Nous en avons déjà parlé, le monde des puces ARM est assez particulier : il y a d'un côté des sociétés qui intègrent les cœurs fournis par Arm (la société) et de l'autre celles qui conçoivent leurs propres cœurs, compatibles avec le jeu d'instructions. Et puis il y a Microsoft : pour le moment, la firme de Redmond place sa marque sur des puces Qualcomm, mais elle pourrait, selon les rumeurs, proposer ses propres systèmes sur puce.

Un cas à part : Microsoft
Microsoft est vraiment un cas particulier. La marque équipe en effet les Surface Pro (X et 9) avec des puces « Microsoft », les SQ1, SQ2 et SQ3. Mais dans les faits, les trois systèmes sur puce ne sont que des Snapdragon 8cx de 1re, 2e et 3e génération renommés, avec quelques MHz de plus pour justifier le changement de nom.
Les offres d'emploi découvertes par Windows Latest montrent pourtant que ça pourrait changer : Microsoft cherche visiblement des personnes capables de concevoir des systèmes sur puce ARM en interne.

Dans la liste, on trouve un « Principal System on Chip (SoC) Silicon Architect », un « Senior Physical Design Verification Engineer », un « Principal Design Engineer » et un « Sr Silicon Power Integrity CAD Mgr ». Les intitulés des postes ne sont pas nécessairement traduisibles, mais Microsoft cherche donc des ingénieurs expérimentés pour travailler sur la conception de systèmes sur puce ARM.
Deux voies possibles
Deux voies sont possibles pour Microsoft. La première, la plus probable, serait la conception d'un système sur puce en employant les briques proposées par d'autres sociétés. Le but serait donc de proposer un composant adapté aux Surface en intégrant des CPU Cortex de chez Arm (sous licence), un GPU, un NPU, etc. C'est la manière de travailler de Qualcomm, Samsung et la majorité des fabricants de systèmes sur puce, tout du moins sur une bonne partie de leur production.
La seconde voie, plus risquée, serait de concevoir le CPU en interne, comme Apple, Samsung — à une époque — ou Qualcomm sur certaines puces. Le choix est risqué car la conception d'un CPU à partir d'une feuille blanche demande des ingénieurs expérimentés et — surtout — beaucoup d'argent. De plus, les gains ne sont pas nécessairement probants : Samsung et Qualcomm, encore une fois, ont abandonné leurs cœurs custom aux profits de ceux d'Arm. Ensuite, ce CPU peut être intégré dans un système sur puce, aux côtés d'un GPU — qui peut être sous licence ou conçu en interne, lui aussi —, d'un NPU, etc.

Dans les deux cas, Microsoft pourrait surtout tenter de proposer des puces réellement adaptées à ses ordinateurs Surface, qui souffrent tout de même des performances relativement faibles des puces Qualcomm. Et il est possible que Microsoft développe les deux solutions à la fois, avec un plan A et un plan B, comme chez Google. Rappelons que même chez Apple, la conception en interne a pris un certain temps : l'A4 et l'A5 employaient des CPU de chez Arm, et il a fallu attendre l'A11 pour un GPU « Apple ».
Windows 12 pourrait ouvrir le marché ARM
La rumeur amène aussi une potentielle évolution : si Microsoft imagine une puce pour Windows 12 ARM, cette évolution implique probablement que Qualcomm perdrait son exclusivité sur les PC Windows ARM. En effet, même si les détails ne sont pas publics, Qualcomm a visiblement un contrat d'exclusivité pour les PC, tous les modèles sortis depuis 2017 étant équipés d'une puce Snapdragon. Et si Windows 12 ARM peut fonctionner officiellement1 sur d'autres puces, la voie serait ouverte pour Mediatek, Samsung… ou Apple.

Pourquoi n'existe-t-il pas encore de Boot Camp pour Apple Silicon ?
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Officieusement, il est possible d'installer Windows 10 ARM sur d'autres puces, comme celles qui équipent les Raspberry Pi. ↩︎