, l’App Store est à un tournant. Depuis ce mois-ci il doit faire de la place à d’autres boutiques en Europe et élargir son catalogue d’apps aux États-Unis. Phil Schiller freine des quatre fers pour repousser le plus possible ces nouvelles obligations. Cela pourra-t-il durer longtemps ?
Alors accusé de pratiques anticoncurrentielles avec Windows autour de l’an 2000, Microsoft s’est épuisé pendant des années face au département de la Justice américain avant de trouver une issue. « Il est temps de faire la paix », avait simplement prôné le nouvel avocat en chef Brad Smith au conseil d’administration de Redmond.
Phillip Shoemaker, qui a été le premier responsable officiel de l'équipe de validation de l'App Store, ne croit pas à une telle détente dans le cas d’Apple. « [Phil Schiller] est inflexible sur ces questions, déclare le transfuge. Je pense en fait qu’il ne partira jamais. »