2009 : les ventes d'Apple à la loupe

Arnaud de la Grandière |
Peu après avoir annoncé un trimestre record, Apple a transmis son rapport annuel au gendarme américain de la Bourse, la SEC.

Ce rapport d'une centaine de pages qui fait le détail des comptes pour l'année fiscale donne une bonne image de la progression des différents secteurs dans lesquels la firme de Cupertino officie, particulièrement en comparant avec les chiffres de l'année précédente. Apple a une nouvelle fois fait une année très satisfaisante dans un contexte économique difficile, avec un chiffre d'affaires global de 36,5 milliards de dollars. Les États-Unis représentent 54 % des ventes d'Apple, alors que les ventes internationales augmentent pour se hisser à 46 %.

Steve Jobs aime à dire qu'Apple est un tabouret sur trois pieds : Mac, iPod, et iPhone. Voyons de quoi il en retourne.

Le Mac s'en tire honorablement

Ainsi, bien qu'Apple ait vendu plus de Mac que l'an dernier (+7 %), le chiffre d'affaires qu'ils ont généré a baissé de 3 %, à cause de leur baisse de tarif, et d'un dollar plus fort qu'en 2008. Le Mac représente 37,72 % du chiffre d'affaires d'Apple (contre 43,95 % en 2008). Les portables tirent leur épingle du jeu, avec un chiffre d'affaires en hausse de 9% et des ventes unitaires en hausse de 20 %, alors que le chiffre d'affaires des Mac de bureau baisse de 23 % et les ventes unitaires de 14 %. Globalement, le Mac rapporte donc moins d'argent à Apple, mais se vend mieux.

L'iPod en légère baisse

Les ventes unitaires d'iPod (54 millions) ont baissé de 1 %, et le chiffre d'affaires qu'ils ont généré (8 milliards de dollars) a baissé de 12 %. Le CA a plus baissé que les ventes, étant donné la baisse des prix sur toute la gamme. Les bons résultats de l'iPod touch, un produit plus haut de gamme, ont permis de limiter la baisse de revenus. L'iPod représente 22,14 % du chiffre d'affaires d'Apple (contre 28,18 % en 2008). La saturation du marché semble se confirmer, avec l'iPhone en embuscade pour prendre la relève.

L'iPhone prend son essor

Avec l'ancienne règle de comptabilité toujours d'actualité pour Apple, elle peut enfin prendre en compte les ventes d'iPhone Edge dont la durée de vie de deux ans est arrivée à terme (on ignore d'ailleurs si les possesseurs d'iPhone Edge devront dorénavant payer pour les mises à jour du système). On mesure d'autant mieux l'impact de l'iPhone sur l'activité d'Apple, puisqu'après 2 ans de commercialisation il représente maintenant 18,49 % du chiffre d'affaires d'Apple, avec 6,7 milliards de dollars, contre seulement 5,68% en 2008 pour 1,8 milliard de dollars, et talonne dorénavant l'iPod dans les revenus d'Apple.



Tout le reste…

Avec l'explosion des applications sur l'App Store, iTunes prend de l'importance dans le CA d'Apple, passant de 10,28 % en 2008 (3,3 milliards de dollars) à 11,05 % en 2009 (4 milliards de dollars), et est en passe de devenir un quatrième pied du tabouret. En revanche, le CA des périphériques baisse (1,6 milliard de dollars en 2008 contre 1,4 milliards en 2009), passant de 5,1 à 4 % du CA. Enfin, les logiciels restent globalement stables d'une année sur l'autre.

Parmi les dépenses notables de la société, on retiendra 500 millions de dollars d'acompte à LG pour ses moniteurs LCD, et 500 autres pour la mémoire flash de Toshiba. Le département Recherche & Développement tourne à plein régime avec une hausse de 20 % des investissements, pour un total de 1,3 milliard de dollars, près du double du budget R&D de 2007 (Snow Leopard aurait coûté 71 millions de dollars à Apple). À comparer avec les 600 millions de dollars que Dell a dépensé en R&D, ou encore les quelque 9 milliards de dollars investis par Microsoft sur la même année…

D'autre part, Apple a investi 501 millions de dollars dans la publicité, contre 486 en 2008 et 467 en 2007. Cependant, si on rapporte ce chiffre aux revenus de la société, sa proportion est en baisse au fil des ans, passant 5 % en 2001 à 1,37 % aujourd'hui. À titre de comparaison, Research in Motion dépense 3,6% de ses recettes en publicités pour le Blackberry. Le demi-milliard investi par Apple dans la publicité reste également très modeste comparé au budget pub de Microsoft (1,4 milliard de dollars), ou celui de Dell (811 millions de dollars), pour un résultat semble-t-il autrement plus efficace.

