Test du MacBook 12" début 2015 Core M 1,2 GHz

Stéphane Moussie |

Si on met de côté les couleurs, le choix de MacBook est limité. Pour son nouvel ultraportable de 12", Apple ne propose que deux modèles de série : une configuration à 1 449 € avec un processeur 1,1 GHz et un SSD de 256 Go, et une autre à 1 799 € dotée d'un processeur 1,2 GHz et de 512 Go de stockage.

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Après avoir testé le modèle d'entrée de gamme, nous allons nous intéresser à la seconde version. Les 100 MHz de plus permettent-ils de faire sortir le MacBook de son carcan de machine à écrire de luxe ? Vaut-il la peine de dépenser 350 € de plus ? Réponse dans notre test du MacBook 12" début 2015 haut de gamme.

Une gamme très limitée

Avant d'entrer dans le vif du sujet, quelques mots sur l'articulation de la gamme. Comme indiqué en préambule, le choix de MacBook est loin d'être pléthorique. Non seulement la gamme se limite à deux machines, mais en plus Apple ne fait pas preuve de souplesse sur le plan des options. La seule option disponible sur les deux configurations de série est le processeur Core M à 1,3 GHz, qui coûte 250 ou 150 €.

Les deux modèles de MacBook

Si la puissance vous importe peu, mais que vous avez besoin de beaucoup de stockage, vous n'avez pas la possibilité d'adjoindre un SSD de 512 Go au modèle 1,1 GHz. Il faut obligatoirement se tourner vers la seconde configuration à 1 799 € équipée d’un processeur 1,2 GHz — celle qui fait l'objet de ce test, en finition gris sidéral.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire au premier abord, ce n'est pas une si mauvaise opération. Depuis la récente hausse généralisée des prix sur l'Apple Store, Apple facture en effet 360 € le SSD optionnel de 512 Go. Or, la différence de prix entre les deux modèles de MacBook est de 350 €.

La seule option matérielle du MacBook

Insistons sur le fait que le choix de la configuration est d'autant plus crucial qu'on ne peut rien modifier après l'achat. Le SSD et la RAM étant soudés, impossible de remplacer ces composants au bout de quelque temps parce que ses besoins ont évolué ou parce que la machine devient poussive.

L'avenir de l'ordinateur portable

On ne s'attardera pas trop dans ce test sur le design, ni toutes les autres nouveautés du MacBook. Brièvement, il s'agit d'une machine très « sexy », ultra fine et ultra légère (0,92 kg). Son design et sa fabrication, à la croisée du MacBook Pro et de l'iPad, sont irréprochables. L'écran Retina de 12" est une merveille. Le trackpad Force Touch apporte du confort d'utilisation et ouvre des perspectives intéressantes dans les interactions. Le clavier, déroutant au premier contact, se révèle au bout du compte très réussi.

Le MacBook (ici en gris sidéral) donne un coup de vieux au MacBook Air 13" - Cliquer pour agrandir

Moins réjouissant, son unique port USB C qui oblige à acheter un adaptateur pour faire deux choses en même temps et connecter ses périphériques habituels. Cette nouvelle connectique est toutefois amenée à être prépondérante à moyen terme. Reste qu'un second port USB C serait le bienvenu pour la recharge.

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Un processeur pas forcément plus rapide

Apple a pu affiner le MacBook et retirer le ventilateur grâce à l'utilisation d'un processeur Core M d'Intel. Il s'agit d'une nouvelle catégorie de processeurs particulièrement économes, en partie grâce à la gravure en 14 nm de la génération Broadwell (contre 22 nm pour Haswell). Ils autorisent des appareils toujours plus fins et le refroidissement passif. Leur enveloppe thermique (TDP) standard est de 4,5 W, quand le MacBook Air doit composer avec une puce 12 W qui chauffe plus et qui a donc besoin d'un ventilateur.

Le MacBook haut de gamme est équipé du Core M-5Y51 bicœur dont la fréquence de base est de 1,2 GHz et qui peut grimper jusqu'à 2,6 GHz en Turbo Boost. C'est respectivement 100 et 200 MHz de plus que la machine d'entrée de gamme.

