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Rétro MacG : eWorld, 20 ans après

Anthony Nelzin-Santos

Sunday 05 January 2014 à 12:15 • 44

Logiciels

Avant iCloud, avant MobileMe, avant .Mac, avant iTools, il y eut eWorld. Présentée le 5 janvier 1994, il y a vingt ans jour pour jour, la première suite de services en ligne d'Apple était aussi l'une des premières suites de services en ligne tout court. Retour en arrière.

Apple, pionnier de l'internet

La débâcle MobileMe et les défauts d'iCloud font oublier qu'Apple fut l'une des toutes premières sociétés à comprendre que le futur serait connecté. Dès 1985, ses employés et ses distributeurs peuvent ainsi communiquer à l'aide d'AppleLink. À l'époque, la métaphore du bureau domine l'informatique : AppleLink prend la forme de dossiers et de fichiers, comme s'il n'était qu'une extension naturelle du Finder.

Les icônes d'AppleLink. Image Apple.
Les icônes d'AppleLink. Image Apple.

Apple développe son propre protocole de communication pour permettre le transfert de fichiers, et propose un service de courrier électronique et un BBS. Rapidement, AppleLink compte près de 50 000 utilisateurs, dont près de 40 000 ne travaillent pas pour Apple. Deux d'entre eux, Shannon Lucid et James C. Adamson, envoient même le premier courrier électronique depuis l'espace, sur un Macintosh Portable embarqué dans la navette Atlantis.

Un succès donc, mais un succès qui coûte cher : le coût d'accès de 6 à 15 $ de l'heure ne couvre pas totalement les plusieurs dizaines de millions de dollars que General Electric demande chaque année pour maintenir les serveurs et le réseau d'AppleLink. Soucieuse de développer son réseau à un coût plus raisonnable, Apple se tourne vers Quantum Computer Services, qui opère un service similaire pour les utilisateurs de Commodore 64.

AppleLink Personal Edition ne doit plus être réservé à une poignée d'utilisateurs, mais au contraire être accessible à tous les propriétaires de Macintosh. Un soin tout particulier est donc apporté à la présentation du service, un soin qui ne bénéficiera jamais à Apple. General Electric s'aperçoit qu'il contient du code propriétaire d'AppleLink, ce qui finit de brouiller sa relation avec la firme de Cupertino. Ses premiers utilisateurs se plaignent quant à eux de ne pouvoir accéder au « vrai » AppleLink. Et Quantum insiste pour qu'il soit inclus avec les nouveaux Mac, alors qu'Apple veut le vendre séparément.

Extrait d'une publicité pour AppleLink Personal Edition, « votre connexion au QG d'Apple ».
Extrait d'une publicité pour AppleLink Personal Edition, « votre connexion au QG d'Apple ».

Un sac de nœuds qui ne se démêlera pas : Apple décide de se désengager du marché, estimant qu'il n'est pas assez rentable. AppleLink Personal Edition est finalement lancé sur Macintosh et Windows en 1989 sous le nom d'America Online — qui deviendra plus tard AOL. AppleLink lui-même est progressivement détricoté, General Electric préférant s'adresser aux entreprises qu'au grand public et se tourner vers Windows — sa suite de produits sera à la base du Microsoft Partner Network.

eWorld, un réseau mort-né

Le succès d'AOL est tel qu'Apple décide toutefois de revenir sur le marché. Fin 1992, la firme de Cupertino se rapproche d'AOL et parvient à un accord : son réseau sera basé sur les services d'AOL… c'est-à-dire ce qui était AppleLink Personal Edition. L'Online Services Group nouvellement formé passe l'année 1993 à imaginer un « AOL à la sauce Apple ». Le 5 janvier 1994, en ouverture de la Macworld Expo, Apple présente eWorld. Six mois plus tard, il est ouvert au public.

Une brochure de présentation d'eWorld.
Une brochure de présentation d'eWorld.

On accède à eWorld grâce à un logiciel client qui est la définition même du mot « skeuomorphisme ». Le réseau est une ville dont chacun des services est un bâtiment : ici la poste, là l'école, ici le théâtre, là le supermarché, et même un kiosque à journaux. Mais au fond, eWorld n'était qu'une jolie interface pour les services d'AOL, une jolie interface facturée 8,95 $ par mois pour deux heures d'accès le soir et le week-end et 4,95 $ l'heure supplémentaire.

L'écran d'accueil d'eWorld, une fois connecté.
L'écran d'accueil d'eWorld, une fois connecté.

D'autant que quelques mois seulement avant sa présentation avait été finalisé le premier navigateur web, Mosaic. Certes, on pouvait accéder au web via eWorld — mais Mosaic a signé la fin des réseaux fermés et la consécration du web ouvert, et Apple n'a rien fait pour se battre. Michael Spindler, à l'époque CEO de la société, a toujours refusé de faire la promotion d'eWorld. Avec seulement 115 000 utilisateurs, le service n'a jamais été rentable : lorsque Gil Amelio succède à Spindler en 1996, alors qu'Apple commence à perdre de l'argent, il prend immédiatement la décision de fermer eWorld.

Apple ferme l'accès à son réseau le 31 mars 1996 et offre une réduction à ses utilisateurs sur un abonnement à l'offre d'AOL. Lorsque Steve Jobs reprend les commandes de la firme de Cupertino à l'été 1997, il reprend aussi le contrôle de ses contenus en ligne. Le canal Apple d'AOL devient le Developer Center et la section Support du site d'Apple, un site qui va devenir capital dans le succès de la société en tant qu'outil de communication et de vente directes.

Ce qu'il reste d'eWorld

On aurait tôt fait de croire qu'il ne reste d'eWorld rien d'autre qu'un simulateur maintenu par un passionné. La relation entre AOL et Apple a perduré jusqu'au milieu des années 2000 : la firme de Cupertino s'est certes allié un temps avec EarthLink, un FAI concurrent, mais on pouvait acheter sur l'iTunes Music Store avec un compte AOL et feu iChat a commencé sa carrière comme un client AIM.

Comme QuickTime et bien avant iTunes, eWorld est aussi une manifestation du pragmatisme d'Apple : consciente que le marché du Mac était trop petit pour garantir la pérennité de son réseau, la firme de Cupertino avait commencé à développer une version Windows d'eWorld. Si les dissensions internes et les déboires financiers de la société n'en avaient pas eu raison, elle aurait été présentée fin 1995.

Les icônes d'iCloud.
Les icônes d'iCloud.

Il reste aussi peut-être un peu de l'esprit d'eWorld dans la manière dont Apple conçoit encore aujourd'hui ses services en ligne. iCloud est d'abord et avant tout construit comme une extension des systèmes d'exploitation d'Apple, avec la logique applicative de ces systèmes et la rigidité qu'elle implique. Sans exagérer ce point plus que de raison, il n'est peut-être pas tout à fait anodin que l'interface d'iCloud et de ses prédécesseurs rappelle parfois celles d'AppleLink et d'eWorld…

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