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Apple : « Spotify ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui sans l'App Store »

Stéphane Moussie

vendredi 15 mars 2019 à 11:14 • 163

AAPL

Accusé par Spotify de concurrence déloyale avec l’App Store, Apple présente sa version des faits dans un long communiqué de presse. La firme de Cupertino répond point par point aux récriminations du service de streaming, qui a déposé une plainte devant la Commission européenne.

Daniel Ek, le CEO de Spotify. Image Spotify.

Alors que Spotify affirme que son application iOS a été rejetée de nombreuses fois pour des raisons injustes, Apple soutient qu’elle n’a demandé qu’une fois des ajustements parce que Spotify ne respectait pas les règles communes à tous.

La Pomme se dit « particulièrement surprise » par le récit de Spotify concernant son application Apple Watch. Tandis que le service certifie avoir voulu proposer une app watchOS dès 2015, Apple déclare de son côté n’avoir reçu à la validation cette app qu’en septembre 2018 et l’avoir traitée comme n’importe quelle autre app watchOS. Et de faire remarquer que Spotify est actuellement l’app watchOS la plus téléchargée dans la catégorie musique.

L’entreprise californienne affirme également collaborer fréquemment avec Spotify. Elle déclare l’avoir contacté à son initiative pour aider à la prise en charge de Siri et AirPlay 2, une aide dont s’est passé le service, selon elle.

Vient ensuite la question de la commission de 30 % (15 % après la première année d’abonnement), considérée comme une « taxe » par Spotify, qui est prélevée par Apple sur tous les contenus achetés dans l’App Store. La Pomme indique d’abord que 84 % des apps ne lui rapportent rien quand on les télécharge ou qu’on les utilise (une précision importante, ces apps contribuant plus globalement à l’attractivité de l’iPhone).

Ne sont effectivement pas concernées par la commission de 30 % toutes les apps suivantes : celles qui sont gratuites, celles qui sont uniquement financées par la pub, celles dont l’acte d’achat se fait en dehors de l’app (par exemple Netflix et Spotify qui ont retiré la facturation App Store) et enfin celles qui vendent des services ou des produits physiques (Amazon, Uber…).

Apple poursuit en soulignant que seule une « toute petite fraction » des abonnements de Spotify est concernée par le partage de revenus avec elle. Une partie importante de la clientèle de Spotify vient de partenariats avec des opérateurs, auxquels le service verse des frais similaires, fait valoir la Pomme.

Elle accuse finalement Spotify de vouloir le beurre et l’argent du beurre :

Nous fournissons la plateforme avec laquelle les utilisateurs téléchargent et mettent à jour leurs apps. Nous partageons des outils de développement essentiels pour la création de l’app de Spotify. Et nous avons construit un système de paiement sécurisé — ce qui n’est pas une mince affaire — qui permet aux utilisateurs d’avoir confiance aux transactions in-app. Spotify veut garder tous ces avantages tout en conservant 100 % des revenus.

Comme elle l’avait soutenu lors de la précédente dispute publique en 2016, Apple estime que « Spotify ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui [le numéro 1 du streaming musical, ndlr] sans l’App Store. » Elle inverse même les rôles en reprochant au service suédois d’exploiter son poids pour ne pas contribuer à un écosystème pouvant profiter à de nouveaux entrepreneurs.

La firme de Cupertino ne répond pas seulement aux accusations de Spotify, elle l’attaque aussi durement sur le plan de la défense des artistes : « sous la rhétorique, l’objectif de Spotify est de se faire plus d’argent sur les dos des autres. »

Elle fait référence à l’objection récente de Spotify (ainsi que de Google, Pandora et Amazon) vis-à-vis d’une augmentation de la rémunération des compositeurs américains. Apple est la seule à avoir approuvé cette hausse. Mais Apple a peut-être aussi plus de latitude pour répondre favorablement aux demandes des artistes, le streaming n’étant pas son activité principale, contrairement à Spotify. Elle n'est pas exempte de tout reproche non plus. Il avait fallu l'intervention de Taylor Swift pour qu'Apple se décide à verser des royalties aux artistes pendant la période d’essai gratuite d'Apple Music.

Au bout du compte, Apple reste donc droite dans ses bottes face à Spotify. Elle ne montre aucune volonté de faire des concessions sur sa façon de gérer l’App Store ou sur le montant de sa commission. Elle y sera pourtant obligé par la force des choses. La Commission européenne prévoit de nouvelles règles pour améliorer l’équité des pratiques commerciales des plateformes en ligne, dont les boutiques d’apps.

Dans le futur, Apple ne pourra plus changer les règles de l’App Store du jour au lendemain, une récrimination de Spotify mais aussi d’autres développeurs. Les modifications devront être notifiées au moins 15 jours à l’avance.

Apple devra aussi communiquer de manière exhaustive tous les avantages qu’elle accorde à ses propres applications et services sur l’App Store par rapport aux apps tierces. Spotify notait à ce sujet que la firme outrepassait elle-même une de ses règles interdisant l’envoi de notifications publicitaires (il y en a eu pour Apple Music et les nouveaux iPhone).

Le plan de la Commission européenne prévoit également de nouvelles voies de règlement des litiges, dont l’appel à un médiateur spécialisé. Pas de régulation en revanche concernant le montant des commissions, alors qu’un pavé a été jeté dans la mare des plateformes de distribution récemment.

Epic Games s’est attaqué à la forteresse Steam sur PC en proposant une commission supérieure aux créateurs de jeux (88/12 contre 70/30). « Même avec des développeurs qui reçoivent 88 % des revenus et Epic 12 %, [notre] boutique sera toujours une activité rentable pour nous », affirme Tim Sweeney, le patron d’Epic Games. Une offensive qui a poussé Steam à assouplir sa politique de répartition des revenus.

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