Mountain Lion : OS X arrivé à maturité

La redaction |
Un an après la sortie d'OS X Lion, Apple commercialise son successeur : Mountain Lion. Peu de monde avait imaginé que le successeur de Snow Leopard aurait un cycle de vie si court. Ce timing si serré - du jamais vu - montre bien qu'Apple continue d'accorder de l'importance à sa gamme d'ordinateurs. Le succès du MacBook Air et on ne peut que le supposer, du MacBook Pro Retina, montre qu'Apple a tout intérêt à appuyer sur le champignon. La route après tout n'a jamais été aussi dégagée pour le Californien.

Ce discours conviendra sans nul doute à tous ceux qui voient le verre à moitié plein. OS X Mountain Lion n'est pas un changement aussi flagrant en apparence et vous ne serez pas dépaysé si vous utilisiez Lion (c'est aussi une qualité). Il y a les pessimistes qui estimeront qu'avec Mountain Lion, Apple met définitivement OS X sous le joug d'iOS. Ce n'est pas complètement faux, mais y a-t-il matière à tant s'en alarmer ?

L'essentiel des nouveautés visibles est en effet issu de «son petit frère» et ce rapprochement avec iOS, déjà bien entamé, se poursuit avec un Mountain Lion qui entérine cette logique de deux OS très différents, mais réunis sous un même ciel… et nuage.



On pense à l'arrivée de Notes, de Rappels, du Centre de notifications, du Game Center, à l'intégration de la partie dictée vocale de Siri, mais aussi de Twitter et bientôt de Facebook. Il faut relever au passage la dimension symbolique du changement de certains noms. Carnet d'adresses, iCal ou l'antique Aide-mémoire n'ont pas disparu, mais Apple les a renommés respectivement Contacts, Calendrier et Notes. C'est la nomenclature d'iOS qui a eu l'avantage (et après tout, Calendrier pour un novice est plus parlant qu'iCal…). Le petit jeu pour les mois à venir sera de deviner quels sont les "apps" qui viendront compléter cette liste. Plans fait d'ores et déjà figure de favori.

On peut pester devant ce mariage lorsqu'on n'a que faire des appareils mobiles d'Apple, mais dans le cas contraire il a des avantages évidents. Ce que l'on apprend à faire sur son iPhone ou iPad est applicable à l'identique sur son Mac, et inversement. Les matériels ne peuvent pas être plus différents entre eux et pourtant une logique d'utilisation se dessine au niveau logiciel. Lorsqu'on pose son iPad pour allumer son Mac et mieux encore s'il est équipé d'un Magic Trackpad, les réflexes appris d'un côté sont conservés de l'autre.

Tout cela est conforté par une unité de style à l'écran (à peu près) homogène entre les applications qui existent dans les deux OS. Elles ont des identités fortes, d'aucuns diront discutables (si l'on n'aime pas la croûte de cuir…), mais on reste dans un univers cohérent. Et cette utilisation du skeumorphisme pour habiller les logiciels d'une allure réaliste participe à mieux identifier les uns et les autres plutôt que de tout niveler derrière une teinte grise et des interfaces quasi jumelles. Après c'est aussi une question de goût.

Pour rapprocher ses deux logiciels systèmes et renforcer cette unité globale, Apple mise plus que jamais sur iCloud. Encore en phase de rodage avec le couple iOS 5 / Lion, le service d'Apple est appelé à prendre son envol avec la cuvée 2012 des OS d'Apple.

En effet, la Pomme a intégré comme jamais son service de stockage de documents à Mountain Lion. C'est l'une des caractéristiques marquantes de cette version. On se retrouve à utiliser fréquemment cette fonction sans s'en rendre compte. Une intégration transparente qui va beaucoup plus loin que ce qu'Apple a pu proposer à une autre époque avec iDisk par exemple. Une intégration simple et efficace que certains ne manqueront pas de critiquer, car on ne maîtrise pas grand-chose dans cette affaire. Il faut avoir confiance en les serveurs d'Apple. Confiance, c'est le maître mot dans les services du "cloud", et chacun a encore aujourd'hui sa petite histoire, qui de doublon, qui de rendez-vous non synchronisés…

Cette fonction en tout cas pourrait bien faire un tabac. Il ne serait pas surprenant qu'un certain nombre d'utilisateurs vienne à augmenter rapidement leur espace de stockage sur iCloud. Pour le moment, le pari d'Apple est en bonne voie. Comme dans la publicité, on passe d'un appareil à l'autre avec ses documents synchronisés en se fichant pas mal de savoir si l'on est sur son iPhone son iPad ou son Mac. Tout est là et c'est le plus important. Au fil du temps d'ailleurs, on commence très vite à repérer les applications qui n'utilisent pas encore cette fonction.

