Apple et le HPC à l'EPFL

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Organisée conjointement par l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) à l'initiative de Jacques Menu et Apple, la conférence sur le High Performance Computing (HPC) est une première en Europe pour la société de Cupertino. Comme l'a expliqué Serge Robe d'Apple Europe, cette conférence est la première du genre sur le vieux continent et, après une deuxième édition qui se déroule d'ailleurs aujourd'hui au CERN, celui-ci espère que d'autres expériences du même genre seront organisées en Europe. Il reste d'ailleurs ouvert aux demandes des milieux de l'éducation et autres organisations gouvernementales intéressées par le potentiel d'Apple dans le domaine des grilles de calcul.

Comme l'a annoncé Pascal Cagni à ses troupes en début d'année, Apple Europe sera sur 4 fronts cette année : L'éducation, le HPC, le domaine Unix et la musique. Serge Robe explique également qu'à l'occasion d'Apple Expo, les visiteurs pourront découvrir les solutions d'Apple dans ce domaine par le biais de conférences et de rencontres sur le stand de la société.

"Il n'y a aucune autre compagnie au monde qui est meilleure pour rendre les technologies complexes simples", une citation de Steve Jobs que l'on pouvait lire sur l'un des écrans d'introduction à cette conférence pour laquelle plus de 50 personnes étaient réunies. Tout au long de cette présentation de 3h00, les représentants d'Apple n'auront d'ailleurs cesse de le répéter : les solutions qu'Apple est en train de mettre en place dans les systèmes de grille de calcul sont là pour "démocratiser" l'installation et l'utilisation de ces technologies en les rendant simples.

Comme le rappelle notre interlocuteur, Apple est dans une position intéressante, elle "fait le grand écart entre le iPod, n°1 dans son secteur, et les supercalculateurs avec une troisième place mondiale". C'est d'ailleurs sur cette phrase que démarre un petit film de présentation sur une des grandes fiertés d'Apple : le supercalculateur installé à la Virginia Tech. Pour ceux qui en auront l'occasion, Dr. Srinidhi Varadarajan, qui a mis en place le système, sera présent à la International Supercomputer Conference qui se déroulera du 22 au 25 juin à Heidelberg. Celui-ci fera part de son expérience et expliquera comment réaliser un supercalculateur basé sur le couple G5/Mac OS X

Présentation des solutions Apple
Serge Robe n'avait sans doute pas encore lu l'actualité du jour, mais il explique que le fait de travailler main dans la main avec IBM aura permis de rassurer les analystes après la mauvaise collaboration entre Apple et Motorola qui n'arrivait pas à faire face aux besoins d'Apple, que ce soit au niveau des performances ou de la production en quantité de processeurs. S'ensuit une présentation, certainement un peu longue pour une audience à plus de 95 % utilisatrice de Mac OS X, des solutions Apple dans le domaine des serveurs, du fonctionnement de Mac OS X et de son évolution depuis son lancement en 2001. Une fois de plus, l'argument de la facilité revient lors de la comparaison avec les solutions fonctionnant sous Linux : facilité de configuration, d'utilisation, rapidité de mise en place et cohérence dans les solutions proposées. Tout cela en s'appuyant, certes sur l'Open Source, mais en rappelant qu'Apple met à chaque fois son grain de sel en y ajoutant des couches graphiques et en s'assurant du bon fonctionnement de tous les éléments proposés entre eux.

Petite anecdote au passage, le Xserve Raid n'aurait pas été conçu à la base pour être un compagnon du Xserve, mais pour les utilisateurs de Final Cut Pro, toujours dans cet esprit d'offrir un espace de stockage important tout en apportant une facilité de mise en place et de gestion "à la Apple". La présentation de la gamme Apple fait un rapide crochet vers Xsan, présenté en début de semaine par Apple au NAB et se termine par une explication sur la stratégie Open Source d'Apple. Serge Robe conclut en expliquant que le plus important chez Apple c'est le logiciel et pas le matériel et sur la volonté d'Apple de ne plus être prise pour une société qui n'est pas sérieuse : "Apple ce n'est plus le logo de Mac OS qui sourit, ce n'est plus la pomme multicolore. Aujourd'hui Apple c'est un logo uniforme accompagné par le X de Mac OS."

Mac OS X et l'open source
Serge Robe et Eric Circlaeys s'attaquent ensuite à la partie pour laquelle les auditeurs sont venus : le code. Commence une rapide présentation de Quartz (la couche graphique 2D de Mac OS X) pour Unix avec un exemple de programmation du moteur avec Python. Selon l'orateur, l'utilisation combinée de Python et de Quartz offre des perspectives bien plus grandes que le couple AppleScript/Photoshop notamment en terme de puissance de programmation et de rapidité. Il prend d'ailleurs en exemple l'industrie des arts graphiques qui serait l'utilisateur parfait de ce genre d'application. Démonstration donc d'un script Python qui convertit une série d'images en un document PDF, simple, rapide et effectivement efficace.

