Le recrutement par Apple de Paul Deneve pour un poste lié à des "projets spéciaux" donne le signal d'une accélération des préparatifs autour du lancement d'un produit inédit. À 52 ans, le désormais ex-président d'Yves Saint Laurent va s'occuper, selon les termes d'Apple qui a confirmé sa venue, de « projets spéciaux ». Une explication courte et floue qui en dit long sur la nature confidentielle de cette nouvelle responsabilité. On n'y voit aucun lien avec des produits existants dans la gamme, il serait sinon a contrario simple de le préciser.
En tant que "Vice President" et non "Senior Vice President" - la nuance a son importance - Deneve n'appartient pas au premier cercle des neuf personnes qui entourent Tim Cook au sommet de l'entreprise. Cependant, il a été précisé qu'il serait placé sous l'autorité directe du patron d'Apple, et non d'un de ses lieutenants. On peut y voir deux explications : d'une part au vu de la carrière de cette recrue qui a dirigé des maisons de renom international et d'autre part, sur la portée qu'aura son rôle et sur lequel Cook entend garder une prise directe.
Avant Deneve, Apple avait réalisé une autre prise tout aussi mystérieuse dans les attributions, celle de Kevin Lynch. Le directeur technique d'Adobe est arrivé à Cupertino en mars dernier avec le titre de "Vice President of Technology" - sans plus de détails - mais placé sous la responsabilité de Bob Mansfield (lire aussi Kevin Lynch forme une équipe avec des anciens de la division iPod).
Un Bob Mansfield, haut cadre dirigeant d'Apple, qui a lui-même des attributions très peu définies. Après un départ annulé, Mansfield qui a travaillé sur le Mac et l'iPhone, est devenu "Senior Vice President Technologies". Tim Cook avait dit à son propos qu'il allait s'occuper de « futurs produits ».
On voit ainsi se constituer au plus haut niveau d'Apple un groupe impliqué dans la mise au point de produits inédits. On parie volontiers que des recrutements tout aussi intéressants, mais plus discrets se sont opérés dans les coulisses.
Paul Deneve a fait toute sa carrière dans la vente, le marketing (notamment chez Apple Europe de 1990 à 1997 jusqu'au retour de Jobs), il conseillait aussi des entreprises comme Mavatar (un service sur iPad de shopping auprès de multiples enseignes) et surtout il a enchaîné les postes de direction chez des maisons de prêt-à-porter et de luxe. Pour quelques-unes, il y a notamment développé le réseau de boutiques et la diversification de l'activité dans les accessoires. On est à mille lieues du profil technique ou du brillant ingénieur. Et c'est justement ce qui la rend tout aussi intéressante.
Cette arrivée est certainement à interpréter comme une nouvelle et ultime étape dans le long processus du lancement d'un nouveau produit. La fameuse montre, dont on ne sait rien, est évidemment dans tous les esprits. On entrerait alors dans les derniers mètres - qui peuvent être des mois - précédant l'annonce de ce produit. Ceux où le travail d'ingénierie et de fabrication est largement accompli et où il est temps de se retrousser les manches pour construire une identité autour du produit, créer un message pour les clients et définir toute la communication qui va accompagner l'annonce et les ventes.
On ne peut que spéculer à ce stade sur la question du timing, mais cela rappelle le cas de Michael Tchao. Lui aussi ancien d'Apple (au marketing du Newton), il avait été débauché de Nike en octobre 2009 pour un titre très générique de Vice President of Product Marketing. Quatre mois plus tard, Steve Jobs présentait un produit tout neuf chez Apple : l'iPad. Une toute nouvelle branche produit dont Tchao gère aujourd'hui l'aspect marketing.
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