Le jet de Steve Jobs n'aura coûté à Apple cette année que 4000 dollars (contre $871.000 en 2008), autrement dit l'avion est resté dans son hangar. Enfin, l'action Apple se porte mieux que jamais : $100 d'actions achetées en 2004 vaudraient aujourd'hui $957.

Quant aux dangers auxquels elle pourrait faire face, Apple cite particulièrement les difficultés financières potentielles de certains de ses fournisseurs clés en période de crise, qui pourrait mettre la firme à la pomme dans une situation délicate. Apple a également listé les quelque 16 procédures judiciaires intentées à son encontre, parmi lesquelles on trouve le procès intenté par Nokia (voir notre article Nokia : Apple va se défendre "vigoureusement").

Apple s'attend à ce que sa marge continue à baisser dans le futur, à cause de « l'impact anticipé de transitions de produits, un tarif moins élevé pour des nouveaux produits innovants qui ont des coûts structurels plus élevés, des hausses potentielles et prévues pour des composants clés, un dollar plus fort, et des coûts logistiques supérieurs ».
Tags
avatar Socrate1 | 
Intéressant. Merci pour cet article. J'aurais une question bête sur un point précis pour la rédac ou les autres lecteurs : quelqu'un sait dans quelle ligne les ventes d'OSX en retail sont incluses en définitive, Mac ou logiciels ? Perso je dirais Logiciels, mais j'avais lu quelque part que ce serait dans Mac.
avatar GStepper | 
En effet, c'est interessant, merci pour ces infos !
avatar Christophe Laporte | 
@ Socrate1 logiciels à mon avis
avatar oomu | 
Socrate1 : logiciel
avatar Zouba | 
Pour ceux qui voudraient aller lire les infos à la source :) http://www.apple.com/investor/
avatar Socrate1 | 
Merci pour vos réponses Ben dites donc, en part globale ça ne doit vraiment pas représenter grand chose. Vu le fourre-tout qu'est cette catégorie, avec aussi bien les logiciels pros que les iLife et tutti quanti, OSX au retail en l'état doit représenter peut-être 1% des revenus actuels d'Apple (et ce serait déjà bien). Ce qui veut dire par ailleurs qu'aux tarifs actuels, il faudrait multiplier la part de marché par plus de 35 pour compenser les pertes (les Macs représentant 37,7% des revenus cette année) si Apple décidait de basculer vers un modèle à la Microsoft et abandonnait le hard contre un modèle de licence comme le désirent certains. Si l'on prend une part de marché actuelle de 5% en moyenne (plus dans certains pays, moins dans d'autres), cela nous porterait à, heu, un modeste 175% de parts de marché. Même Microsoft au meilleur de sa forme n'ayant jamais dépassé les 95/98%, c'est pas gagné ^^. Même à 2% ceci dit, il faudrait atteindre plus de 70% de parts de marché pour qu'Apple ne perde pas d'argent dans cette évolution sans toucher au prix de son OS (qui est tout de même un de ses gros arguments marketings de ces derniers temps, simplicité avec son unicité et intérêt par sa relative modestie face à l'usine à gaz de microsoft). Même si je suis nul en math et en compta je comprends qu'ils ne soient pas pressés ^^. Bon, bien sûr, tout ceci n'est qu'un petit échafaudage intellectuel marrant, hein, pas la peine de le prendre pour plus sérieux qu'il ne l'est. Tant qu'on n'aura pas le détail de la ligne Logiciels et qu'on ne saura pas quelle est la part réelle d'OSX en retail dans les revenus actuels d'Apple (1, 2 ou 3%, je ne vois pas très bien comment ça pourrait être extraordinairement au-dessus), ce sera même un peu vain je suis le premier à le reconnaître ^^.
avatar Socrate1 | 
Ah oui tiens, pas con, j'avais pas vraiment fait gaffe. Faudrait reprendre mon petit raisonnement ludique avec le camenbert des bénéfices réels en fait… Il est dispo quelque part celui-là par contre ou Apple le garde soigneusement secret dans un coin ?
