Voitures autonomes : dans deux ans, selon Elon Musk

Nicolas Furno |

La Californie héberge quelques-unes des entreprises les plus actives en matière de voiture autonome. Google est probablement le plus avancé avec son prototype et Tesla Motors a d’ores et déjà mis sur le marché des dizaines de milliers de véhicules capables de conduire seuls. Pourtant, l’État jusque-là très accommodant ne voit plus d’un si bon œil ces voitures qui se conduisent seules.

Google prévoit des voitures qui pourraient rouler sans chauffeur, et en tout cas sans conducteur à bord.
Google prévoit des voitures qui pourraient rouler sans chauffeur, et en tout cas sans conducteur à bord.

Une proposition de loi déposée la semaine dernière pourrait empêcher toute voiture vraiment autonome en Californie. La loi n’a pas encore été adoptée, mais elle prévoit plusieurs mesures, la principale étant l’obligation d’avoir un conducteur derrière un volant. En cas d’adoption, les Google Car n’auraient plus aucune raison d’être, mais les Tesla dans leur forme actuelle resteraient compatibles.

Néanmoins, Elon Musk ne veut pas s’arrêter là, il ne fait aucun mystère quant à ses ambitions. Le PDG a d’ailleurs revu ses objectifs et annoncé, à l’occasion d’une interview donnée à Fortune, que Tesla pourrait présenter une voiture totalement autonome dans deux ans. C’est-à-dire un véhicule qui pourrait rouler entièrement sans l’intervention du conducteur. Voire un véhicule qui pourrait rouler à vide, pour chercher quelqu’un par exemple. Pour cela, il compte sur les retours de tous les conducteurs qui utilisent ce mode : chaque voiture apprend et transmet sa connaissance à toutes les autres voitures.

Une Tesla peut rouler toute seule, mais le conducteur doit encore rester derrière le volant, prêt à réagir.
Une Tesla peut rouler toute seule, mais le conducteur doit encore rester derrière le volant, prêt à réagir.

Elon Musk a ajouté que ce n’était pas aussi difficile qu’on pourrait le croire, mais il a malgré tout envoyé une petite pique contre George Holtz, alias GeoHot, qui a inventé une voiture autonome avec très peu de moyens. Le patron de Tesla a rappelé que son entreprise mettait en œuvre des moyens bien plus conséquents, avec des milliers d’ingénieurs qui travaillent sur le projet depuis plusieurs années. Il a ajouté qu’il fallait bien plus que 2000 lignes de code (la taille du projet du hacker) pour obtenir un mode autonome vraiment fiable.

George a dit qu’il avait tout fait avec 2000 lignes de code. Ok, écoute mon pote, 2000 lignes de code ne couvrent pas les 8 milliards de cas particuliers sur Terre. Le monde est compliqué et bordélique. Deux mille lignes de code ne suffiront pas à le couvrir.

On apprend au passage avec cette interview que le jeune homme est passé chez Tesla pour un entretien d’embauche. Geohot avait alors défié Elon Musk, lui promettant une meilleure solution que celle conçue par Tesla, en partenariat avec Mobileye. Le hacker avait même lancé un pari au PDG contre une grosse somme d’argent, mais Elon Musk a décliné. Ce qu’il répète dans l’interview, c’est qu’il est facile d’obtenir un prototype, mais beaucoup plus difficile de passer du prototype au produit final, censé fonctionner dans toutes les situations, en toutes circonstances.

Qui réussira le premier à proposer un véhicule capable de conduire véritablement sans chauffeur ? Google et Tesla semblent les mieux avancés, mais il y a de nombreux autres acteurs qui travaillent sur ces questions. En France, PSA a déjà fait rouler des véhicules autonomes sur plusieurs milliers de kilomètres. On en entend moins parler que les Californiens, c’est vrai, mais le constructeur français avance aussi sur ce sujet, comme d’autres dans le monde entier. Rappelons qu’Apple est censée travailler sur sa propre voiture, que l’on imagine également largement autonome.

Un prototype de véhicule autonome conçu par PSA, sur une autoroute française.
Un prototype de véhicule autonome conçu par PSA, sur une autoroute espagnole.

Mais à l’arrivée, Elon Musk le reconnaît volontiers, le frein sera principalement légal et la proposition de loi en Californie le montre bien. Google a déjà exprimé son opposition quant à cette loi et on imagine que le géant de la recherche a commencé un intense travail de lobbying. Quant au PDG de Tesla, il n’est pas contre, paradoxalement.

