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Free Mobile : Xavier Niel et l'ARCEP répondent aux critiques

Nicolas Furno

vendredi 22 juin 2012 à 12:45 • 74

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C'est à travers une tribune publiée dans le journal Les Echos que le patron de Free Mobile a choisi de s'exprimer à nouveau. Xavier Niel répond aux multiples polémiques qui ont éclaté ces dernières semaines.



L'homme s'exprime rarement dans les médias, mais quand il le fait c'est toujours avec un franc-parler et une virulence qui surprend un peu dans un univers où la parole est souvent très surveillée. Toute intervention de Xavier Niel est donc intéressante, mais celle-ci l'est d'autant plus que les polémiques se sont multipliées contre Free Mobile.



Free Mobile, quatrième opérateur qui doit encore faire ses preuves



Free Mobile communique peu sur ses chiffres. Le seul qui soit officiel est celui de 2,6 millions d'abonnés au 31 mars 2012 donné à l'occasion des résultats trimestriels d'Iliad (lire : Free Mobile n'a pas atteint 3 millions d'abonnés). Ce chiffre correspond à 4 % de part de marché à l'époque, plaçant le nouvel opérateur à la quatrième place.

Les marchés financiers ont favorablement accueilli ce chiffre et il est indéniable qu'accueillir 2,6 millions d'abonnés en à peine plus de deux mois est une belle performance. Depuis, on ne connait pas l'évolution de ce chiffre, mais une étude assez précise estimait en début de semaine que l'opérateur avait largement dépassé les 3 millions avec même 3,6 millions d'abonnés à la mi-mai (lire : Free Mobile aurait largement dépassé les 3 millions d'abonnés). Rappelons que ce cap était la limite que s'était fixée Free Mobile avant d'éventuellement ajuster ses tarifs. Pour l'heure, les deux offres présentées en janvier n'ont pas évolué.



Cette même étude soulève toutefois le problème de fond du quatrième opérateur français : si l'entreprise de Xavier Niel a mis la main sur 7,9 % du marché en nombre d'abonnés, elle n'aurait toutefois droit qu'à 3,6 % du chiffre d'affaires du secteur. La rentabilité de Free Mobile reste encore problématique, notamment parce que l'opérateur ne dispose pas encore de son propre réseau. Le PDG évoque d'ailleurs ce point dans la tribune du jour :


Nous avons un intérêt économique évident à déployer rapidement notre propre réseau, les minutes achetées en itinérance étant bien plus coûteuses que celles produites en propre.


On reste aujourd'hui loin d'un réseau propre, efficace et présent sur tout le territoire. Les abonnés Free Mobile utilisent toujours majoritairement les antennes d'Orange. Cet accord d'itinérance a permis au nouvel entrant de démarrer avec un réseau national, sans avoir à installer préalablement des antennes dans tout le pays, mais cela n'a pas été sans accrocs.

Les abonnés des premiers jours peuvent en témoigner aujourd'hui, il fallait faire avec des appels jamais reçus et des échecs réguliers pour appeler, surtout le soir. Fin mars, une étude montrait ainsi qu'un appel sur deux était rejeté en soirée pour les abonnés… (lire : Free Mobile : un appel sur deux rejeté entre 18h et 21h !)



Depuis, la situation s'est largement améliorée pour les appels, au point que l'on peut dire que Free Mobile n'est plus à la traine sur ce volet (lire : La situation s'améliore chez Free Mobile et Free Mobile annonce avoir réglé les problèmes de capacité). Las, c'est un nouveau problème qui guette l'opérateur depuis quelques jours : les débits en 3G se sont effondrés dans toute la France. Une étude précise montre que les débits sont désormais en moyenne près de trois fois plus lents chez Free Mobile que chez les autres opérateurs.

