Pour Neil Young, les MacBook Pro produisent un son « Fisher-Price »

Nicolas Furno |

Neil Young est en guerre depuis quelques années contre la baisse générale de la qualité audio, notamment liée aux services de streaming, mais plus largement de l’informatisation de la musique. Le célèbre musicien a bien tenté d’inverser la tendance en créant le Pono, un lecteur portable audiophile qui est sorti à l’époque où les smartphones avaient déjà remporté la bataille et qui n’a, logiquement, connu absolument aucun succès (lire : Test du Pono Player, le baladeur audiophile de Neil Young).

Neil Young lors d’un concert en 2014 (photo Takahiro Kyono (CC BY 2.0))

Cet échec ne l’a pas arrêté pour autant, et Neil Young est de retour dans l’actualité pour un livre écrit avec Phil Baker, son partenaire dans l’aventure Pono. Son titre est assez explicite sur son contenu : To Feel the Music: A Songwriter’s Mission to Save High-Quality Audio évoque la perte de qualité entre les studios d’enregistrement et les titres que l’on écoute en streaming ou au téléchargement. Les deux acteurs tentent de démontrer que ce n’est pas une fatalité toutefois, et que l’on pourrait faire mieux.

Dans le cadre de la promotion de ce livre, Neil Young a participé à un podcast du site The Verge, où il a été interviewé par Nilay Patel. Et c’est à cette occasion qu’il a été invité à donner son avis sur les efforts d’Apple en matière de qualité audio, en particulier sur le nouveau MacBook Pro 16 pouces qui dispose de bien meilleurs haut-parleurs. On ne sait pas si le musicien a testé ce Mac en particulier, mais au ton de sa réponse, on se doute qu’il ne serait pas fan dans tous les cas :

C’est une daube1. Vous rigolez ? C’est de la qualité Ficher-Price. C’est comme si Captain Kangaroo était votre nouvel ingénieur. Un MacBook Pro ? Mais de quoi vous parlez ? Vous ne pouvez rien obtenir de ce truc.

Une qualité « Fisher-Price » donc, totalement inadaptée à la création musicale pour Neil Young. Et tant pis si, comme lui répond le journaliste de The Verge, de nombreux tubes qui ont cartonné ces dernières années et qui ont remporté de multiples récompenses ont été enregistrés en partie ou totalement sur des MacBook Pro. C’était d’ailleurs l’un des arguments qui a poussé Apple à améliorer la qualité du son sur le dernier modèle, ces ordinateurs sont en effet utilisés professionnellement pour créer de la musique.

L’un des haut-parleurs du MacBook Pro 16 pouces (image MacGeneration).

Mais tout cela n’a aucune importance pour Neil Young, qui place la qualité audio au-dessus de toute autre considération :

Peu importe l’argent. Peu importe les succès. C’est la qualité qui compte. C’est le son qui compte. C’est la qualité digne d’un musée qui compte.

Dans ces conditions, la simple idée d’utiliser un MacBook Pro pour enregistrer de la musique lui donne envie de vomir. Pour lui, c’est un produit destiné strictement à consommer, pas à créer (on parle bien d’un Mac, pas de l’iPad). Neil Young ajoute qu’Apple a toujours privilégié les consommateurs plutôt que la qualité pure et il le prouve avec une citation étrange de Steve Jobs :

C’est ce que Steve Jobs m’avait dit. Il m’avait dit très exactement ceci : « On fait des produits pour les consommateurs, pas la qualité. » Donc ils ne veulent pas de la qualité audio. Ils ne veulent pas passer beaucoup de temps là-dessus.

On imagine mal Steve Jobs répondre que les produits Apple ne cherchent pas la qualité, dans quelque domaine que ce soit et pas même en privé avec Neil Young. Et même si c’était le cas, le musicien ignore l’investissement consacré par l’entreprise à la qualité audio. Cela fait des années que le constructeur améliore la qualité des haut-parleurs intégrés à ses produits, des iPhone aux iPad Pro, en passant par les MacBook Pro. Les modèles de 2016 avaient nettement amélioré le son de la gamme, qui avait déjà bien progressé en 2012 avec les premiers Retina.

En moyenne, la qualité audio s’améliore régulièrement dans les produits Apple, mais si l’objectif est de retrouver exactement la qualité d’un studio d’enregistrement, cela ne suffit évidemment pas. Le succès des plateformes de streaming le prouve bien en tout cas, la quête de perfection de Neil Young ne séduit plus grand monde…


  1. Une traduction gentille, Neil Young parle de « piece of crap »  ↩

avatar grrrzzzt | 

ok boomer.
bon bien sur les gens s'enthousiasment de la qualité des haut-parleurs d'un portable; évidemment qu'un musicien ou un ingé son en a rien à faire de la qualité des haut parleurs interne ou du DAC du mac; c'est pas avec ça qu'il va faire de la musique; en général il aura une interface son externe de qualité (et au pire il utilisera un casque sur la sortie casque si il est pressé ou en déplacement); je vois pas pourquoi il pique une crise.
Là le vieux Neil il nous fait le coup de la branlette audiophile "le son analogique est plus profond gnia gnia gnia le numérique c'est froid"; je suis sur que si on lui fabrique une interface qui a l'air d'une console analogique avec des gros boutons et des vu-mètres; et avec un mac qui tourne derrière (et du bon matos branché dessus); il trouve ça fantastique.

avatar iBenou | 

Comment peut-on écrire un article là dessus et ne pas expliquer à quelle point la réflexion de Neil Young n’a aucun puisque évidemment, personne n’utilise le MacBook lui-même pour enregistrer...

avatar roquebrune | 

c'est qui Neil Young ?

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