Test des MacBook Pro 15’’ Touch Bar Core i7 à 2,6 GHz et Core i9 à 2,9 GHz (2018)

Mickaël Bazoge |

Par bien des aspects, la gamme 2018 des MacBook Pro avec Touch Bar ressemble à ce que les utilisateurs de ces ordinateurs réclament depuis plus de deux ans : de la puissance avant tout. C’est ce qu’offrent résolument ces nouveaux modèles de 15 pouces.

Si on ne peut pas en vouloir au MacBook Pro 13 pouces de ne pas afficher (encore) les performances d’un ordinateur de bureau, ce modèle se rattrape par une compacité que ses grands frères de 15 pouces ne peuvent logiquement proposer.

En revanche, on attendait ces MacBook Pro sur le terrain de la patate pure et dure et on ne sera pas déçu... même si le Core i9 n’aura pas forcément d’intérêt pour tout le monde.

Sur la fiche technique

Les trois nouveaux processeurs des nouveaux MacBook Pro 15 pouces font partie de la génération « Coffee Lake » d’Intel. Les Core i7-8750H, Core i7-8850H et Core i9-8950HK partagent des points en commun : ils sont tous trois gravés en 14 nm, ils comptent chacun 6 cœurs physiques et 12 cœurs logiques.

Ils affichent également la même enveloppe thermique de 45 watts et ils embarquent la carte graphique intégrée Intel UHD 630 ; fort heureusement, ils emportent aussi avec eux une carte graphique dédiée, la Radeon Pro 555X avec 4 Go de GDDR5 (on pourra opter pour une Radeon Pro 560X en option).

La génération 2018 des MacBook Pro 15 pouces inaugure de la mémoire vive DDR4, une RAM qui était jusqu’à présent l’apanage des iMac. Cette quatrième génération de mémoire DDR (« double data rate ») est plus rapide tout en étant plus économe que la DDR3. Mais tout de même plus gourmande que la LPDDR3 (LP pour « low power ») que l’on trouve toujours dans le MacBook Pro 13’’ 2018.

Comment Apple s’est-elle arrangée pour glisser de la mémoire vive pour ordinateurs de bureau dans un portable ? Il n’y a pas mille manières de faire : en augmentant la capacité de la batterie ! Celle des MacBook Pro 15 pouces est plus imposante, sans que l’autonomie n’en soit particulièrement améliorée.

On pourra connecter sur ce MacBook Pro jusqu’à deux écrans externes 5K (5 120 x 2 880 @ 60 Hz), ou jusqu’à quatre écrans 4K (4 096 x 2 304 @ 60 Hz). Ces ordinateurs comprennent également un contrôleur Thunderbolt 3 Intel JHL7540 compatible DisplayPort 1.4 ; en langage humain, cela signifie que ces machines peuvent supporter un écran 8K à 60 Hz en le branchant sur un seul de leurs ports Thunderbolt.

Ces moniteurs sont encore très rares sur le marché et bien sûr, leurs prix sont prohibitifs. De plus, Apple a fait savoir que si DisplayPort 1.4 était bien supporté par les MacBook Pro 15’’ de 2018, ce n’était pas (encore) le cas avec les écrans 8K. Cela arrivera peut-être un jour via une mise à jour logicielle, si le constructeur le veut bien.

Apple vend deux configurations de base du MacBook Pro 15 pouces 2018 :

  • 2 799 € : Core i7-8750H à 2,2 GHz (Turbo Boost 4,1 GHz), Radeon Pro 555X, 16 Go de RAM, 256 Go de stockage.
  • 3 299 € : Core i7-8850H à 2,6 GHz (Turbo Boost à 4,3 GHz), Radeon Pro 560X, 16 Go de RAM, 512 Go de stockage.

En option sur n’importe lequel de ces modèles, on pourra ajouter (attention à la douloureuse) :

  • 480 € : un Core i9-8950HK à 2,9 GHz (Turbo Boost à 4,8 GHz).
  • 480 € : 32 Go de RAM DDR4 à 2 400 MHz.
  • 120 € : une Radeon Pro 560X avec 4 Go de GDDR5.
  • 4 080 € : 4 To de SSD (des paliers sont heureusement proposés, à partir de de 240 € pour 512 Go). À noter que ces 4 To reviennent un peu moins cher en option avec le Core i7 à 2,2 GHz (3 840 € tout de même).

Un MacBook Pro tout équipé (Core i9, 32 Go de RAM, 4 To de SSD, Radeon Pro 560X) revient à un maximum de 7 959 €, une paille.