avatar oomu | 
coté bénéfice, c'est similaire. en connaissant la marge que se fait apple, en extrapolant avec ce que rapporte le mac, il devient absurde de dire qu'apple a intérêt à licencier os X. comme ce fut démontré par des tonnes d'exemples (sega en chine, ibm avec compaq, apple avec ses cloneurs, etc), ca revient à se faire cannibaliser les VENTES. or on voit qu'apple gagne BEAUCOUP sur le mac et que c'est en croissance. - en 2003 macobserver c'était déjà livré au calcul que faisait Socrate1. alors Dvorak disait à l'époque qu'apple allait passer au intel en ARRETANT de faire des machines et licencier Os X à tous. Bien entendu Dvorak avait tort (comme d'hab, il avait bien eu vent d'infos, mais il a interprété de travers, ni apple a fait de serveurs itanium, ni apple a abandonné son coeur de métier). à l'occasion, Macobserver essaya de démontrer que c'est folie de détruire le marché du mac (progressivement ou totalement) en licenciant os X. - pour arriver à l'équivalent de ce que gagne apple en vendant os x à un prix acceptable (calé vers le windows standard), avec des estimations de coûts assez classique et de marge typique, on obtient un chiffre délirant de licences à vendre. Et c'était en _2003_ en 2003, apple vendait MOINS DE MAC et avait MOINS d'espoir d'étendre le mac. - il faut réellement que vous compreniez ce qui est en jeux. Il s'agit pas pour apple de Sauver Le Monde en répandant un unix bleuté sur la Terre Meurtri mais de faire ce qui est le MIEUX pour la pérennité du mac et d'Apple. Or manifestement Apple SAIT ce qu'il faut faire , et ça marche : être un constructeur, se servir du logiciel pour rendre SON matériel meilleur. - Comme le rappelle gruber : le système d'exploitation c'est VITAL. http://daringfireball.net/2009/10/herd_mentality Regardez ce qu'est devenu HP (après sa fusion avec compaq et la destruction de leur activité logicielle et unix). Regardez ce qu'est devenu Sun en devenant l'entreprise la plus philantropique du monde,etc
avatar oomu | 
Apple est certainement géniale et nous fait des iBidule avec des boutons bleus pour autant, Apple ne peut pas dépasser les lois de la physique. Et c'est du déjà vécu. La pratique d'abandonner le matériel pour devenir logiciel, ce fut déjà fait ! Tiens d'ailleurs, une fois par Steve Jobs lui même (avec NeXT), ca a tourné vite court aussi. (et de plus son matos était trop spécifique, pour commencer) Be inc. SGI ! (ne me rappelez pas sgiiiii, sgi m'a abandonné ! ) - pour dire combien Steve Jobs considère le matériel comme essentiel pour faire des zolies logiciels : http://www.creativepro.com/article/inside-publishing-revolution-how-laserwriter-and-photoshop-changed-world anecdote sur la collaboration entre Apple et Adobe, et comment Steve Jobs conseilla qu'apple fasse le matériel et qu'Adobe reste une entreprise logicielle. C'était pour postscript et la LaserWriter. - Tant que la situation est telle, il est illusoire d'imaginer un changement - attendez que la situation change.
avatar mac_gyver | 
Moi, je ne veux pas que baisse des tarifs signifie baisse de qualité sur Mac ...
avatar Abmac | 
Une petite remarque : iPhone + iPod est supérieur au Mac (40,6% contre 37,7%). Je sais que cela ne prend pas en compte les logiciels, mais on remarque ainsi que le Mac ne représente que la moitié de la ressource financière si l'on s'arrête au matériel.
avatar Dr_cube | 