Comme avec le Core M-5Y31 du MacBook le moins cher, on s'aperçoit en scrutant la fiche technique du Core M-5Y51 qu'Apple l'a très légèrement personnalisé. La « vraie » fréquence de base de ce processeur est 1,1 GHz, mais Intel permet de la monter jusqu'à 1,3 GHz (ou de la baisser à 600 MHz), ce qui a aussi pour effet d'augmenter le TDP à 6 W. Apple a donc choisi 1,2 GHz.

La partie graphique est assurée par une Intel HD Graphics 5300 cadencée par défaut à 300 MHz et qui peut atteindre 900 MHz maximum (c'est 50 MHz de plus que l'entrée de gamme).

Sur Geekbench 3, qui teste les performances globales, le MacBook 1,2 GHz fait un score de 5080 points. C'est toujours moins bien que les autres Mac de ces deux dernières années, mais c'est plus de 400 points de plus que le modèle 1,1 GHz. Une différence relativement importante qui pouvait faire espérer un gain de temps sensible dans l'exécution des tâches lourdes. Malheureusement, ce n'est pas toujours le cas.

Les 10 secondes en moins sur l'export iPhoto permettent au MacBook 1,2 GHz d'être un poil plus rapide que le MacBook Air 11" de ce début d'année. Mais c'est son seul fait d'armes. Il reste sinon plus lent que les deux dernières générations de MacBook Air (et MacBook Pro).

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Par rapport au MacBook 1,1 GHz, on gagne 4 secondes sur un export GarageBand et 30 secondes sur Aperture... mais on perd aussi 5 secondes sur Final Cut et carrément plus d'une minute sur iMovie.

Pour comprendre ce résultat anormalement défavorable, nous avons observé l'utilisation des processeurs 1,1 GHz (Turbo Boost jusqu'à 2,4 GHz) et 1,2 GHz (Turbo Boost jusqu'à 2,6 GHz) durant un export iMovie avec un programme d'Intel. Dans cet exemple, l'opération a été bouclée en 9 mn 01 s par le MacBook 1,1 GHz et 9 mn 38 s par la version 1,2 GHz.

Les graphiques ci-dessous ont été pris au même moment. On les a mis côte à côte pour faciliter la comparaison. Sur le graphique du haut, la courbe bleu foncé indique la consommation énergétique en Watt. Au milieu, on a la fréquence du processeur. En bas, la température.

1 min après le début de l'export - Cliquer pour agrandir

On peut tirer plusieurs enseignements de ces graphiques. D'abord, les 2,4 et 2,6 GHz maximum en Turbo Boost vendus par Intel et Apple ne sont atteignables qu'en tâche mono thread, ce qui veut dire que la plupart de temps, on est en-dessous (c'est le cas avec iMovie qui supporte le multithreading). Ce n'est pas spécifique au MacBook, mais les graphiques le montrent bien et il est bon de le rappeler.

Le TDP des MacBook dépasse les 10 W au tout début de l'opération, puis se stabilise autour de 9,5 W.

Si le MacBook 1,1 GHz exporte plus rapidement que le modèle 1,2 GHz, c'est parce que sa fréquence en Turbo Boost est en moyenne supérieure. On n'a pas d'explications sur cette étrangeté.

Au bout de 8 min 30 - Cliquer pour agrandir

En utilisation courante, on note encore des ralentissements occasionnels quand plus d'une demi-dizaine d'applications sont lancées. Ça n'entache pas la rapidité générale du système (les applications se lancent promptement, Mission Control s'active sans délai, etc.), c'est « juste » que ce n'est pas toujours fluide.

Concernant les tests graphiques, on note uniquement un léger gain de performances sur Valley Benchmark en définition native. Les résultats sont sinon identiques au MacBook d'entrée de gamme, ce qui est logique, puisqu'ils ont le même GPU.

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Un SSD de bonne facture

Le SSD du MacBook utilise le nouveau protocole NVMe qui permet de pleinement tirer parti de la vitesse des stockages flash. Il réduit la latence et gère beaucoup plus de commandes à la fois que le protocole AHCI.

Il y a un autre changement qui concerne le contrôleur du SSD. Habituellement, on peut identifier le fournisseur du contrôleur en regardant la référence dans le Rapport système. Sur un MacBook Air mi-2012, « SSD SM256E » indique que c'est Samsung (« SM ») qui fournit le composant.

