Si cela reste rare, à cause d'un dysfonctionnement, les produits sans fil qui nous entourent peuvent être responsables d'interférences dont on n'a même pas idée. L'Agence nationale des fréquences (ANFR) l'illustre avec deux histoires qui se sont déroulées cette année.
Mi-février, une entreprise spécialisée dans les équipements professionnels GPS et Galileo (pour la géolocalisation de haute précision) a contacté l'ANFR en raison d'un brouillage nuisant à son activité.
L'entreprise a pu diagnostiquer elle-même le problème — « une interférence pulsée, centrée sur la fréquence 1 581,15 MHz, qui affectait de manière permanente la réception des signaux GPS L1 et Galileo E1 dans la bande de fréquences centrée sur 1 575,42 MHz » —, mais n'a pas trouvé d'où il venait.
Grâce à un récepteur goniométrique, les agents de l'ANFR dépêchés sur place ont découvert le bâtiment d'où sortait le signal puis, grâce à un récepteur portable muni d’une antenne directive, l'appartement précis.
L’occupante des lieux, une dame âgée, leur a permis d’entrer dans son logement. Bientôt, il n’y eut plus aucun doute : il s’agissait simplement… d’une box internet ! Elle émettait en effet des rayonnements indésirables dans la bande de fréquences réservée au GNSS. Cette box, quoique défectueuse, continuait d’assurer convenablement l’accès à internet – tout en parasitant une bande de fréquences sensible réservée à l’Aviation civile, à la Défense et à l’Espace !
L'opérateur, qui n'est pas nommé, a remplacé rapidement la box défectueuse après la demande de l'ANFR.
Dans la seconde histoire, un peu plus récente, c'est un opérateur qui est victime d'un brouillage sur une antenne 3G dans le Gard. L'opérateur mobile avait des soupçons sur une voiture électrique (la marque n'est pas précisée) en réparation.
Après inspection de l'ANFR, cette voiture était bien la source du problème, mais en raison de sa nature connectée, et non électrique :
Elle s’est révélée dotée d’un discret boîtier de communication, un TCU ou Telematics Control Unit, dispositif qui équipe certains véhicules électriques. Ce TCU, grâce à sa carte SIM, communique en effet avec le réseau du concessionnaire, notamment pour l’informer de l’utilisation de la batterie, du nombre de kilomètres parcourus ou du bon fonctionnement du GPS. […] Mais voilà : ce TCU, en défaut, produisait un rayonnement permanent intempestif dans la bande de fréquences 900 MHz, qui perturbait l’antenne-relais, et tous les téléphones environnants.
Pour régler le problème, hors de question de désactiver simplement la SIM, car sans connexion, la voiture aurait pu avoir des désagréments. Après plusieurs heures de main d’œuvre — il a fallu démonter intégralement la planche du bord —, un garagiste a pu réinitialiser le TCU et ainsi mettre fin à la perturbation.
L'ANFR se dit particulièrement vigilante sur les voitures électriques connectées, car deux autres cas de brouillage sont actuellement à l'étude. À toutes fins utiles, l'agence rappelle que le fait de perturber les émissions hertziennes d'un service autorisé en utilisant une fréquence, un équipement ou une installation radioélectrique dans des conditions non conformes est soumis à une sanction pénale de six mois d'emprisonnement et de 30 000 € d'amende.