Avec plus de 200 milliards de dollars dans son gros coffre, Apple aurait les moyens de racheter une bonne partie de la Silicon Valley. Mais contrairement à ses concurrents, le constructeur aime rester sous le radar en achetant des start-ups et de petites entreprises dans un processus connu sous le nom de « acquihire » : c'est moins les produits ou les services développés qui l'intéresse, que la matière grise qui a permis de les développer.
Il y a bien sûr des exceptions à la règle, la dernière remontant à 2014 avec l'achat de Beats pour 3 milliards de dollars. Le service de streaming mis au point par le constructeur audio a servi d'ossature à Apple Music (les casques et écouteurs Beats ont aussi intégré le catalogue d'Apple). Mais dans la très grande majorité des cas, les acquisitions de la Pomme sont discrètes, les employés des start-ups ne sont même pas autorisés à en parler à leur famille. Apple déconseille également de mettre à jour les profils LinkedIn…
Durant la réunion annuelle des actionnaires, Tim Cook a annoncé que l'entreprise en avait acheté 17 durant les quatre dernières années, et près d'une centaine sur les six dernières années. Un papier de CNBC revient sur cette frénésie d'acquisitions. Apple gère en général toute seule le processus d'acquisition, comprendre : sans les banques.
Le site décrit la manière dont Apple approche les entreprises dignes d'intérêt. Généralement, la start-up convoitée réalise une démo auprès des spécialistes techniques du constructeur, des réunions qui peuvent mener tout droit à une proposition d'acquisition de la part du directeur de l'équipe intéressée par la technologie.
C'est ensuite l'équipe M&A (Mergers and Acquisitions, fusion-acquisition) qui organise le rapprochement entre la start-up et Apple. Une fois l'achat en poche, c'est une autre équipe spécialisée de la Pomme qui aide les nouveaux employés à s'intégrer au mieux avec leurs collègues.
Tim Cook durant la dernière réunion des actionnaires : « Nous n'avons pas peur d'envisager des acquisitions de toutes tailles. Mais notre priorité est l'ajout de valeur et l'adéquation de l'acquisition dans notre stratégie. Nous nous concentrons sur les petites entreprises innovantes qui explorent des technologies qui complètent nos produits et contribuent à les faire progresser ».
On y apprend que la Pomme valorise les entreprises acquises en fonction du nombre d'ingénieurs et d'employés « techniques », chacun d'entre eux représentant une moyenne de 3 millions de dollars. Habituellement, lors d'un processus d'acquisition, le montant du chèque se base sur le chiffre d'affaires ou l'argent levé auprès des investisseurs.
Les employés « achetés » bénéficient de ce qu'on appelle des « golden handcuffs » (« menottes dorées ») : ce sont de gros paquets d'actions qu'ils pourront convertir en argent sonnant et trébuchant dans trois à quatre ans. Cette pratique, habituelle dans le secteur, permet à Apple de retenir les employés des start-ups. Et ça marche: ces derniers restent généralement au-delà du délai de vente de leurs actions.