Le coup de la panne

Reste à savoir ce que ces bestiaux ont dans le ventre. Nous avons eu l’occasion de tester quelques jours deux MacBook Pro 15 pouces 2018 : le Core i7 à 2,6 GHz et un modèle équipé du Core i9. Nous essaierons à l’occasion un portable Core i7 à 2,2 GHz mais en attendant, voici pour les amoureux des chiffres, quelques tests.

Le Core i9 a été l’objet de toutes les attentions pour les mauvaises raisons : un bug provoquait un bridage des performances, en particulier lors de tâches très exigeantes. Après plusieurs jours d’atermoiements, Apple a fini par identifier le problème et surtout, à mettre en ligne un correctif sous la forme d’une mise à jour supplémentaire pour macOS 10.13.6.

Cette nouvelle version a stabilisé la fréquence du processeur. Un de nos tests consistait à miner de la cryptomonnaie (en sollicitant les 12 cœurs) tout en faisant rouler en tâche de fond Valley Benchmark, qui tire tout le jus de la carte graphique.

Avant la mise à jour supplémentaire (capture de gauche), ce test provoquait une belle panique, le processeur faisant le yoyo entre 800 MHz et 1,9 GHz dès que la machine dépassait les 90 degrés. Après installation de la mise à jour (capture à droite), miracle : la fréquence se stabilise, même si on observe un creux lorsque l’ordinateur franchit les 95 degrés environ.

La fréquence tend ensuite à remonter et à se stabiliser à nouveau, cette fois autour de 1,7 GHz. La puce ne parvient pas, malgré tout, à dépasser les 2 GHz mais il faut sans doute mettre cela sur le compte du logiciel de minage, qui n’est peut-être pas parfaitement optimisé.

La mise à jour supplémentaire se destinait aussi au MacBook Pro Core i7. L’effet de cette nouvelle version de macOS 10.13.6 sur cette machine a eu une conséquence étonnante sur notre test CPU + GPU. Avec la précédente mouture du système, la fréquence restait stable autour des 1,8 GHz (capture de gauche ci-dessous).

Après l’installation de la mise à jour supplémentaire, le test a provoqué un pic de la fréquence en même temps que la température de la machine atteignait les 100 degrés (capture de droite). Ensuite, retour dans la zone de fréquence de 1,7 GHz.

Au test Cinebench R15 (modélisation 3D), qui mesure les performances du processeur et de la carte graphique avec OpenGL, les performances des deux MacBook Pro 15 pouces demeurent relativement proches. Le patch de macOS 10.13.6 a sérieusement amélioré les résultats du Core i7, en particulier au niveau du test OpenGL (avant la mise à jour, le nombre d’images/seconde plafonnait à 77 environ).

Dans nos tests applicatifs, les différences entre les deux Core i7 et i9 sont… contrastées. Les performances se sont montrées équivalentes dans Final Cut Pro et Logic Pro entre les deux 15 pouces, mais la compilation Xcode se montre plus véloce sur le Core i9 — les développeurs devraient apprécier !

Si l’iMac 5K est deux fois plus rapide au test d’export Final Cut Pro X, en revanche les deux 15 pouces de 2018 lui en mettent plein la vue en nombre de pistes Logic Pro X.

Dans les tests synthétiques Geekbench 4, les deux MacBook Pro 15 pouces font jeu égal, voire mieux, que l’iMac 5K Core i5 à 3,8 GHz, le haut de gamme de cette famille (hors option). Le portable Core i9 bat le tout-en-un dans les tâches mono-cœur, les deux cœurs supplémentaires écrasent l'iMac dans les tâches multi-cœur. Le Core i9 dépasse d'une bonne tête le Core i7 dans ce dernier domaine.

L'iMac n'a plus pour lui que ses performances Metal, mais il bénéficie d'une Radeon Pro 580 un poil plus puissante. Autrement dit, les MacBook Pro 15 pouces de 2018 sont au niveau du haut de gamme de l’iMac 5K 2017, le tout dans l’encombrement d’un ordinateur portable. Voilà qui n’est pas rien !

Le Core i9 aura un intérêt chez les utilisateurs qui ont besoin de faire tourner des logiciels bien spécifiques (on pense aux mathématiciens par exemple). Avec notre application de minage de cryptomonnaie (et en dehors de toutes considérations énergétiques), les performances sont en moyenne de 25% supérieures à celles du Core i7. Cela n’a rien de négligeable.

