Cet assistant prend d'abord la forme d'une tablette, une vision résumée par le Knowledge Navigator : Sculley met en lice plusieurs designers sous la forme d'une compétition, le projet Figaro. Le prix de vente de la dernière itération, le Figaro Montblanc, est estimé à 5 000 $ : trop cher pour un appareil trop gros, et début 1992, Sculley réoriente les efforts de ses équipes.
Le Figaro Montblanc.
Naît alors le projet Newton Junior, dont un prototype très peu avancé est présenté au public au CES en mai 1992 — un prototype tellement peu avancé qu'il tombe en panne de batterie, mais Sculley avait prévu un deuxième modèle. Ce projet atteint très vite un autre obstacle : il est conçu comme un mini-Macintosh, et les processeurs AT&T Hobbit utilisés sont paradoxalement trop puissants et surtout trop coûteux. Apple se penche alors sur l'architecture développée par Acorn : elle fonde une joint-venture avec un troisième larron, VLSI, pour doter le Newton d'un processeur sur mesure — c'est la naissance de l'architecture ARM.
Encore aujourd'hui, le Newton n'a pas été égalé sur certaines de ses fonctions par iOS. C'est dire combien il était en avance sur son temps.
Le Newton était incontestablement en avance sur son temps, et il fut à la fois un échec technique (son système de reconnaissance d'écriture était si mauvais qu'Apple a fini par adopter celui de Palm) et commercial (Steve Jobs l'enterra à son retour aux affaires). Mais de l'idée d'un assistant personnel connecté à la conception de l'architecture ARM en passant par de nombreux concepts d'interface et de manipulation des données, il a considérablement fait évoluer l'informatique mobile — sans Newton, l'iPod, l'iPhone et l'iPad n'auraient peut-être pas existé sous leur forme actuelle.