Depuis une bonne vingtaine d'années maintenant, la mémoire flash de type NAND a pris l'ascendant dans le monde du stockage. Elle permet des performances élevées avec un temps d'accès faible, ce qui était le point faible des disques durs mécaniques. Pour autant, la mémoire vive (RAM) garde l'ascendant sur ce point et de nombreuses technologies tentent donc de s'insérer entre la flash NAND et la RAM. La dernière en date porte le nom de XL-Flash.

La mémoire vive classique a un temps d'accès qui est de l'ordre de la dizaine de nanosecondes (un milliardième de seconde), quand la mémoire flash classique est habituellement aux alentours de la centaine de microsecondes1. La XL-Flash, elle, se place entre les deux avec une valeur de l'ordre de la dizaine de microsecondes. Les chiffres donnés par Tom's Hardware sont éloquents : 13 microsecondes en lecture (50 à 100 avec de la NAND) et 4 microsecondes en écriture (200 à 400 avec la mémoire flash). Les chiffres de cette technologie portée par Kioxia (issue de Toshiba) sont du même ordre que ceux de la mémoire Optane d'Intel. Lancée il y a quelques années sous le nom 3D XPoint, elle a été abandonnée en 2022, au grand dam de ses (rares) utilisateurs. En effet, les SSD de la gamme Optane combinent d'excellentes performances pour les accès aléatoires avec une durée de vie élevée et des gains parfaitement visibles dans de nombreux usages.

Le SSD vu au Computex provient de chez InnoGrit et il offre d'excellentes performances, au-delà de sa latence : 14 Go/s en lecture et 12 Go/s en écriture. Reste à voir si la société arrivera à corriger les deux défauts qui ont plombé Optane en son temps : le prix et la consommation. En effet, les SSD Optane étaient (très) onéreux par rapport à de la mémoire flash, avec une consommation assez élevée. Les modèles rapides étaient par exemple disponibles uniquement sur des cartes d'extension avec un dissipateur imposant. Les images montrées par nos confrères montrent au moins que deux autres défauts ont été corrigés. Les SSD Optane étaient en effet très rapides sur les accès mais moins efficaces que certains SSD classiques sur les débits en écriture, et la capacité était limitée. Les modèles montrés sont rapides (12 Go/s) et offrent jusqu'à 3,2 To de capacité, même si le nombre de puces (256) semble élevé.

Reste à voir si l'industrie suivra, et c'est généralement le problème des nouvelles technologies de ce type. Il faut en effet arriver à atteindre un prix compétitif tout en gardant suffisamment d'avantages pour faire migrer les utilisateurs. Dans le cas de la mémoire flash NAND, c'est un processus qui a pris quelques années : les premiers usages grands publics datent de la fin des années 90 (avec les cartes mémoire), les premiers SSD réellement capables de remplacer les disques durs sont sortis vers 2008 et la transition des HDD vers les SSD a ensuite pris une dizaine d'années.
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Les disques durs ont un temps d'accès de l'ordre de 10 millisecondes. ↩︎