On ne prend pas de notes durant les réunions et on ne s'intéresse pas aux questions de rentabilité et de bénéfices de l'App Store. Voilà en substance comment les choses se passent chez Apple, si l'on en croit Phil Schiller.
Celui qui est Apple Fellow depuis quatre ans et qui garde la haute main sur la gestion de l'App Store et sur l'organisation des événements Apple, était appelé à témoigner cette semaine en Australie dans le cadre du procès contre Epic Games.
Le Financial Review rapporte les réponses de Schiller lorsqu'il a été interrogé sur la manière dont Apple mène certaines de ses affaires. En résumé, l'énorme et richissime Apple peut se comporter comme une start-up qui ne s'embarrasse pas nécessairement de protocoles ou de considérations financières.
Première affirmation, il n'y a pas prise de notes ni procès-verbal d'aucune sorte qui pourraient renseigner sur ce qui s'est dit lors des réunions des hauts dirigeants de l'entreprise. Cette manière de faire serait un héritage de Steve Jobs :
« Lorsque M. Jobs est revenu en 1997, lors d’une des premières réunions, quelqu’un prenait des notes, retranscrivant ce que [M. Jobs] disait à propos de ce que l'on faisait. »
« Il [Jobs] s’est arrêté et a demandé : « Pourquoi écrivez-vous ça ? Vous devriez être assez intelligent pour vous en souvenir. Si vous n’êtes pas assez intelligent pour vous en rappeler, vous n'avez rien à faire dans cette réunion. »
« Nous avons tous arrêté de prendre des notes et nous avons appris à simplement écouter, à prendre part à la conversation et à nous souvenir de ce que nous étions censés faire. Et c’est ainsi que nous avons continué à travailler. »
« C'était très orienté vers l'action. C'était organisé pour ressembler à une petite start-up où nous travaillIons tous ensemble sur les mêmes choses, et nous savons tous quels sont nos projets et ce que nous faisons. »
Cette approche n'est pas tombée en désuétude et elle continue d'être appliquée jusqu'aux plus hauts niveaux :
« Généralement il y aura un ordre du jour, et nous aurons des discussions, et nous nous séparerons avec un plan sur ce que nous devons tous faire et ce sur quoi nous devons travailler, mais je ne suis au courant d'aucun « procès-verbal » ou d'enregistrements après une réunion. »
Même détachement quant à savoir si l'App Store est une activité rentable pour Apple ou combien elle fait entrer d'argent dans les caisses. Ce n'est pas sur ces critères qu'Apple fonctionne pour cette activité, a assuré Schiller à l'avocat d'Epic Games qui l'interrogeait :
« Êtes-vous en train de dire à Son Honneur que vous ne savez pas si… l’App Store a été rentable ? »
« Je pense que c'est [rentable]. Ce que je veux simplement dire c'est que le « bénéfice » en tant que mesure financière spécifique n’est pas un relevé que je reçois et auquel je consacre du temps. Ce n’est pas ainsi que nous mesurons notre performance en tant qu’équipe. »
Plus tard il expliquera que la facturation, les comptes, les abonnements sont des chiffres que l'équipe surveille et gère de près. Mais le retour sur investissement, la trésorerie ou les prévisions financières n'ont pas été pris en compte lorsqu'il a été décidé d'appliquer une commission de 30 % sur la vente d'une app :
« Avez-vous déterminé quel serait votre retour sur investissement ? »
« Pas que je m'en souvienne. »
« Avez-vous étudié des mesures financières telles que la rentabilité prévisionnelle de l'imposition d'un taux de commission de 30 % ? »
« Pas que je m'en souvienne. »
« Êtes-vous en train de dire à Son Honneur que vous avez pris cette décision, sans aucune étude sur le flux de revenus qui serait généré par la mise en place d'une commission de 30 % ? »
« C'est exact. »