Au fil du temps, les liens entre Microsoft et les administrations françaises ont vu un avenir très variable : si depuis le début des années 2000 Office a été remplacé dans la plupart des ordinateurs de l’État par StarOffice puis OpenOffice, le plus souvent l’initiative n’est pas allée plus loin. Le seul contre-exemple étant la Gendarmerie, passée entièrement au libre système compris en 2008 avec l’adoption de GendBuntu, un Ubuntu adapté et modifié pour la Gendarmerie Nationale.

Au final, c’est surtout une question de volonté. Et si la plupart des idées sont restées lettres mortes, la ville de Lyon semble vouloir faire bouger les choses : c’est par un communiqué qu’elle annonce vouloir remplacer tous les outils numériques actuellement utilisés par des logiciels libres.
La mairie écologiste souhaite remplacer tous ses logiciels, passant de Microsoft Office à OnlyOffice, mais aussi Windows par Linux, et passer les bases de données actuelles sur PostgreSQL. Mieux, elle souhaite lancer une suite collaborative libre et interopérable, appelée « Territoire numérique ouvert », reposant sur des outils open source pour tous les services liés de près ou de loin à la mairie.
Bertrand Maes, adjoint délégué à la politique numérique de la ville, voit dans l’instabilité mondiale actuelle l’importance de se défaire des partenaires actuels, pour tout relocaliser :
Nous sommes fiers d’inscrire la Ville de Lyon dans une trajectoire de souveraineté numérique, dont l’élection de Donald Trump a rappelé l’importance. Nous souhaitons ainsi protéger les données des habitants et habitantes et favoriser l’économie locale. [...] Alors que plusieurs grandes collectivités françaises entament seulement un diagnostique de leur dépendance numérique (projet Tie-Break, France Urbaine, Interconnectés), la Ville de Lyon passe à l’action et anticipe les prochaines étapes d’une transition vers un numérique plus éthique, durable et souverain avec des projets structurants.
Les serveurs, eux-aussi, ont droit à leur changement : la ville souhaite rapatrier toutes ses données, et créer des data centers régionaux pour héberger les sources utilisées par les milliers d’agents de la collectivité locale.
La transition se déroulera sur plusieurs années, le temps de transférer les bases de données, de créer les outils et de former les personnels, et a reçu un financement de 2 millions d’euros de la part de l’ANCT (Agence Nationale de la Cohésion des Territoires).