Director MX 2004

Arnaud de la Grandière |
Après une première version MX indigente (voir notre test de décmebre 2002), Macromedia a remis l'ouvrage sur le métier et propose avec Director MX 2004 un logiciel bien mieux abouti.

Digital Versatile Director

On trouve donc quelques nouveautés de taille dans cette nouvelle mouture. La première d'entre elles, et non des moindres, permet à Director de gérer les DVD vidéo. Voilà qui permettra d'avoir des suppléments DVD-ROM non seulement pour Mac, ce qui était inédit jusqu'à aujourd'hui (qui n'a pas hurlé de frustration en découvrant que le Mac n'était pas pris en compte pour les suppléments des DVD de Star Wars ou de Matrix ?), mais aussi pour les autres plates-formes. Espérons qu'il ne soit pas trop tard et que la tendance puisse évoluer dans ce sens. Grâce à cette nouvelle fonctionnalité, on peut donc lire des séquences vidéo du DVD et les intégrer dans un projecteur Director, mais aussi dans un fichier Shockwave, ce qui devrait permettre de faire des choses intéressantes et innovantes. Attention toutefois il ne s'agit pas là d'une fonction permettant de créer un DVD vidéo à partir de Director.

Author Once, Play Anywhere








Autre fonction demandée depuis des années, et qui en ravira plus d'un : il est maintenant possible de créer un projecteur pour Mac OS X, Mac OS 9, et... Windows ! Le tout bien évidemment sur un seul OS. Macromedia a en effet complètement revu le système de publication, intégrant tous les paramètres (que ce soit pour Shockwave comme pour les projecteurs) dans une seule fenêtre. On peut également y spécifier l'icône que l'on souhaite voir arborer le projecteur (une bénédiction quand on sait les affres par lesquelles on doit passer sur Windows pour ce faire), ainsi que le « splash screen » qui permet à l'utilisateur de patienter sans s'affoler pendant que l'application s'initialise. Petite subtilité : on peut même spécifier la première image du scénario comme splash screen, ce qui donne l'impression d'un démarrage en trombe. Il faut savoir que, sur Windows, on ne peut créer un projecteur que pour Mac OS X et Windows, la version Mac ajoutant donc Mac OS 9.

Un Director bilingue !

Macromedia a également ajouté une fonction de taille, qui devrait attirer de nouveaux utilisateurs dans le clan Director : il est maintenant possible de programmer non seulement en Lingo, mais également en ECMAscript. Ce dernier présente en outre l'avantage de gérer les expressions régulières et les opérations booléennes, ce qui devrait également intéresser les férus du Lingo de la première heure. On peut bien sûr avoir des scripts dans les deux langages (bien qu'il soit impossible de les utiliser au sein d'un seul et même acteur script), et établir une communication entre des scripts Lingo et ECMA. En revanche, il vous faudra convertir les listes du Lingo en tableaux pour l'ECMA, car ce dernier ne gère pas ce format en natif. Il est intéressant de noter qu'il est possible de récupérer des JavaScript de calcul pur (par exemple le cryptage MD5), et de coller le script tel quel dans Director, pour que tout fonctionne comme un charme. De plus, l'ajout de ce nouveau langage aura eu un effet de bord bénéfique : Macromedia a enfin complété les manques de la syntaxe pointée, adieu donc aux quelques relents de l'ancienne syntaxe qui étaient encore des passages obligés jusqu'ici. Ceci étant dit, que les amoureux du Lingo ne s'affolent pas : Macromedia assure que les deux langages continueront de coexister, et que donc cette nouveauté ne signe pas l'arrêt de mort du Lingo. Reste à voir si à l'avenir ils auront effectivement les moyens de maintenir et améliorer deux langages au lieu d'un seul...

Plus de souplesse








Mais les nouveautés ne s'arrêtent pas là puisqu'il est maintenant possible de nommer les sprites, ce qui ajoute un grand confort. En effet, plus besoin de sendallsprites() pour retrouver un sprite par le code, c'est donc beaucoup plus propre et également plus sûr lors de la création dynamique de sprites. L'attribution d'un nom peut se faire d'une part sur les sprites en eux-mêmes, du temps de leur durée de vie dans le scénario, ou même sur la piste sprite elle-même, qui aura donc cours sur toute la longueur du scénario.

