Steve Jobs malade : l'ère du soupçon

Vincent Absous |
Ainsi Steve Jobs lâche-t-il, au moins provisoirement, les rênes de l'entreprise qu'il a contribué à fonder il y a plus de trente ans maintenant. Une lettre ouverte aux employés d'Apple a permis de l'annoncer aux employés de la société, donc, mais aussi aux investisseurs, aux observateurs du monde Mac et au grand public. Ce matin, la nouvelle était à la Une de toute la presse, la presse spécialisée, bien sûr, la presse généraliste aussi.

C'est que l'information ne laisse pas indifférent et suscite de nombreuses interrogations. Certes, elle apporte une réponse, officielle, mais partielle, à une interrogation qui se posait depuis l'annonce en décembre de l'absence de Steve Jobs aux commandes du keynote de Macworld Expo. Apple avait alors expliqué que l'homme au pull à col roulé noir ne serait pas présent parce que Macworld Expo n'avait plus rien d'une priorité, mais cela n'avait guère convaincu. Au point qu'une lettre avait été publiée la veille du keynote. Apple semblait presque contrainte de le faire tant ledit keynote aurait risqué de se dérouler dans une ambiance insupportable.

Aujourd'hui, on en a la confirmation, mais on s'en doutait un peu, la vraie raison est dans l'état de santé de Steve Jobs, un état de santé assez préoccupant pour que le P.D.G. d'Apple prenne du champ. Certes, il n'est pas question de démission, certes il annonce même sa volonté de garder un oeil sur les grandes décisions dans les mois qui viennent, certes, Tim Cook, présenté comme un potentiel successeur naturel, n'est là que pour assurer l'intérim, il n'empêche, on ne peut manquer de voir aussi dans la lettre publiée hier une première étape dans un processus de succession qu'Apple voudrait le moins traumatisant possible.

C'est que Steve Jobs est à ce point identifié à la société qu'il a cofondée en 1976, qu'on peine à imaginer cette société sans lui, et le souvenir de sa descente aux enfers dans les années 90, après que le fondateur en avait été chassé, n'est pas là pour améliorer cette visibilité. Apple, c'est évidemment pour une grande part Steve Jobs. Et l'adjectif qui sert à construire la jolie périphrase "le charismatique patron d'Apple" le dit assez bien : pour nombre d'observateurs, pour les aficionados du Mac, ses succès, Apple les doit à cet homme. Peu importe que cela soit d'ailleurs vrai, peu importe qu'on oublie qu'Apple, c'est aussi d'excellents ingénieurs, d'excellents designers, que c'est encore un écosystème particulier, ce qu'on retient toujours, c'est Steve Jobs. On l'a encore vu en ce début d'année : Phil Schiller est peut-être un excellent vice-président marketing produit pour Apple, il n'a pas le charisme de Steve Jobs et son keynote a semblé singulièrement terne.


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Au-delà, la lettre ouverte d'hier soir pose à nouveau la question du degré de confiance qu'on doit accorder à Apple. Comme le rappelle Francis Pisani dans son blog, Steve Jobs "ne révèle la vérité qu’à reculons, en en disant toujours moins que ce qui se passe vraiment". En quelques jours, Steve Jobs a communiqué deux fois sur son état de santé. Il ne l'a pas fait, on imagine, de gaieté de cœur. Il l'a certainement fait pressé qu'il était, et avec lui toute l'équipe dirigeante d'Apple, par le cours de l'action, par la presse, par l'environnement. Et si la semaine passée le communiqué d'Apple rassurait parce que Steve Jobs y évoquait un déséquilibre hormonal sous contrôle et en voie de rémission, il y réaffirmait aussi sa volonté de rester à son poste, celui d'aujourd'hui provoque immédiatement et inévitablement l'inquiétude.

Le New-York Times peut affirmer que le problème ne vient pas d'une résurgence du cancer, mais plutôt d'un problème rendant l'organisme incapable d'assimiler la nourriture (lire "Steve Jobs : pas de résurgence du cancer ?"), on doute inévitablement. Dans l'affaire, la communication d'Apple s'est montrée relativement déficiente. La conséquence est simple, et il suffit de lire les réactions à l'annonce d'hier soir : ce que lisent nos lecteurs entre les lignes, c'est tout simplement le retrait non pas temporaire, mais définitif de Steve Jobs.

On pourra alors dire ce qu'on veut, que parler de la santé de Steve Jobs, c'est tomber dans le people, Apple a communiqué sur ce dossier comme elle communique sur les autres dont elle n'est pas l'initiatrice : contrainte et forcée en l'occurrence. On est plus que jamais dans l'ère du soupçon.

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- Steve Jobs en retrait pour se soigner
- Steve Jobs fait le point sur sa santé
avatar sylko | 
Une chose est sûre et certaine... Les trolls à deux balles, survivront à tout :P
avatar Brewenn | 
C'est sur que pour les "neus neus" comme le posteur précédent on ne peut être qu'un trolleur si l'on est pas dans l'idéologie maison.
avatar Proudhon | 
Cette absence de modos sur MacGé devient franchement préocuppante !!!! Ou alors peut-être qu'il faudra que quelqu'un fasse le ménage à coup d'insultes à 2 balles !!

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