Le principal reproche que l'on pourrait adresser dans cette intégration du nuage est l'absence d'un équivalent à Dropbox, déroutant de simplicité pour disposer d'un dossier fourre-tout présent à l'identique sur tous ses Mac et appareils mobiles. Au moins, avec le renfort du SkyDrive de Microsoft et de Google Drive pour ne citer qu'eux, les alternatives ne manquent pas.

Le troisième point marquant de Mountain Lion, c'est la sécurité. Après avoir été parfois dilettante sur la question, Apple prend le problème à bras le corps. Et sur ce point, on ne peut qu'applaudir des deux mains. Même si cela a fait grincer des dents chez certains développeurs notamment, la généralisation progressive du sandboxing, de Gatekeeper ou encore la gestion complète de l'ASLR (introduction d'une part de hasard dans la distribution des zones de données dans la mémoire virtuelle) au niveau du kernel devrait renforcer la sécurité de nos ordinateurs, qui avaient été bien mis à mal par l'affaire Flashback (lire aussi Apple et la problématique de la sécurité). Ironie du sort, ce malware a prospéré notamment en utilisant une faille Java, un Java qu'Apple avait rendu optionnel depuis Lion.

L'avantage des mécanismes mis en place, c'est qu'ils protègent les débutants sans pour autant «emprisonner» les "power users" qui pourront facilement décrocher certaines barrières dans les Préférences Système. Apple a probablement trouvé un juste équilibre, un exercice toujours délicat en matière de sécurité.



Qui dit nouveau système dit toilettage en règle. Sur un plan anecdotique pour beaucoup, Apple s'est débarrassé de X11 qui n'est plus installé par défaut. Les intéressés pourront toutefois se tourner vers un remplaçant (XQuartz). Autre victime dont l'absence est franchement plus casse-pieds au quotidien, l'abandon des flux RSS qui ne sont plus gérés nativement ni par Mail ni par Safari. Que ces flux aient toujours été utilisés par une minorité d'initiés, que les réseaux sociaux se soient infiniment plus développés, c'est incontestable. Mais ces derniers ne remplacent pas le RSS en tout, et cette amputation est regrettable. Au moins là aussi les logiciels dédiés ne manquent pas, gratuits et payants, et l'on pourrait voir des extensions Safari pallier cette absence.

Quoi qu'il en soit, à l'heure des comparaisons, ce lion des montagnes fait beaucoup penser à Snow Leopard. Si des choses ont changé en surface, Apple a également fait un vrai travail en profondeur. Lors de la présentation du 10.8, Craig Federighi le patron de son développement a indiqué qu'il embarquait plus de 1700 nouvelles APIs, tout un potentiel offert aux développeurs.



Très clairement, Mountain Lion n'est pas la mise à jour la plus marquante de l'histoire des systèmes d'Apple. Mais cette version comporte nombre de nouveautés (parfois très simples) qui rendent le quotidien plus agréable. On pense à Time Machine qui permet d'effectuer des sauvegardes sur plusieurs supports, à PowerNAP pour les tout nouveaux Mac, qui maintient un semblant d'activité alors que la machine est en veille (synchronisation iCloud, téléchargement des mises à jour, lancement des sauvegardes…), au Centre de notifications dont on se demande pourquoi il arrive sur Mac seulement en 2012, ou encore à la dictée vocale. Parfois cela confine à l'infime détail, comme ces icônes du Dock qu'il faut tirer bien plus franchement pour les en extraire. Cette modification ne changera rien pour beaucoup d'entre nous, mais on s'épargnera les appels au secours de novices paniqués parce qu'ils ont maladroitement supprimé des icônes en voulant cliquer sur un logiciel (histoire vécue maintes fois…).

Apple restant Apple, des utilisateurs jugeront que sur certains points les choses ne sont pas allées assez loin. Le Centre de notifications par exemple apportera à tout le monde un équivalent - allégé - au freeware Growl, mais avec une intégration au bureau plus élégante.