D'autre part, la création de menus et de MIAWs (Movie In A Window, ou encore en Français ADUF : Animation Dans Une Fenêtre) a été revue et complétée, puisqu'il est maintenant possible de donner une forme arbitraire aux fenêtres (ce qui était possible avant, mais de manière officieuse, voilà qui est maintenant officialisé). Mais Macromedia ne s'en est pas tenu là, puisqu'il est maintenant possible de paramétrer intégralement l'apparence et le comportement des fenêtres, intégrant le support du rendu métal sur Mac, d'une icône dans la barre de titre, de la disponibilité des boutons de fermeture, agrandissement et réduction, du retaillage temps réel, de l'affichage ou non de l'ombre, et sur Windows d'une icône dans le systemtray (avec affichage d'un tooltip, s'il vous plaît). De plus, on peut désormais rendre une fenêtre "dockable" avec les fenêtres standard de Director en authoring, ce qui permet une meilleure intégration des outils que vous créerez pour faciliter vos développements. Ces options sont réunies dans un nouvel onglet de l'inspecteur de propriété, nommé "display template", et sont applicables autant à la scène qu'aux MIAWs.

Cheufla, c'est plus fort que toi



Comme à chaque nouvelle mouture de Director, la dernière version de Flash est supportée. Mais la grande nouveauté est qu'il est désormais possible de n'utiliser qu'une seule et même instance du lecteur Flash pour afficher plusieurs acteurs Flash en simultané, ce qui libère de la mémoire, et qui de plus devrait accélérer le rendu. Toujours concernant Flash, Director gère maintenant un nouveau type d'acteurs, les « composants », qui sont en fait des acteurs Flash paramétriques (au format .SWC). Ils permettent d'ailleurs de dépoussiérer les vétustes « widgets» tels que boutons, boutons radio, cases à cocher, etc., (dont le look n'a pas changé depuis l'origine et qui revêtent toujours l'apparence du système Mac de 1984, y compris sur Windows !) puisque des versions SWC de ces éléments ont été ajoutées à la palette d'outils (à noter qu'il est possible de basculer cette dernière dans l'ancien fonctionnement). A ceux-ci s'ajoutent de nouveaux objets, tels un visualisateur d'arbres hiérarchiques, un calendrier, un affichage de listes, un scroller d'images, etc. Bien sûr, tous les paramètres des SWC sont accessibles et modifiables depuis l'inspecteur de propriétés ou par la programmation (que ce soit en Lingo comme en ECMAscript), et il est possible de créer ses propres composants depuis Flash.

Petits plus

Outre le cortège de bugs corrigés, qui permettent notamment d'utiliser Director avec Mac OS X 10.3 sans encombre, (on appréciera au passage que les fenêtres portent enfin un nom, ce qui rend leur identification nettement plus facile lors d'un clic droit sur l'icône de Director dans le dock, ou lors de l'utilisation d'Exposé) de supprimer la fuite-mémoire dans le parser XML, et de permettre l'utilisation de polices importées sur un compte non-administrateur sur Windows, il y a quelques autres petites modifications : dorénavant, un acteur inexistant retournera lorsqu'on y fera appel, inutile donc de vérifier son membernum, d'autant que cela provoquera une erreur, sauf bien sûr lorsqu'il s'agira d'un fichier d'une version antérieure de Director. De plus, la scène sera maintenant intégrée dans the windowlist, et les icônes de l'interface ont été rafraîchies. Sur le plan de la 3D, ModelsUnderRay permet de ne vérifier qu'une liste limitée de modèles, ainsi que selon une distance maximum, ce qui devrait grandement accélérer son temps de calcul. Toujours en 3D, mais seulement sur Windows, Director offre dorénavant le support de l'anticrénelage en mode hardware. Autre nouveauté, qui ne concerne également que Windows, Director intègre désormais les fichiers Windows Media Player 9. Concernant Mac OS X, l'application est désormais livrée sous forme de « Bundle », une seule icône intégrant donc tous les nombreux éléments qui peuplaient naguère le dossier Director. Tous les fichiers de paramétrages (Xtras et autres fichiers .INI) sont regroupés dans un dossier « Configuration ». Autre petite nouveauté, une Xtra "unZip" vient maintenant compléter le jeu standard.

En Bref

Voici enfin une mise à jour digne de ce nom, qui permettra de faire des choses inédites, accélère un certain nombre de calculs, ajoute du confort de travail, et ouvre Director à un nouveau public. Certes, toutes ces nouveautés n'intéresseront pas tout le monde, en fonction de l'utilisation qui est faite de Director, mais la machine est à nouveau en marche. Espérons que Macromedia poursuive sur cette lancée encourageante.

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