Ce problème est d'autant plus gênant qu'il ne sera pas facilement réglé. Si Free Mobile peut renforcer ses liens avec le réseau d'Orange, ses propres antennes ont été mal équipées pour des raisons d'économies et la situation ne devrait pas s'améliorer rapidement, en tout cas pas sans un investissement très conséquent. Comment assurer cet investissement si l'entreprise n'est pas rentable ? C'est incontestablement tout l'enjeu pour Xavier Niel…

Xavier Niel défend son entreprise



Depuis le mois de janvier, politiques et analystes économiques ont dénoncée l'entrée du nouvel opérateur sur le marché français avec, en point d'orgue, la critique assez vive d'Arnaud Montebourg contre l'ARCEP et contre Free Mobile (lire : Arnaud Montebourg critique vivement l'ARCEP). Le nouveau ministre du Redressement productif dénonçait la semaine dernière l'« hémorragie » du marché de l'emploi dans le secteur de la téléphonie mobile et accusait alors l'ARCEP d'avoir fait un choix politique en acceptant la candidature de l'opérateur.

Dès le titre de la tribune, le ton est donné : "Free Mobile : mythes et réalités". Xavier Niel entend mettre les points sur les i et donner sa vision des choses :


Free Mobile a lancé ses offres le 10 janvier 2012. Depuis, nombreux sont ceux qui se sont exprimés, généralement pour se réjouir des impacts positifs de cette entreprise, mais aussi pour s'alarmer des effets négatifs supposés, notamment sur l'emploi et l'investissement.


Face à des arguments qu'il juge « simples, voire simplistes », Xavier Niel oppose une « vision positive ». Le PDG d'Iliad, la maison mère de Free Mobile, démonte un à un ces arguments, en commençant par la question des emplois qu'il avait déjà abordée lors de son passage devant les députés (lire : Free riposte aux attaques de ses concurrents).

L'emploi dans ce domaine baisse depuis 1998, c'est une tendance de fond que Free Mobile n'a pas créée cette année. Il ajoute d'ailleurs que le secteur est stable, voire en légère croissance depuis 2009. Une information confirmée par l'observatoire annuel du marché des communications électroniques publié par l'ARCEP.



Reste que ces chiffres s'arrêtent en 2011 et qu'ils ne prévoient pas ce que sera la situation en 2012. Comme un signe de mauvais augure, on apprenait en début de semaine que SFR pourrait réduire ses effectifs à hauteur de 10 % cette année, soit une perte d'environ 1000 emplois selon PC INpact. L'opérateur mis en difficulté par l'arrivée de Free Mobile entend économiser 500 millions d'euros, ce qui devrait passer par un plan de départs volontaires.

Notons que SFR est certainement l'opérateur qui a le moins réagi à l'entrée sur le marché de Free, même si ses deux autres grands concurrents ont aussi perdu un grand nombre d'abonnés depuis le début de l'année. Difficile aussi de dire que ces pertes d'emploi sont directement liées à l'arrivée d'un opérateur supplémentaire.

Xavier Niel s'attaque ensuite à la question des investissements, reprenant là aussi des chiffres qu'il avait déjà évoqués : « France Télécom, SFR et Bouygues Telecom ont des investissements qui représentent de 12 % à 20 % de leur chiffre d'affaires. Iliad est à plus de 50 % en 2011. » L'investissement pèse lourd dans les revenus de son entreprise, mais il faut rappeler qu'il n'est pas nécessairement plus important en valeur que ceux de ses concurrents. Le PDG rappelle d'ailleurs que « les trois opérateurs historiques vont demeurer très prospères » et il donne le chiffre de 5,5 milliards de dividendes distribués pour l'année dernière.

Le patron de Free Mobile concède toutefois que ses concurrents ont augmenté récemment leur investissement pour la 4G, mais il fait de l'entrée du quatrième opérateur leur motivation principale :


En termes d'investissement : les trois opérateurs historiques, qui du temps de l'oligopole avaient attendu des années avant de déployer la 3G, au mépris de leurs obligations, se précipitent sur le déploiement de la 4G pour se différencier du nouvel entrant.




L'actualité mobile est effectivement riche en 4G. Orange ouvrait cette semaine son réseau 4G à Marseille, alors que Bouygues le teste à Lyon. Stéphane Richard, PDG d'Orange, a reconnu justement hier au site ZDNet que l'investissement en 4G était une réponse à l'entrée d'un nouvel opérateur :


Avec l'arrivée du nouvel entrant se pose la question de l'investissement. Il faut des opérateurs qui soient décidés à investir, c'est le cas d'Orange pour être en avance dans le temps et en qualité. Nous investissons chaque année 2,6 milliards d'euros dans nos réseaux dont 500 millions dans le mobile.