Un mot rapide sur les SSD, qui sont très rapides, comme l’a promis Apple. Les chiffres du Speed Test de Blackmagic donnent des résultats similaires pour les deux ordinateurs : autour de 1 600 MB/s en écriture, autour de 2 600 MB/s en lecture. On est encore un peu loin des performances vantées par Apple (jusqu’à 3,2 Go/s), mais c’est bien au-delà du reste de la concurrence.

Les performances du SSD sur le Core i9.

Apple est l'un des rares constructeurs à intégrer des SSD NVMe, bien plus performants que les SSD SATA utilisés par la majorité de ses concurrents. Ce qui explique au passage pourquoi le stockage coûte si cher à Cupertino...

Les bonus : T2, True Tone, Dis Siri, Touch Bar et clavier

Si les MacBook Pro 15 pouces accueillent de nouveaux processeurs et de la mémoire vive de nouvelle génération, Apple ne s’est pas contenté de cela. Les deux machines embarquent les mêmes mignardises que la version de 13 pouces, à savoir la puce T2, l’écran True Tone, le support de « Dis Siri »... et un nouveau clavier.

Avec la puce T2, qui remplace fort logiquement la puce T1 présente dans les deux précédentes générations de MacBook Pro avec Touch Bar, Apple commence à renverser sérieusement les rôles entre ses systèmes-sur-puce pour Mac et les processeurs Intel.

La T2 est non seulement le passage obligé du processus de démarrage de l’ordinateur, mais elle pilote aussi plusieurs composants bas niveau comme le contrôleur de mémoires SSD, le contrôleur audio, ainsi que le contrôleur de gestion système. Elle apporte également de nouveaux réglages de sécurité que l’on a eu l’occasion de décrire dans cet article.

Lors du premier lancement du Mac, ce panneau permet de se rendre compte des variations de couleur de l’écran en cliquant sur le bouton Avec ou Sans affichage True Tone.

La fonction True Tone, activée par défaut durant la configuration initiale, a aussi son propre bouton dans les préférences système Moniteurs. Pour mémoire, True Tone permet à l’écran d’optimiser l’affichage des couleurs en fonction des conditions d’éclairage ambiant (lire : MacBook Pro 2018 : aperçu des nuances de True Tone).

Typiquement, dans un bureau plongé dans la lumière jaune des lampes, l’écran prendra une teinte jaune/orangée. En désactivant True Tone, on se rend compte à quel point la lumière bleue irradie littéralement de l’écran. Réduire cette exposition repose les yeux, comme c’est le cas sur l’iPad Pro et les iPhone 8/8 Plus et X. Retrouver cette fonction sur MacBook Pro est un bonus appréciable, ne serait-ce qu’en raison de la taille de l’écran !

La puce T2 ouvre en continu les grandes oreilles des MacBook Pro (ils embarquent trois micros). De fait, la fonction « Dis Siri » fait son apparition sur ces machines, une première pour le Mac. Le tout se règle durant la configuration de l’ordinateur ou depuis les préférences système de Siri.

L’assistant peut ensuite être convoqué via sa phrase fétiche, y compris sur l’écran verrouillé si on le désire (Siri demandera une authentification dès lors que l’ordre concerne des fichiers). Pour le reste, si vous n’utilisiez pas Siri avec vos précédents Mac, il y a peu de chance pour que cette nouveauté vous fasse changer d’avis : l’assistant y est toujours aussi empoté (lire : « Dis Siri », qu’est-ce que ça donne sur le MacBook Pro 2018 ?).

Pour le moment, Apple n’a mis à jour que le haut de gamme de ses MacBook Pro, c’est à dire ceux équipés de la Touch Bar. Pas vraiment utile sur le 13 pouces, la barre tactile ne l’est guère plus sur le 15 pouces. Si ce n’est pour distraire l’utilisateur avec ses suggestions et ses boutons colorés qui surgissent à chaque changement d’application...

Apple ne donne pas beaucoup de chance à son produit : s’il existe un raccourci pour Night Shift, il n’y a aucun bouton pour désactiver True Tone... Cela serait pourtant bien pratique pour les photographes, les vidéastes et tous les professionnels de l’image qui veulent rapidement désactiver la fonction sans se perdre dans les préférences système.

Un outil comme BetterTouchTool permet d’aller (beaucoup) plus loin dans la personnalisation de la Touch Bar, mais encore faut-il avoir le temps de s’y plonger (lire : Prenez le contrôle de la Touch Bar avec BetterTouchTool). La barre tactile vaut surtout pour Touch ID, qui reste incontestablement utile... en attendant Face ID ?

