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Test du MacBook Pro 15" 2017 (Core i7 à 2,9 GHz)

Anthony Nelzin-Santos

Friday 07 July 2017 à 10:55 • 172

Matériel

Vous voulez acheter le modèle le plus puissant de la gamme MacBook Pro ? Il vous en coûtera 3 299 €, soit 100 € de plus que l'an passé (mais toujours 1 700 € de moins que le modèle toutes options que nous avions testé il y a quelques mois). Le MacBook Pro 15 pouces à processeur 2,9 GHz est le vaisseau amiral de la flotte d'Apple — mais est-ce un esquif ou un cuirassé ? La réponse dans notre test.

À la (re)découverte du MacBook Pro 15 pouces

De la même manière que mon collègue Stéphane a « découvert » l'iMac en testant le nouveau modèle 21,5 pouces, j'ai (re)découvert le MacBook Pro 15 pouces en testant ce modèle. J'ai passé mes premiers salaires dans un MacBook Pro 15 pouces à grille-pain Core Duo intégré, revendu pour financer l'achat d'un MacBook Pro 17 pouces à écran « haute définition » mat.

Encore aujourd'hui, j'ai besoin d'un ordinateur portable mais puissant, pour développer des photos et compiler des sites web, faire de la musique et mener des analyses statistiques. Mais après l'abandon du MacBook Pro 17 pouces, je suis passé aux ordinateurs à écrans 13 pouces et processeurs Intel Core i7, gagnant en mobilité ce que j'avais perdu en puissance brute.

À quelques exceptions près, je n'ai pas touché à un MacBook Pro 15 pouces depuis, et c'est la première fois que j'utilise pendant plusieurs jours une machine dotée d'une Touch Bar et d'un grand trackpad Force Touch. Avant de passer aux mesures donc, vous me permettrez de dire quelques mots de ces éléments que vous connaissez peut-être, mais qui me sont largement inconnus.

Le trackpad, d'abord. Le grand trackpad, le large trackpad, l'immense trackpad. L'espace entre le clavier et le trackpad réduit à peau de chagrin, on ne peut plus y reposer l'annulaire et l'auriculaire. Il faut donc les tenir en l'air ou les poser sur le trackpad lui-même, c'est-à-dire choisir entre la fiabilité d'opération (mais la main crispée) et le confort d'utilisation (mais un contrôleur dépassé par la présence de deux doigts supplémentaires).

Autrement dit : en agrandissant le trackpad du MacBook Pro, Apple a compromis la réalisation de gestes quotidiens à un ou deux doigts pour améliorer celle de gestes à trois ou quatre doigts. La société qui mit au point le premier ordinateur portable à trackpad intégré, et vend aujourd'hui un quart de milliard d'appareils tactiles par an, a « bêtement » regressé sur ce plan.

C'est d'autant plus dommage que les avantages procurés par cet élargissement du trackpad sont indéniables : le zoom, le changement de bureau virtuel et l'affichage de Mission Control, ou encore les manipulations complexes dans Logic ou Final Cut, sont grandement facilités. Le retour haptique procuré par le Taptic Engine est toujours aussi agréable, même si l'on pourrait regretter que le développement de Force Touch ne soit pas aussi poussé que celui de 3D Touch sur l'iPhone.

Le clavier, ensuite. Les amateurs de claviers mécaniques n'apprécieront pas sa course courte et sèche, qui renvoie la force de frappe plutôt que de la dissiper, mais d'autres l'adorent. Disons qu'à défaut d'être incontestablement agréable, ce clavier est indubitablement efficace : après quelques jours d'acclimatation, je suis parvenu sans peine à frapper 120 mots par minute avec une fiabilité supérieure à 95 %, la cadence nécessaire pour restranscrire fidèlement un exposé oral.

Et puis ce clavier a des arguments à revendre, comme la stabilité de ses mécanismes papillon « de deuxième génération », ou le rétroéclairage individuel de chacune de ses touches. Attention toutefois : quelques utilisateurs se plaignent d'avoir dû renvoyer leur machine après qu'une ou plusieurs touches sont restées bloquées ou subitement tombées en panne. Ce n'est certainement pas un problème courant, mais c'est un problème clairement identifié de ce nouveau clavier.

À la découverte de la Touch Bar, aussi

Puisque l'on remonte le topcase, parlons de la Touch Bar, enfin. Par où commencer ? Par les extrémités, tiens. On a fait tout un foin du remplacement de la touche esc par un bouton tactile. C'est un faux problème : même s'il est parfois surprenant qu'elle prenne la forme d'un grand bouton Terminer ou d'une petite croix de fermeture, on peut l'atteindre sans viser précisément, l'étendue de sa zone tactile dépassant largement le cadre de ses différentes incarnations.