Selon le patron de Tesla, les véhicules autonomes ne sont pas encore prêts pour être laissés seuls, sans la surveillance d’un vrai conducteur, sur les routes. Mais il se veut confiant quant à l’évolution de la législation : « À partir du moment où il devient évident sur le plan statistique qu’une voiture autonome est plus sûre, je pense que les législateurs les autoriseront. »

En attendant, Tesla ne se contente pas de réinventer la conduite. Le constructeur renvoie la radio FM à l’âge de pierre en intégrant Spotify à toutes ses voitures. Il ne s’agit pas simplement d’ajouter l’application : chaque Tesla est équipée gratuitement de son propre compte Spotify premium, associée à la voiture et non au propriétaire. Pour l’heure, cette offre est réservée à l’Europe et l’Asie.

avatar ecosmeri | 

5) les constructeurs ne sont pas non plus pret a lacher le business des entretiens, sur une voiture electrique l'entretien est réduits au strict minimum

L'électrique pourrait peut etre avoir un impact ecologique pour les gros rouleurs ( ceux qui aujourd'hui achete des vehicules diesel), ou transport de marchandise mais pour des raisons d'autonomie ces marchés ne sont clairement pas la cible. Ceux qui font 10 000 km par ans ne sont pas ceux qui poluent le plus.

avatar scanmb (non vérifié) | 

En France , ça fait longtemps que les voitures sont autonomes .Tout le monde fait ce qu'il veut sur la route ...

avatar Espcustom | 

Effectivement la voiture électrique et la voiture autonome risquent pas mal de changer nos habitudes et de changer le modèle économique du véhicule, mais étant donné la situation de la planète et du monde ce sera sûrement pas un mal..

On passerait d'un monde basé sur l'énergie fossile a un monde basé sur l'électricité.

avatar CBi | 

"tout véhicule motorisé devra être précédé d'un piéton agitant un drapeau rouge, marchant à 60 yards devant le véhicule " Locomotive Act (Angleterre 1865 - abrogé en 1896)

avatar marc_os | 

« un véhicule qui pourrait rouler à vide, pour chercher quelqu’un par exemple »

Mais quelle idée géniale !
D'un côté "on" (l'Etat californien par ex.) nous incite au co-voiturage, de l'autre...
Très cohérent.
Ah quelle belle conscience écologique ! On voit que la COP21 est passée par là et a ouvert les yeux.
:-/

avatar f3nr1l | 

@marc_
Ca peut être sur de courtes distances. pour trouver une place de parking par exemple.
Par ailleurs, ça peut être compatible avec le co-voiturage. Imagine, on rentre du boulot, je te dépose chez toi EN PASSANT DEVANT CHEZ MOI, ensuite je reviens.
Je pourrais descendre direct, et laisser la caisse te déposer et revenir seule.

avatar scanmb (non vérifié) | 

@marc_os
Comment tu fais pour louer une ouature autonome ? Après elle est plus autonome, puisque tu l'as louée ....
Une ouature autonome , c'est pour libérer la Corse ?
J'comprends plus ....

avatar iBenou | 

Encore une fois, les plus avancés sont probablement les constructeurs allemands. Simplement parce que ce sont ceux qui ont le plus de moyens dans l'automobile. Tesla fait de la com et du marketing en risquant la vie de ses clients. Ce n'est pas une critique mais une constatation. Après tout, aucun progrès n'est sans risque.
Ceci étant dit, il est impossible de prédire qui naviguera le mieux le sujet dans les 20 prochaines années. Apple? Sa puissance de designer de CPU pèse lourd dans la balance.
Mais il faut éviter de se laisser guider par les effets de com :)
Tesla est un nano-morpion de l'automobile, toute géniale qu'elle soit.

avatar iEric | 

La voiture autonome elle s'arrête pour prendre un auto(nome)stoppeur ?

avatar debione | 

Musk et Tesla, partage un point commun avec Apple: Celui du buzz... Tous les constructeurs sont dessus... Mais pas seulement les constructeurs... Par exemple l'EPFZ (école polytechnique fédérale de Zurich) fait déjà rouler des voitures autonomes à Zurich, avec leurs propres systèmes. Et je pense que dans le monde il doit y avoir quelques bonnes dizaines (centaines? milliers) d'entité qui travaille à ce projet.

Et cela va être comme toutes les inventions, elles vont arriver en même temps sur le marché, ou avec très peu de décalage 2-3 ans tout au plus...

En fait ou ils font très fort ces américains, c'est que même sur les sites européens on ne parle quasi que d'eux... J'ai jamais vu macg pondre un gros article sur Volvo/Mercedes/les diverses écoles techniques/what ever et leurs avancées en la matière, par contre on a eu droit à 100 news sur la google car et 100 sur Tesla.

avatar Philactere | 

@debione :
"En fait ou ils font très fort ces américains, c'est que même sur les sites européens on ne parle quasi que d'eux.."
Ca a été théorisé, ca s'appelle le soft Power.

avatar misstique | 

Au 19ème siècle les trains étaient autonomes dès lors qu'on les alimentait en charbon (il n'y avait pas de système d'arrêt automatique en cas de malaise du conducteur) ... ils avançaient tout seul. Au 20ème siècle notamment les V1 et V2 étaient autonomes (en quelque sorte) puis les fusées qui décollaient pour aller sur la Lune. Bref, c'est une suite logique ... la différence se compte en nombre de passagers ... le "chauffeur" de la voiture autonome pouvant être seul à bord du véhicule.

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