Quant au clavier, il inaugure la troisième génération de la technologie « papillon ». Apple vante un clavier plus silencieux que les précédentes générations, la bonne nouvelle c’est que c’est vrai (ouf ?).

Mais l’autre bonne nouvelle et la seule qui vaille pour de nombreux utilisateurs, c’est que ce clavier est bien mieux protégé contre la poussière et les débris. Une fine membrane de silicone protège le mécanisme papillon des risques de mauvais fonctionnement dû à la présence de ces indésirables (lire : MacBook Pro 2018 : Apple reconnaît en interne le vrai rôle du clavier modifié).

Si iFixit a pu tester la résistance aux poussières de ce nouveau clavier, cette couche de plastique ne fait pas non plus de miracles. Il faudra surveiller les retours des utilisateurs d’ici quelques mois. Rappelons qu’Apple a mis en place un programme de réparation pour les claviers papillon défectueux des première et deuxième générations.

Autonomie

Pour le dire simplement, nous n’avons pas été spécialement éblouis par l’autonomie de ces deux modèles 2018 du MacBook Pro 15 pouces. Les processeurs Coffee Lake et la RAM DDR4 leur permettent d’obtenir des progrès significatifs au niveau des performances, tant mieux, c’est cela que l’on cherche dans ces machines. Le revers de la médaille, c’est que la batterie prend cher.

Notre test 100%, qui consiste à faire tourner Valley Benchmark avec les réglages graphiques au maximum, retourne des résultats globalement moyens pour les deux modèles testés. On est en dessous du MacBook Pro 13 pouces de 2018, mais aussi sous les modèles 13 et 15 pouces de 2017 et 2016.

Notre test empirique donne des résultats médiocres. Il s’agit de mesurer l’autonomie des machines pendant une journée de travail ordinaire chez MacG : beaucoup de web, relève du courriel toutes les minutes, utilisation intensive de plusieurs apps (iA Writer, Pixelmator Pro, Messages et Mattermost, Tweetbot...), écoute d’Apple Music sur iTunes. On obtient un maigrelet 5h30 sur le Core i7 et 5h25 sur le Core i9.

Évidemment, cette journée type ne sera pas nécessairement la vôtre. L’autonomie relevée n’en demeure pas moins décevante. Puisque Apple a trouvé la solution pour ses claviers, il serait bon désormais que le constructeur se penche maintenant sur cette problématique... à moins que la Pomme préfère se concentrer sur un futur MacBook ARM à l’autonomie renversante !

Pour conclure

Ils sont beaux les MacBook Pro 15 pouces de 2018, et surtout... ils sont puissants. C’est le premier critère qui compte pour les utilisateurs de ces machines et ils seront servis. Les deux premières générations ne déméritaient pas, mais des progrès significatifs ont été réalisés pour cette gamme 2018. Des performances dignes du haut de gamme de l’iMac 5K dans un encombrement et un poids réduits (1,83 kg), la promesse est tenue.

Dans ce domaine, le Core i9 demeure une option qui intéressera la frange d’utilisateurs aux besoins les plus pointus, nécessitant l’exploitation d’un processeur à fréquence élevée. Le Core i7 2,6 GHz présente de son côté tout le nécessaire (et plus encore) pour répondre aux usages plus courants mais pas moins exigeants.

La liste des griefs est la même que pour le 13 pouces : une Touch Bar anecdotique, d’épaisses bordures autour de l’écran, une webcam FaceTime cacochyme. On ajoutera un écran toujours très beau certes, mais qui gagnerait à franchir une nouvelle étape... et pourquoi pas la 4K.

Si l’on regrette encore et toujours une autonomie qui a peu évolué ces dernières années, cela reste moins embêtant que sur le MacBook Pro 13 pouces, un ordinateur par nature davantage orienté vers une utilisation nomade. Les modèles de 15 pouces restent des ordinateurs portables « de bureau » si on peut dire, ils sont souvent posés là où une prise n’est pas loin. En tout cas, ils en ont maintenant la puissance.

Note

Les plus :

  • Un bond dans les performances

  • Options Core i9 et 32 Go de RAM

  • Clavier plus silencieux et plus fiable

  • Bonus sympathiques (True Tone, Dis Siri)

Les moins :

  • Touch Bar anecdotique

  • Autonomie médiocre

  • Ça commence à faire cher tout ça

Accédez aux commentaires de l'article