Merci pour ce bon article. Par contre j'ai juste une remarque générale, qui concerne tous les articles de ce genre sur MacGé : [b]Les camemberts c'est le MAL ![/b] Et c'est encore pire lorsqu'ils sont en 3D. Lorsqu'on présente des données statistiques sérieuses il ne faut pas utiliser les camemberts ! Préférez plutôt les histogrammes en ordonnant les valeurs. C'est la seule manière d'avoir une vision précise de la situation. Les camemberts sont à banir définitivement, ils n'ont aucun intérêt. Déjà qu'avec les camemberts il est impossible de visualiser correctement quel secteur est plus grand qu'un autre, la 3D ne fait qu'empirer les choses ! On n'a aucune information supplémentaire sur le troisième axe, donc on ne le met pas. C'est tout. Il en va de même sur les histogrammes : pas de 3D lorsque ce n'est pas nécessaire. Je sais que Steve Jobs abuse de la 3D pour "fausser" la visualisation et mettre en valeur Apple, mais c'est une pratique à éviter à tout prix sur un magazine d'information... Par exemple sur ce camembert il est impossible de différencier les tailles de la portion verte et de la portion jaune sans lire les valeurs numériques. En d'autres termes la représentation graphique n'apporte aucune information. A l'inverse, un histogramme ordonné montrerait clairement la différence entre l'iPhone et l'iPod. Bref, à vous de choisir entre les jolies camemberts colorés et les histogrammes sérieux mais peut-être moins accrocheurs.
avatar Socrate1 | 
Présenté comme ça, j'ai comme un doute sur le choix que va faire l'équipe de MacG ^^ [quote] Bref, à vous de choisir entre les jolies camemberts colorés et les histogrammes sérieux mais peut-être moins accrocheurs.
avatar Dr_cube | 
@Socrate1 : Lol oui bien en tout cas abandonner les camemberts c'est la voie de la raison. Je n'ai jamais vu un article scientifique sérieux présenter des données statistiques dans des camemberts. Je connais plusieurs spécialistes des stats qui sont formels sur ce point : les camemberts n'apportent rien et ne font qu'embrouiller le lecteur.
avatar Brewenn | 
C'est vrai que quand un camembert est trop bien fait, c'est que ça coule :)
avatar PO_ | 
à tout ceux qui trouvent que les camemberts, ça pue, je ne poserais qu'une question : vu que les poucentages sont indiqués, c'est vraiment difficile de les lire ? L'argument du manque de différentiation entre la portion verte et la portion jaune serait le même avec un histogramme : les barres auraient quasiment la même hauteur. Ok qu'on pourrait mieux percevoir une différence de hauteur, mais de toute façon, l'indication du pourcentage reste indispensable , alors, il est où le vrai problème ?
avatar Dr_cube | 
Je l'ai clairement expliqué dans mes précédents posts. Le camembert n'est pas une représentation sérieuse. C'est une représentation fantaisiste inventée pour mettre de jolis dessins dans des documents habituellement chiants à lire. Il n'en reste pas moins qu'ils n'apportent quasiment aucune information supplémentaire par rapport à une simple table de données. Au contraire même, leur grossièreté peut parfois tromper le lecteur. Les histogrammes permettent de signifier de nombreuses autres informations : moyennes, médianes, maxima, minima, etc. et on peut voir directement l'ordre sans lire les valeurs numériques. Un article sérieux doit préférer les histogrammes aux diagrammes circulaires. Et dans tous les cas la 3D doit être bannie définitivement de ces diagrammes.
avatar Brewenn | 
@PO_ Dr_cube l'a pourtant clairement expliqué. Ce n'est quand même pas pour rien le Dr !
avatar Dr_cube | 
Le Dr devant mon pseudo n'a rien à voir avec un quelconque grade, diplôme ou profession. Je ne suis absolument pas médecin. C'est juste que ça me paraissait cool quand j'avais 14 ans et que la Gamecube venait d'être présentée. Par contre c'est Dr_cube, pas Dr_cu. O_O
avatar JayTouCon | 
ah ben voila l'explication de Dr-House. il a vu une maison et pof.

CONNEXION UTILISATEUR