Si Ford reste un géant de l’automobile, le constructeur américain a beaucoup de mal à négocier le passage à l’électrique, au point de faire appel à d’autres constructeurs pour concevoir des véhicules adaptés à l’Europe. La Mustang Mach-E sortie à la fin des années 2010 est bien une voiture entièrement conçue en interne, mais elle vise davantage le marché américain. Pour notre continent, le constructeur a sorti l’Explorer puis le Capri, deux SUV plus compacts qui sont en réalité des variantes des ID.4 et ID.5 de Volkswagen.
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Cette stratégie semble convenir à Ford, puisque le constructeur a annoncé l’arrivée de voitures plus petites sur les marchés européens à l’aide d’un acteur local. Sauf que ce n’est pas Volkswagen qui a retenu son attention cette fois, mais Renault, comme l’annonce l’entreprise américaine sur son site. La plateforme Ampère1 créée par le groupe français et notamment exploitée par ses Renault 5 et Renault 4 servira de base à deux futures Ford qui seront elles aussi entièrement électriques et sans doute proches en termes de format.
La communication du jour se concentre sur l’annonce de l’accord, il n’est pas question de montrer des images de ces futures voitures et encore moins d’évoquer la fiche technique ou le prix. Tout ce que l’on sait, c’est que Ford compte prendre son temps : leur commercialisation n’est pas prévue avant 2028. Contrairement à ce que Nissan a fait avec sa nouvelle Micra, qui n’est qu’une version légèrement modifiée à l’extérieur et quasiment identique à l’intérieur de la Renault 5, le groupe américain compte ainsi changer en profondeur la base fournie par son homologue français. Il l’avait déjà prouvé avec ses deux véhicules basés sur la plateforme de Volkswagen d’ailleurs, avec un style bien différent dedans comme dehors et surtout un logiciel spécifique.
C’est vraisemblablement cet aspect qui demandera le plus de travail, même si le choix de Renault en faveur du système d’exploitation de Google pourrait simplifier la tâche de Ford, qui l’utilise aussi depuis 2021. Malgré tout, il faudra modifier de larges pans du logiciel américain pour l’adapter au matériel français et les deux entreprises vont ainsi travailler ensemble sur l’élaboration de ces deux futurs véhicules électriques.
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Le choix de Renault est une belle victoire pour le groupe français, qui a été privilégié à Volkswagen, évidemment dans la course lui aussi. Ford travaillait déjà avec le constructeur allemand et ce dernier a prévu une plateforme MEB+, plus petite pour sa future Polo électrique qui devrait arriver en concession l’année prochaine. On imagine que c’était la solution la plus évidente pour proposer un petit véhicule européen, mais ce n’est pas celle qui a été retenue.
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Jim Farley, CEO de Ford, a expliqué devant la presse sans détour pourquoi Renault a été choisi et non Volkswagen, comme le rapportent nos confrères des Échos :
Nous connaissons très bien Volkswagen, sa supply chain et ses coûts. Nous avons fait une analyse très poussée, et c'est Renault qui est sorti en tête, pour de nombreuses raisons, dont le prix.
Un coup dur pour Volkswagen, même si Ford reste associé au constructeur allemand pour ses deux voitures actuelles et des véhicules utilitaires, et une réussite pour Renault, qui restera impliqué dans le processus et qui pourra même utiliser sa propre capacité de production pour les besoins de son nouveau partenaire. Les deux véhicules prévus par Ford seront en effet produits à Douai, dans le nord de la France, sur le même site que la Renault 5 et bien d’autres véhicules du groupe. Le groupe se félicitait la semaine dernière d’avoir produit 100 000 Renault 5 sur ces chaînes de production, signe du succès de la citadine électrique et de l’usine par la même occasion.
Si c’est moins concret pour le moment, les deux constructeurs ont aussi prévu de coopérer dans le cadre de leur accord sur de futurs véhicules utilitaires légers, également destinés au marché européen.
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Le communiqué ne le dit pas explicitement, mais il s’agit très probablement d’AmpR Small, pas d’AmpR Medium qui sert de base au Scenic E-Tech et qui concurrence directement la plateforme MEB de Volkswagen que Ford a utilisée pour ses deux SUV européens. ↩︎














