Les représentants américains s'intéressent à la plainte européenne de Spotify contre Apple

Mickaël Bazoge |

Le comité de la magistrature de la Chambre des représentants des États-Unis s'est rapproché de Spotify afin d'en savoir davantage sur les allégations du service de streaming concernant Apple. Selon Reuters, les représentants américains voulaient obtenir des informations sur les pratiques anti-concurrentielles dénoncées par Spotify en mars auprès de la Commission européenne (lire : Spotify attaque Apple à Bruxelles pour concurrence déloyale).

Daniel Ek, le patron de Spotify.

Pêle-mêle, l'entreprise européenne reproche à Apple la commission de 30% (puis de 15% la deuxième année) prélevée sur les abonnements alors que les marges sur le marché de la musique en streaming sont très fines. Autre grief, l'interdiction de renvoyer les utilisateurs vers un abonnement sur le site du service, par exemple depuis un lien dans l'application : il faut que le paiement passe par la facturation de l'App Store. Spotify, comme Netflix, a choisi de se passer complètement du système d'Apple.

Le service de streaming s'est également plaint des règles fluctuantes de validation sur l'App Store, ou encore le fait qu'il soit impossible de lancer Spotify depuis le HomePod et Siri (Apple a fait un geste depuis, mais uniquement sur l'iPhone et l'iPad).

Apple avait répondu en expliquant que 84% des apps distribuées sur l'App Store sont gratuites (Apple ne touche rien dessus), et surtout que Spotify cherchait à conserver tous les avantages de la boutique — paiement sécurisé, distribution, promotion — sans rien payer (lire : Apple : « Spotify ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui sans l'App Store »).

Apple, tout comme Google, Amazon et Facebook, sont sous la loupe des régulateurs européens et américains. À tel point d'ailleurs que la Pomme va faire évoluer Siri à la marge, en lui permettant d'utiliser par défaut une autre application que Messages et Téléphone (lire : Cernée, Apple va permettre le changement d'app iOS par défaut… sur Siri). Cette ouverture ne sera sans doute pas suffisante pour calmer l'ire des responsables politiques.

avatar broketschnok | 

En France, niveau technologique, les politiques sont complètement à la rue contrairement aux États-Unis

avatar SyMich | 

Je ne pense pas qu'il y ait fondamentalement une grande différence. Par contre aux USA la chambre des représentants a des pouvoirs d'investigation vis à vis des entreprises sans commune mesure avec ce que peuvent faire les députés ou sénateurs en France. En conséquence de quoi les représentants US s'entourent de cabinets conseils quand ils décident s'ouvrir une enquête ou de poser des questions à une Compagnie US qu'elle qu'elle soit.

avatar macfredx | 

@SyMich

+1

avatar dorninem | 

@SyMich

+100
C'est quand même le pays des paradoxes les USA 🤔

avatar SyMich | 

Pas vraiment... Il y a d'un côté les entreprises qui visent chacune à atteindre une position monopolistique et de l'autre le régulateur qui est vigilant à ce que la concurrence puisse jouer à plein (quitte à casser les monopoles) pour permettre à chacun de développer son business avec des chances similaires.

C'est quand même LE pays des lois anti-trust.

avatar raoolito | 

j’aimerias qu’un jour on arrete de comparer le senat et la chambre des représentants américains et français. Ca n’a pas de sens, car c’est le parlement européen qui peut prétendre aux meme moyens. Si on dit « le parlement de californie a decidé de.. mais pas la france » là ok, mais ne comparez plus les moyens d’un état et d’une federation d’etats, c’est sans commune mesure

avatar SyMich | 

Ce n'est pas comparable non plus. Le parlement européen n'a pas non plus les moyens d investigation dont dispose la chambre des représentants américains. Au niveau européen ce serait plutôt la commission européenne qui a ce genre de pouvoirs.
En Europe les politiques n'ont pas les mêmes prérogatives que leurs homologues américains en matière de contrôle des entreprises, ni au niveau des États ni au niveau "fédéral".

avatar raoolito | 

@SyMich

Effectivement, bien vu.
Mais c'est évidemment une question de taille aussi, les usa sont un marché crucial pour presque tout le monde sur cette planète, ca multiplie le pouvoir de l'assemblée qui chapote le pays

avatar rikki finefleur | 

Si le paiement sécurisé te coute 30 % de ton achat , je crois que l'on va vite revenir aux billets.. Ca c'est vraiment l'argument proche de l'escroquerie.
Secondo : Ne parlons pas de la distribution vu que spotify n'utilise pas les serveurs d'apple pour sa musique..

Non le fait est que quelques multinationales depuis fort longtemps prennent 30% de com, comme les autres, et tout a chacun n'a pas le choix que de passer a travers elles.
Il ne faut pas voir cela en pdm individuelle , mais en pdm globale de toutes ces multinationales qui sont dans un genre de gentlemen agreement corporatiste.. .
Là cela devient tout de suite plus intéressant..
Evidemment ces 30% sont sans rapport avec le cout réel de leurs opérations délivrées au client.

avatar codeX | 

@rikki finefleur
"Evidemment ces 30% sont sans rapport avec le cout réel de leurs opérations délivrées au client."

Tu peux détailler et donner, selon toi, quel devrait être cette commission.

avatar byte_order | 

@codeX

C'est pas le niveau de commission qui pose problème. Ce qui pose problème c'est l'entrave à la libre concurrence qui fait qu'il n'y a aucune concurrence sur le niveau de commission, qui reste du coup artificiellement haut *grâce* à l'absence, arbitraire, de libre concurrence sur le marché de la distribution d'apps et de contenus sur des plateformes *vendues* à des consommateurs.

Vendues, pas loués. Ces consommateurs n'appartiennent nullement aux fabricants des plateformes, ce ne sont pas des abonnés. Et pourtant, tout a été fait pour qu'en pratique il soit quasi impossible d'établir un échange commercial avec un propriétaire de ces plateformes sans que le pied du constructeur (qui a pourtant déjà été payé par ledit propriétaire) se foute en travers de la porte.

Dans le cas de Spotify, ce taux de 30% couvrirait :
1) la distribution de l'app
2) la "promotion" de l'app sur l'App Store.

Sachant que pour 1) il semble assez évident qu'un système de distribution de l'app cliente iOS de Spotify couterait clairement rien à Spotifyn vu qu'ils gèrent des gigabit/s de téléchargements de contenu depuis leur propre infrastructure, les téléchargements de la centaine de méga, 3-4 fois par an par utilisateur, cela pèse rien en comparaison.

Et sachant que pour le 2), Apple met arbitrairement Apple Music en avant, via sa préinstallation, via son support "exclusif" dans le HomePod, via l'application musicale par défaut dans iOS, via les résultats de Shazam qui affichent systématiquement d'abord Apple Music, en grand, et le reste en nettement plus petit ensuite.

Perdre 30% de vos recettes pour 2 "services" qui vous sont en pratique imposés de force et dont l'un n'est clairement pas à la hauteur de ce qui est annoncé (Apple vantait Spotify quand cela lui permettait de vendre plus d'iPhones encore, depuis qu'elle veut vendre des abonnements à Apple Music, hop, hazard, elle en fait nettement moins la promotion - une coincidence sûrement ?), c'est pas vraiment une commission pour services mais un péage.

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