Toutefois, les utilisateurs avancés jugeront certainement les notifications d'Apple trop passives. Un exemple, vous êtes notifié d'un nouveau mail, et au vu de son intitulé vous décidez de le supprimer immédiatement.



Mais c'est impossible depuis les notifications, il faudra ouvrir Mail pour le faire, donc perte de temps pour une action qui aurait pu être conduite avec la notification. Un plug-in pour Mail comme Herald (pas encore compatible 10.8) sait afficher une notification doublée de quelques actions de base, mais on franchit ici un cap qu'Apple doit juger trop complexe pour la majorité des utilisateurs.

Avec Lion, Apple introduisait aussi un certain nombre de nouveaux concepts prometteurs, mais perfectibles. On pense entre autres à Mission Control ou à l'affichage plein écran qui n'avait pas du tout été pensé pour une utilisation avec deux écrans. Avec Mountain Lion, Apple a apporté des pincées d'améliorations à ces deux outils, malheureusement les défauts de jeunesse sont toujours bien présents et il n'y a pas eu de remise à plat générale pour rectifier le tir.

Cependant la somme des petites nouveautés, améliorations ou corrections d'erreurs d'interface datant de Lion (par exemple la présentation de Contacts plus commode) fait que le quotidien, à défaut d'être transformé, s'en trouve amélioré. On prend vite ses marques et si l'occasion est donnée de réutiliser Lion, les changements de Mountain Lion viennent à manquer rapidement. Autre élément positif, les dernières bêtas du 10.8 étaient d'une stabilité rare pour un système en développement. Il y a eu des bugs mais pas au point de pousser à un retour sur Lion en attendant la bêta suivante. Cet OS n'a pas quitté plusieurs de nos machines, utilisées quotidiennement, pendant la majeure partie de sa phase de développement.

De tout temps, un système d'exploitation a toujours été un organisme en évolution permanente. Ce n'est jamais fini et encore moins parfait : on avance, on recule parfois, de nouvelles routes se dessinent alors que d'autres sont fermées. Quelques-uns des changements apportés dans Lion ou Mountain Lion auront des conséquences plus radicales dans les prochaines versions d'OS X.

Avec des cycles de développement de plus en plus courts, il faut plus que jamais prendre OS X comme un perpétuel chantier, et non comme le système ultime qu'Apple cherchait par le passé à mettre au point avec Tiger ou Leopard. iOS, né d'OS X, a pris un ascendant sur son aîné à une vitesse stupéfiante et rebattu les cartes. L'évolution du Mac est désormais synchronisée avec celle de ses cousins mobiles et ces iPad ou iPhone nous accompagnant de partout, tout le temps, il n'est que très logique de voir leurs systèmes d'exploitation avancer de concert.

Mountain Lion affiche de sacrés progrès par rapport à ses prédécesseurs et simplifie l'utilisation de sa machine. C'est après tout ce qui est le plus important, et pour une somme modique.

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avatar Anonyme (non vérifié) | 
En regardant le store ce matin (05/08) je m'aperçois que la suite office Microsoft n'est plus proposée à la vente avec les nouveaux Mac. Y a t il un lien de cause à effet ?
avatar Anonyme (non vérifié) | 
Mountain Lion est une M....E, comme Lion en était une, les deux n'ont qu'un endroit qui leur corresponde: la poubelle.
avatar Anonyme (non vérifié) | 
Juste un petit mémo: entre la perte de fonctionalités multiples, le ralentissement proprement hallucinant (macbook pro 2010) et la présentation des apps sur le bureau (juste bon pour une facebook pouf bimboïsée qui veux avoir une machine assortie a son iphone a coque nacrée), ce truc là est juste une régression. (Sans parler de l'arrogance -habituelle- mais hallucinante, du marketting de Apple). Bref si mon Mac actuel n'avait pas des point forts techniques que je ne trouve pas (pour l'instant) ailleurs, je vendrai immédiatement cette machine et tout ce qu'elle est censée représenter et précisément pour ce qu'elle représente, que je trouve de plus en plus puant.
avatar Anonyme (non vérifié) | 
Est-ce possible de charger au moins OS X Lion sur un Mac Book pro incompatible avec OS S Mountain Lion?

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