Le quotidien Le Monde révèle que les services de renseignement britanniques ont tenté d’espionner Octave Klaba, le créateur d’OVH. C’est en fouillant les archives fournies par Edward Snowden que le journal français, en collaboration avec des confrères qui travaillent sur le sujet, a déniché le nom de celui qui a créé le plus gros hébergeur européen. Son nom est dans une liste de cibles potentielles transmise par les services britanniques à leurs homologues américains, canadiens, néo-zélandais et australiens.
Ces cinq pays travaillent en commun sur les questions de surveillance électronique. La liste en question a été créée en mai 2009 et elle ne signifie pas nécessairement que les noms qui s’y trouvent ont été activement espionnés, mais au minimum que les services de renseignement avaient un intérêt à suivre ces personnes. Pourquoi le PDG d’OVH intéressait alors le renseignement outre-Manche ?
La réponse ne viendra pas des agences de renseignement naturellement, mais elle est facile à deviner. OVH est l’un des plus gros hébergeurs au monde, mais ce n’est pas celui qui accepte le plus facilement d’ouvrir ses serveurs quand les autorités le souhaitent. Par le passé, il s’est même illustré en s’opposant directement à la politique américaine : en 2010, par exemple, une copie du site WikiLeaks est mise en ligne sur les serveurs d’OVH après la fermeture du site original. L’hébergeur est aussi critiqué dans un autre domaine : on l’accuse régulièrement d’être trop tolérant avec le piratage.
Octave Klaba est farouchement opposé à l’ingérence des services de renseignement du monde entier et cela se voit dans les choix de son entreprise. En 2015, il s’était publiquement opposé à la loi française sur le renseignement qui prévoyait plusieurs mesures concernant les hébergeurs et notamment l’installation obligatoire de « boîtes noires » pour surveiller les réseaux. Cette année, l’entreprise a annoncé ses intentions de conquérir le marché américain en créant une structure indépendante et isolée, pour éviter que les agences américaines puissent accéder à tous les serveurs.
OVH n’est pas un hébergeur enclin à aider les gouvernements dans leur désir de surveillance et c’est probablement pourquoi son fondateur est jugé intéressant par leurs services de renseignement au moins de 2009. De manière beaucoup plus prosaïque, l’objectif était peut-être d’accéder par ce biais à des informations utiles, comme un mot de passe qui permettrait d’accéder discrètement aux outils de l’hébergeur. En 2013, OVH avait d’ailleurs été la cible d’une attaque et d’un vol de données.
Rien ne permet de dire qu’il s’agissait des agences de renseignement, mais depuis, l’hébergeur est passé « en mode parano supérieur », pour reprendre les mots de son créateur.