Apple a présenté ses résultats financiers pour le compte du troisième trimestre fiscal de son exercice 2012 (fin mars à fin juin). Depuis le décalage du cycle de l'iPhone à l'automne, c'est le trimestre le plus creux. Mais il devrait bénéficier cette année du lancement de l'iPad de troisième génération.
Les attentes
Ce trimestre a été marqué par le renouvellement d'un des trois produits les plus importants pour Apple : lancé le 16 mars et déployé très rapidement dans la plupart des pays du monde, l'iPad de troisième génération marquera ces résultats. Les analystes divergent néanmoins sensiblement sur les niveaux de vente : alors que les « institutionnels » tablent sur 15,7 millions d'unités (le niveau de Noël), les « indépendants » parient sur 20 millions d'unités (un nouveau record).
La hauteur de la barre conditionne la lecture de ce trimestre. Basse, elle entraînerait un chiffre d'affaires d'environ 37 milliards de dollars légèrement à la baisse par rapport au trimestre précédent — comme c'est toujours le cas dans ces trimestres creux. Haute, elle ferait de ce trimestre un nouveau record hors trimestres de Noël, avec un chiffre d'affaires dépassant 41 milliards de dollars — ce serait une nouvelle surprise, mais la surprise devient une habitude avec les résultats financiers d'Apple.
Le bénéfice et la marge seront eux aussi directement conditionnés par le succès de l'iPad. Les analystes institutionnels, plus pessimistes, parient sur un bénéfice de 10,3 $ par action et une marge autour des 43 %, des chiffres en retrait par rapport au trimestre dernier. Les analystes indépendants pensent au contraire que l'iPad rattrapera la faiblesse des autres segments pour un trimestre en léger progrès avec un bénéfice de 12,3 $ par action et une marge à 45 %. C'est la première fois que ces deux groupes divergent autant sur leurs estimations.
Le renouvellement du deuxième des trois produits les plus importants d'Apple est intervenu trop tard pour compter dans ce trimestre : le MacBook Air 2012 sera accompagné par le MacBook Pro Retina pour faire passer le Mac à plus de 5 millions d'unités au quatrième trimestre. Les analystes s'attendent à ce qu'Apple annonce un chiffre de 4,3 à 4,5 millions de Mac vendus.
Le troisième et plus important produit pour Apple, l'iPhone, passera un sale quart d'heure : les institutionnels le voient repasser sous les 30 millions d'unités, et même les indépendants les plus optimistes ne pensent pas qu'il dépassera 32 millions d'unités. Un bon chiffre dans l'absolu, qui fait d'Apple le no. 2 mondial du smartphone (et le 1er aux États-Unis), mais loin du record de 37 millions. Il est désormais temps de confronter ces chiffres à la réalité.
Ventes de Mac
Apple a vendu à peine plus de 4 millions de Mac (4,02 millions pour être précis) : la progression est donc nulle par rapport au trimestre dernier, ou au même trimestre par rapport à l'an dernier. Fait rare : les résultats sont donc en dessous des attentes des analystes, même les plus pessimistes.
Quand un Mac de bureau est acheté, il se vend trois Mac portables : la différence n'a jamais été aussi grande et ne cesse de se creuser, d'autant que le cycle de renouvellement des Mac mini, iMac et Mac Pro a tendance à ralentir.
Ventes d'iPod
On ne sera pas surpris des performances de l'iPod : Apple en a écoulé 6,75 millions — c'est le niveau de ventes de 2005. D'une année sur l'autre, les ventes sont en baisse de 10 %, iPod touch y compris.
Ventes d'iPhone
La contre-performance était attendue pour l'iPhone, mais personne n'imaginait qu'elle serait aussi franche. Le chiffre annoncé — 26,028 millions d'unités — doit être envié par la plupart des concurrents d'Apple. Mais les attentes des analystes lui donnent une autre interprétation.
Reste que d'une année sur l'autre, les ventes d'iPhone progressent de près de 28 %, une croissance à deux chiffres avec laquelle très peu de fabricants de smartphones peuvent rivaliser. Reste à savoir quel nouveau plafond le prochain iPhone sera capable d'atteindre : 40 millions par trimestre ? 50 ?
Ventes d'iPad
Même petite moue face aux chiffres de ventes de l'iPad : certains analystes affichaient des chiffres si haut qu'on aurait tendance à bien vite crier à la mort de la tablette. La réalité est qu'il est encore difficile d'estimer ce chiffre, annoncé ce trimestre à 17,042 millions d'unités.
Ce qui n'est ni plus ni moins qu'un nouveau record absolu correspondant à une croissance de 44 % en trois mois et de 84 % en un an — une fois mis en perspective donc, le chiffre est moins mauvais qu'il ne paraît. Reste que ce niveau assez bas semble indiquer que le prix de l'iPad ne favorise toujours pas une adoption massive : un signe de plus en faveur d'un iPad mini, destiné à booster les ventes ?
Logiciels et services
Les périphériques ont généré un chiffre d'affaires de 663 millions de dollars ce trimestre, une progression de 28 % d'une année sur l'autre. Les souris tactiles, trackpads et Smart Cover semblent se vendre comme des petits pains.
Même progression pour les logiciels et services, qui atteignent 891 millions de dollars.
Chiffre d'affaires et autres données financières
Le résultat est donc un chiffre d'affaires de 35 milliards de dollars, le plus faible trimestre de l'année donc, mais en progression de 22,5 % par rapport à la même époque en 2011. On est logiquement dans la fourchette basse des estimations, qui avaient largement surévalué l'iPad.
Le bénéfice s'élève à 8,8 milliards de dollars, soit 9,32 $ par action. On est là encore dans la fourchette basse, mais il faut noter que la progression annuelle est de l'ordre de 20 %. Ce trimestre n'est donc pas aussi explosif que les précédents, mais il ne faut pas tomber dans l'excès inverse de surévaluation des signes : Apple avait prévenu que ce trimestre serait moins bon que les précédents, et le résultat est en rapport avec les attentes des dirigeants, le tout dans une période de renforcement de la crise financière et économique sur certains des marchés les plus importants pour la firme de Cupertino.
La marge se monte à 42,8 %, une petite progression par rapport à l'an dernier (41,7 %), mais un coup de hache par rapport aux 47 % atteints au deuxième trimestre. Les investissements dans de nouvelles machines-outils pour les MacBook Pro Retina, les nouveaux écrans et probablement le futur iPhone peuvent expliquer ce phénomène, qui est d'ailleurs cyclique.
La part de l'étranger reste au-dessus des 60 % (62 %) : Apple est définitivement sortie des États-Unis.
Pour le T4 2012
Le conseil d'administration annonce ce soir le premier versement de dividendes depuis novembre 1995. Il se monte comme prévu à 2,65 $ par action à échéance du 16 août prochain.
Pour le prochain trimestre, Peter Oppenheimer prévoit un chiffre d'affaires de 34 milliards de dollars et un bénéfice de 7,65 $ par action. Une estimation une nouvelle fois très basse, mais l'an dernier, le quatrième trimestre avait été une une copie parfaite du troisième.
Il faut donc s'attendre à un quatrième trimestre de croissance « modérée » (du moins pour Apple), avant un trimestre de fêtes explosif sous l'effet combiné du renouvellement total de la gamme de Mac et du nouvel iPhone.