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Dites, Monsieur Niel, puisqu'on vous tient…

Arnaud de la Grandière

Friday 13 January 2012 à 12:26 • 72

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Xavier Niel poursuit sa tournée des médias pour parler du lancement de Free Mobile. Le Nouvel Observateur en a profité pour poser la question qui fâche : voilà maintenant plusieurs années que les abonnés Freebox souffrent de lenteurs récurrentes sur YouTube à certains horaires.

« Effectivement, il y a un problème. Les tuyaux entre Google et nous sont pleins à certaines heures, et chacun se repousse la responsabilité de rajouter des tuyaux. C'est un problème classique qui arrive partout, mais plus souvent avec Google. En comparaison, le trafic avec Dailymotion -avec qui tout se passe bien- ne pose pas de problème. Donc j'invite les gens qui ont des problèmes avec YouTube de s'apercevoir que sur Dailymotion souvent il y a les mêmes vidéos. J'espère que la solution arrivera sous peu.»


Des « tuyaux » qui ne semblent pas pour autant manquer chez les autres opérateurs. En avril 2010, le président de Free répondait déjà sur cette question à nos confrères d'Univers Freebox :

« Aujourd’hui avec 4,5 millions d’abonnés à Free qui ont du 10 Mbit/s (en moyenne), il y a un trafic de l’ordre de 1 Terabit/s en pointe, soit environ 200 kbit/s par abonné. Si maintenant You tube décide de lancer un produit de TV en direct, en HD, avec un flux de 10 Mbit/s, et que en pointe 20% des abonnés l’utilisent, soit 1 million d’abonnés qui consomment 10 Mbit/s = 10 Tbit/s de plus. Cela représenterait 30 millions d’euros par mois, soit 6 euros par mois et par abonné. Dans ces conditions, il ne resterait que 2 solutions pour Free (ou les autres opérateurs) : soit augmenter les abonnements de 6 euros, soit faire payer You Tube et donc Google (sachant que c’est lui qui s’offrirait 100% des profits). »


Des propos qui rappellent ceux de Stéphane Richard, PDG d'Orange, en février dernier (lire MWC : les opérateurs "chouinent") :

« Pendant des années, les opérateurs compensaient naturellement entre eux les flux échangés, c'est le système du “peering”. Ce qu'ils envoyaient compensait environ ce qu'ils recevaient. Mais ce système a vécu car les flux sont totalement déséquilibrés depuis deux ans en raison de l'explosion de la vidéo. Certains acteurs qui sont à l'origine de l'explosion du trafic doivent accepter de contribuer au financement des investissements nécessaires pour acheminer ce trafic »


En somme, l'acheminement des données de YouTube coûte trop cher aux opérateurs européens, et représente une proportion de plus en plus importante du trafic. Cela donne-t-il pour autant une quelconque légitimité à ce que les opérateurs, censés être payés par leurs abonnés pour l'acheminement de ces données, exigent un pourcentage des revenus de chaque entreprise en ligne ? Ces dernières pourraient en avoir autant à leur service : sans leurs contenus, les opérateurs n'auraient guère que des tuyaux vides à proposer. En attendant, ce sont les abonnés qui doivent prendre leur mal en patience et qui font les frais de ces querelles, en dépit d'un abonnement dument payé chaque mois, à moins de changer pour un opérateur qui ne présente pas ces problèmes de ralentissement…

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