À l'inverse, on n'a pas dit assez de bien de l'intégration d'un capteur Touch ID dans le bouton d'allumage. Une fois connecté à sa session, et à condition bien sûr de l'avoir configuré, on peut l'utiliser presque partout où le système demanderait sinon un mot de passe, notamment à la sortie de veille. Il facilite encore les achats en ligne grâce à Apple Pay… ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle (et puis soyons francs : en France du moins, et sur le web en particulier, Apple Pay est encore peu répandu.)

Entre les deux, les choses sont plus… complexes. La Touch Bar casse le paradigme de la manipulation indirecte qui fait la spécificité de la plateforme Mac : l'affichage est sur le plan vertical (mais la Touch Bar est sur le plan horizontal), le clavier et le trackpad travaillent ensemble sur le plan horizontal (mais la Touch Bar entre en concurrence avec les deux). Elle ne demande pas seulement un temps d'adaptation, mais une refonte des modes d'interaction avec macOS.

Or Apple n'a pas (encore ?) mené ce chantier : même en se forçant à l'utiliser, il est souvent difficile de trouver un intérêt concret à la Touch Bar. Quand elle ne duplique pas des raccourcis clavier ou des éléments de la barre d'outils, elle présente des éléments confondants d'inanité, comme les minuscules aperçus faisant office de barre de défilement dans Photos. Ce n'est pas comme si l'écran permettait d'afficher des miniatures de taille raisonnable et le trackpad permettait de défiler rapidement et précisément !

Tout n'est pas à jeter : dans Final Cut ou Logic, ou encore dans Sketch et Affinity Photo, elle montre comment elle pourrait faciliter la manipulation de certains curseurs et objets, ou plus généralement de fonctions cachées dans des sous-menus et/ou innaccessibles par des raccourcis clavier. Mais les utilisateurs de ce genre d'applications ont déjà des habitudes de travail bien établies, et ne sont peut-être pas ceux qui adopteront le plus rapidement la Touch Bar.

Vous me direz qu'elle peut mettre le pied à l'étrier de nouveaux utilisateurs de ces applications complexes, et qu'elle n'est pas tout à fait inutile dans Safari ou le module d'édition de Photos. Vous avez bien raison, mais cela ne me fera pas oublier cette sensation que sur un plan purement conceptuel, Apple a choisi la mauvaise machine pour inaugurer cette technologie, même si elle n'avait sans doute pas d'autre choix sur les plans techniques et tarifaires.

Dans ses propres applications, Apple fait montre d'un manque cruel d'ambition, la Touch Bar fournissant rarement une alternative supérieure à l'interface conventionnelle. Pire : elle fait parfois montre d'une incohérence troublante, lorsque Pages et Notes fournissent deux jeux complètement différents de boutons, ou lorsque les boutons de fermeture apparaissent à droite des boutons plutôt qu'à la place de la touche esc. Cela n'aide pas les utilisateurs à se familiariser avec la Touch Bar, et ne pousse les développeurs tiers à se fouler.

Et puis en tapant vite, on peut changer la luminosité ou le volume par erreur, parce que le gras du doigt effleure la barre en allant chercher un « à » ou un tiret un peu haut. La deuxième ou la troisième révision de la Touch Bar sera peut-être incontournable, mais en attendant, elle n'est pas particulièrement convaincante. Au moins n'est-elle pas une nuisance.

Une machine puissante, mais…

Pour être tout à fait complet sur les composants externes, il faudrait encore mentionner l'écran Retina offrant une résolution de 227 ppp et une luminosité de 500 nits, et prenant en charge l'espace colorimétrique P3 et le codage des couleurs sur 10 bits. Ou la webcam offrant une « qualité HD » passable, occupant la bordure la plus épaisse, ou plutôt la moins fine puisque celles du MacBook Pro sont bien plus discrètes que celles de l'iMac. Ou encore les hauts-parleurs offrant un son étonnamment ample et profond, et surtout un volume suffisant pour sonoriser une pièce.

Les machines utilisées dans les comparaisons suivantes. Cliquer pour agrandir

Mais passons plutôt aux composants internes, comme le processeur Intel Core i7-7820HQ, doté de quatre cœurs cadencés à 2,9 GHz. Comme tous les processeurs Intel Core récents, il prend en charge le Turbo Boost, qui lui permet d'atteindre jusqu'à 3,9 GHz sur un seul cœur. Et comme tous les processeurs Intel Core i7, il prend en charge l'Hyper-Threading, qui « transforme » les quatre cœurs physiques en huit cœurs logiques. Ce n'est pas négligeable, mais ce n'est pas l'alpha et l'oméga non plus.