S'ensuit une parenthèse sur la sécurité de Mac OS X et du fait que tous les ports du système (sauf 2 accessibles uniquement en local) sont désactivés par défaut. Vient une présentation de X11, le serveur graphique permettant de faire fonctionner des logiciels développés sur Unix/Linux. X11 est optimisé pour Mac OS X et utilise par exemple le moteur OpenGL du système d'Apple ce qui lui permet des performances d'affichages excellentes. Eric Circlaeys rappelle au passage que, de plus en plus, les éditeurs prennent en compte X11 pour Mac OS X dans leurs développements ce qui offre un catalogue de milliers d'applications supplémentaires pour notre plateforme. Une démonstration d'un logiciel de modélisation de molécules ADN est effectué pour montrer la qualité de l'affichage pris en charge par OpenGL, ainsi que la comptabilité avec Mac OS X. Fink et DarwinPorts sont également présentés avec l'avantage pour Fink d'offrir plus de librairies tandis que DarwinPorts qui en compte moins a par contre l'avantage d'offrir tous les installeurs au format .pgk compatible avec l'installeur de Mac OS X. Vient une présentation de la technologie Rendezvous. Serge Robe rappelle que celle-ci est basée sur des standards de l'industrie et que Rendezvous est compatible avec Windows et Unix/Linux.

Les outils de programmation d'Apple
Rapide sondage dans la salle : combien de développeurs sont présents ? Environ 1/5 des auditeurs lèvent la main. Une présentation des outils de développement pour Mac OS X commence avec le passage inévitable par Xcode avec la compilation d'un logiciel C++ d'analyse financière développé pour Unix. Mais les présentations se concentrent sur tout ce qui tourne autour de l'optimisation pour le processeur G5 et Altivec. On apprend que les compilateurs XL C et XL Fortran développés par IBM sont compatibles pour OS X et offrent une meilleure optimisation pour le processeur G5 que les outils fournis en standard par Apple, de quoi gagner un peu en performances.

On passe ensuite aux outils d'optimisation pour le PowerPC (Shark, Saturn) avec une présentation plus détaillée du fonctionnement de Shark. Le même logiciel d'analyse financière est utilisé pour la démonstration. On y découvre comment ces outils d'optimisation permettent de facilement et rapidement trouver les parties de code source qui peuvent être améliorées et optimisées de manière générale pour Mac OS X et d'aller ensuite encore plus loin pour tirer le meilleur de l'architecture du G5 (altivec, fpu, pipeline, etc.) et des autres processeurs de la gamme Power PC (G3, G4) si le développeur le souhaite. Eric Circlaeys donne aussi quelques astuces sur l'optimisation du code.

Xgrid
La séance touche presque à sa fin, le temps de voir encore une démonstration de Xgrid fonctionnant avec deux machines. Démonstration idéale de calcul de fractales, d'abord sur un G5 Bipro 2 GHz, le tachymètre de xGrid monte effectivement à 4 GHz. On passe maintenant à 2 sources de calcul, 8 GHz de puissance brute et donc un résultat calculé beaucoup rapidement. Serge Robe rappelle que Xgrid est basé sur des technologies Open Source et que, même s’il est encore en développement, rien n'empêche que par la suite il soit compatible avec d'autres plateformes. Il fait part des perspectives pour Xgrid, notamment la possibilité d'utiliser le logiciel en "économiseur d'écran" afin de bénéficier de la puissance de calcul de postes dormant. Blast pour Xgrid est également présenté. L'adresse hpc.sourceforge.net qui présente beaucoup de solutions pour notre plateforme pour les grilles de calcul est transmise.

En conclusion
Petit tour parmi l'audience qui a, semble-t-il, apprécié la démonstration, mais aurait aimé passer plus de temps dans le code et découvrir le HPC en détail plutôt que de "perdre du temps" au début sur les présentations matérielles et logicielles déjà connues. On apprécie bien entendu le retour d'Apple dans le domaine des serveurs avec des solutions innovantes et intéressantes et la percée que tente de faire la société dans le HPC. Toutefois, tout n'est pas rose, en réponse à une question on comprend que, en dehors du programme développeurs ADC, l'infrastructure au niveau du support et du consulting très spécialisé que requière ce domaine est quasi inexistante. Et d'ailleurs et le problème est récurrent, Apple (du moins en Europe) ne s'appuie pas assez sur les personnes et les sociétés locales travaillant sur sa plateforme. On sent également un doute quant à la capacité de la structure européenne à se profiler efficacement sur ce domaine. En effet, même si l'équipe de Serge Robe est extrêmement dynamique, il semble qu'Apple ne se donne pas les moyens de ses ambitions et qu'il manque cruellement à la société de véritables connaisseurs qui puissent être des répondants aux utilisateurs qui ont souvent des questions très pointues et on besoin de réponses claires et précises.

Point positif toutefois, la rumeur veut qu'un gros supercalculateur de plus de 1000 machines soit en cours d'élaboration en Europe alors que l'EPFL va mettre au concours deux grilles de calcul à la fin de cette année et Apple pourrait faire partie de l'appel d'offres. La société serait également un candidat potentiel pour le CERN qui s'intéresse également aux solutions proposées dans ce domaine. Reste à espérer que les moyens nécessaires seront mis à disposition pour convaincre définitivement tous ces clients potentiels.

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