Sur le MacBook, on lit « AP0512H », « AP » pour Apple. Cette nouvelle mention conduit à penser qu'Apple a mis au point son propre contrôleur, une supposition renforcée par le fait que l'entreprise a acquis fin 2011 Anobit, un spécialiste de la mémoire flash.

Ces évolutions sont très intéressantes, mais elles ne se traduisent pas encore en performances supérieures. Comme le SSD 256 Go du MacBook d'entrée de gamme, les débits du SSD 512 Go plafonnent juste avant les 900 Mo/s en lecture séquentielle. En écriture séquentielle, on tourne autour des 470 Mo/s au maximum.

Dans l'immédiat, ce sont de très bonnes mesures, mais on sait que certains Mac sont capables de faire encore mieux. C'est le cas du MacBook Pro 13" 512 Go qui dépasse très largement le Go par seconde dans les transferts de gros éléments (moyenne de 1,4 Go/s en lecture et 1,5 Go/s en écriture) et Apple promet même 2 Go/s pour le nouveau MacBook Pro 15".

Une autonomie correcte

Apple annonce une autonomie jusqu’à 9 heures en navigation web et jusqu’à 10 heures en lecture de films iTunes, des durées similaires aux MacBook Air 11".

Dans notre test « 100 % », nous exploitons à fond les capacités du Mac en lançant l'animation 3D de Valley Benchmark avec les réglages et la luminosité de l'écran au maximum. Le MacBook 1,2 GHz a tenu aussi longtemps que la version 1,1 GHz, à savoir 2 h 50 min. C'est une heure de plus que les autres Mac, un record qui peut s'expliquer par le fait que le processeur Core M tempère plus drastiquement sa consommation.

Dans notre test empirique, qui consiste à utiliser la machine dans le cadre d'une journée de travail classique chez MacG*, le MacBook 1,2 GHz s'est éteint en moyenne au bout de 6 h 30 min. C'est 30 min de moins que le modèle 1,1 GHz, mais il faut souligner qu'il y a forcément des disparités d'usage.

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Toutefois, les MacBook Air et les MacBook Pro font généralement mieux (une, voire deux heures de plus). C'est dommage que le MacBook soit un peu moins endurant que l'Air ou le Pro alors qu'il est le plus mobile.

Nous n'avons pas encore pu conduire notre test « 0 % » (rechargement de la page d'accueil de MacG et relève des courriers avec Mail) en raison de bugs à chaque essai (connexion Wi-Fi perdue, plantage de Mail...). Nous mettrons à jour cet article avec le résultat du test 0 % dès que nous l'aurons.

*Écran réglé à 80 % de luminosité ; Safari beaucoup sollicité avec de nombreux onglets ouverts ; relève des courriels dans Mail toutes les minutes ; Twitter lancé ; Reeder constamment ouvert pour les RSS ; synchronisation régulière de fichiers avec Dropbox ; Spotify joue de la musique ; et Byword sert à rédiger les articles.

Pour conclure

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Par rapport au modèle d'entrée de gamme, le seul intérêt du MacBook à 1 799 € réside dans son spacieux SSD de 512 Go. Le processeur 1,2 GHz n'apporte qu'un gain de performances marginal... quand il ne ralentit carrément pas certaines opérations. À moins d'avoir besoin de beaucoup de stockage, on recommande donc le MacBook d'entrée de gamme.

Au bout du compte, le MacBook 1,2 GHz reste essentiellement un netbook de luxe (qui fait une formidable machine à écrire). Pour plus de polyvalence, il faut toujours se tourner vers le MacBook Air ou le MacBook Pro. Un choix moins excitant, certes, mais plus raisonnable.

Note

Les plus :

  • Très compact et très léger
  • Fabrication impeccable
  • Trackpad Force Touch
  • Écran Retina
  • Nouveau clavier

Les moins :

  • Processeur 1,2 GHz pas plus rapide
  • Disparition du MagSafe
  • USB C naissant (adaptateur indispensable)
  • Un seul port USB C
  • Prix
6.5
10

Prix :

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