C'est un fait sans précédent dans l'histoire de l'Union européenne : Bruxelles vient de
condamner Microsoft à une
amende record de 497 millions d'euros. Mario Monti entend bien faire de cette affaire un exemple, estimant que le géant du logiciel a très clairement profité de sa position de monopole. Cette décision survient après des mois de négociations qui n'ont rien donné. À titre de comparaison, cette somme représente 1,62 % du CA mondial de Microsoft et à 8 % des ventes réalisées en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient.
Mais, au-delà de la sanction financière, le plus important est peut-être que
l'UE "ordonne à Microsoft de divulguer à ses concurrents, dans un délai de 120 jours, les informations (...) nécessaires pour que leurs produits puissent dialoguer" avec Windows. Autre décision qui intéressera particulièrement Apple,
Microsoft se voit contraindre de livrer Windows sans Windows Media Player dans un délai de 90 jours. Un mandataire sera nommé pour suivre l'avancée des travaux de Redmond.
Du côté de Seattle, on estime que le montant est "injustifié et injuste" et que l'accord à l'amiable proposé aurait été nettement "plus profitable pour les consommateurs européens ". Logiquement,
Microsoft a fait connaître son intention de faire appel auprès de la Cour européenne de première instance. Le groupe compte également demander que l'application d'une partie des sanctions soit suspendue et notamment celle visant à commercialiser Windows sans son lecteur multimédia.
La firme de Bill Gates semble vouloir appliquer la même stratégie que celle employée aux États-Unis il y a quelques années : faire durer le procès le plus longtemps possible en attendant des heures plus clémentes ; l'administration Bush ayant été beaucoup plus favorable à Microsoft que la précédente. Selon Brad Smith, avocat de Microsoft, cette procédure pourrait durer quatre ou cinq ans. En attendant, les adversaires de Microsoft, Sun et Real Networks en tête,
saluent la décision de l'UE, mais cette bataille judiciaire ne fait que commencer...