Pour beaucoup d'applications en effet, même celles qui sont bien adaptées au multi-threading, la fréquence brute importe plus que le nombre de cœurs. Cela explique que l'iMac 27 pouces haut de gamme réalise certaines tâches presque deux fois plus rapidement que le MacBook Pro haut de gamme : son processeur Intel Core i5 quadricœur ne prend certes pas en charge l'Hyper-Threading, mais il est cadencé à 3,8 GHz, et n'est pas limité par les mêmes restrictions énergétiques.

Le test synthétique Geekbench. Cliquer pour agrandir

D'une génération de MacBook Pro à l'autre, les gains sont limités mais pas négligeables, de l'ordre de trois secondes à la minute dans l'exportation d'un clip 5K dans Final Cut. L'apport de la bonne dotation en RAM de série (16 Go, même si l'on peut regretter l'absence d'une option 32 Go, qui serait fort utile dans Final Cut ou Logic) et du SSD capable de débits supérieurs à 3 Go/s (qui peut désormais être soutenu par du stockage Thunderbolt 3 à sa hauteur) dans le confort général d'utilisation est indéniable.

Nos traditionnels tests applicatifs. D'une génération à l'autre, les gains sont limités, mais on n'attendait pas autre chose. La différence entre les 13 et 15 pouces est claire, plus grand nombre de cœurs et meilleure dotation en RAM obligent, mais l'écart avec l'iMac se creuse.Cliquer pour agrandir

Un confort seulement troublé par le ronronnement des ventilateurs : les pales fractionnées inaugurées par le MacBook Pro 15 pouces « accroissent le flux d'air », selon Apple, mais n'empêchent pas la mise en route précoce du système de refroidissement. Au moins est-il efficace, maintenant toujours la température des composants à un niveau raisonnable, et assurant le retour rapide à la température de base.

Les ventilateurs se mettent notamment en route lorsque la carte graphique dédiée, une AMD Radeon Pro 560 à 4 Go de VRAM GDDR5, est mise à contribution. Si elle n'est pas aussi « robuste » que la Radeon Pro 580 à 8 Go de VRAM GDDR5 de l'iMac 27 pouces, seule à même de résister aux workflows 3D et VR les plus exigeants, elle est tout de même fort capable. Entre deux « trucs de pro », vous pourrez jouer à des jeux relativement récents en 1080p entre 40 et 60 i/s, ce qui est toujours ça de pris.

Le test synthétique Valley Benchmark, qui se rapproche du comportement d'un jeu. Cliquer pour agrandir

Si la dernière génération de composants n'est pas beaucoup plus puissante que la précédente, elle est un peu plus économe. Ainsi le MacBook Pro 15 pouces 2017 a tenu 1h41 dans notre test d'autonomie « 100 % », qui consiste à épuiser la batterie le plus rapidement possible, soit un bon quart d'heure de plus que son prédécesseur.

Nos traditionnels tests d'autonomie. Cliquer pour agrandir

L'écart est moins significatif dans notre test plus empirique, qui consiste à utiliser la machine comme nous le ferions pendant une journée de travail typique, mais j'ai été épuisé avant la batterie… après plus de 7h40 d'utilisation. Reste que les MacBook Pro 15 pouces 2014 frôlaient les neuf heures dans le même exercice.

…moins impressionante que par le passé

On ne va pas faire la fine bouche : cette machine est clairement l'ordinateur portable le plus puissant jamais vendu par Apple. Mais avec le repositionnement de la gamme tout-en-un, l'écart entre le MacBook Pro et l'iMac s'est creusé, le premier n'est plus tout à fait une version mobile du deuxième. Or Apple présente le MacBook Pro 15 pouces comme une station de travail transportable, suivant en cela les usages d'une majorité de clients.

Ou du moins, la division « marketing » d'Apple présente le MacBook Pro 15 pouces comme une station de travail. La division « design industriel », elle, voit toutes les machines comme des blocs d'aluminium à raboter. La division « ingénierie » est sans doute très fière de sa « touche de génie », mais elle aurait sans doute pu mieux impliquer la division « logiciels » pour rendre la Touch Bar plus utile. Cette machine est comme disjointe, différents composants l'entrainant dans différentes directions.

Tout cela vous passe au-dessus ? Bien, prenons un argument beaucoup plus prosaïque : alors que le MacBook Pro 17 pouces que j'évoquais en introduction valait 2 499 €, ce MacBook Pro 15 pouces coûte 3 299 €, sans pouvoir se prévaloir de la même domination sur les autres machines du segment. Cela ne l'empêche pas de se vendre, mais c'est sans doute un choix moins évident que par le passé. Ce n'est pas un esquif, ce n'est pas un cuirassé… c'est un vieux grément qui se demande ce qu'il fait là.

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