Dans sa tribune publiée dans Les Echos, Xavier Niel pose ensuite la question de l'intérêt des clients. Comme il l'avait déjà longuement fait pendant sa présentation de Free Mobile, en janvier, il dénonce à nouveau les méfaits de ce qu'il qualifie d'oligopole. Sa démonstration est, il faut l'avouer, très efficace quant à l'impact de l'entrée d'un nouvel opérateur sur les tarifs :


Les forfaits illimités étaient proposés autour de 180 euros par mois en 2008 quand le projet de quatrième licence était moribond, puis autour de 80 euros quand l'appel d'offres a été ouvert, et miraculeusement, quelques mois avant le lancement commercial de Free Mobile, de 24,90 euros.



Pendant la présentation de Free Mobile, Xavier Niel a comparé directement son offre avec celles de ses concurrents.


Et Xavier Niel d'enfoncer le clou en rappelant le rôle de Free sur les tarifs de l'Internet, il y a une dizaine d'années :


De même qu'au début des années 2000 le lancement par Free des box, du « triple play » et des forfaits à 29,99 euros quand le marché était positionné à 70 euros a accéléré le passage de la France du Minitel à la France numérique, j'affirme que Free Mobile dynamise le marché.


Loin de considérer que son offre contribue à nuire à l'économie française en détruisant un marché par une « concurrence sans limites » comme le nouveau ministre du Redressement productif — Arnaud Montebourg — le dénonçait en fin de semaine dernière, le patron d'Iliad indique que la hausse immédiate du pouvoir d'achat de ses abonnés profite à la communauté.

Xavier Niel indique que les milliards ainsi économisés profiteront à d'autres secteurs et compenseront la baisse du chiffre d'affaires du secteur, une baisse qui reste à prouver selon lui. Il termine en rappelant que Free Mobile crée de l'emploi avec ses boutiques, mais aussi ses cinq centres d'appels tous situés en France.



L'ARCEP monte également au créneau



Xavier Niel n'est pas le seul à réagir contre les polémiques qui visent Free Mobile. L'ARCEP est souvent visée de la même manière et on critique l'autorité pour avoir validé l'entrée de cet opérateur sur le marché et pour n'avoir pas fait un travail suffisant de vérification technique. Dans ce chapitre, c'est à nouveau Arnaud Montebourg qui a fait le plus de bruit en accusant l'ARCEP de « [faire] des choix politiques en lieu et place du politique ».

C'est à l'occasion du Forum des Télécoms et du Net également organisé par Les Echos que l'autorité a pu se défendre, comme le rapporte le site DegroupNews. À la critique qui veut que l'ARCEP fait de la politique et que ce n'est pas son rôle, Jean-Ludovic Silicani, président de l'autorité, répond très simplement : « Pour le principe d'attribution [de la licence 3G] c'est le gouvernement qui a mis cela en place et qui en a fixé le prix. »

C'est le monde politique qui a validé l'entrée sur le marché de Free Mobile rappelle, en substance, le président de l'ARCEP. En décembre 2010, le Canard Enchaîné rapportait que François Fillon, alors premier ministre, avait profité d'une absence de Nicolas Sarkozy, lors de l'épisode du malaise vagal du président fin juillet 2009, pour permettre cette entrée.

Quoi qu'il en soit, l'ARCEP comme Xavier Niel s'en prennent, sans le nommer, aux propos d'Arnaud Montebourg. Le patron de Free Mobile rappelle dans sa tribune que « le marché français du mobile était un oligopole, lourdement sanctionné par l'Autorité de la concurrence en 2005. », avant d'ajouter que les avis favorables à l'attribution d'une licence supplémentaire n'ont pas manqué :


À peu près toutes les institutions à même d'avoir un avis éclairé sur le sujet se sont montrées favorables à l'attribution d'une quatrième licence : l'Autorité de la concurrence, l'ARCEP, la Commission européenne, l'OCDE, la commission Attali, les associations de consommateurs…



Le lendemain de l'annonce de Free Mobile, l'actuel ministre du Redressement productif se félicitait de l'entrée sur le marché de Free Mobile. Les temps changent…

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