Le lancement du Club iGen sur Kickstarter a suscité beaucoup d'enthousiasme (merci !), mais aussi des craintes chez plusieurs d'entre vous. Le site MacGeneration (ainsi qu'iGeneration et watchGeneration) qui vous accompagne depuis si longtemps va-t-il changer ?
Bien sûr, nous comprenons cette crainte. Les défis qui s'annoncent sont, pour nous aussi, à la fois excitants et un rien effrayants. Mais il faut sans cesse évoluer : le web de 2018 n'est plus celui de 1998, et il y a fort à parier que son visage sera bien différent dans vingt ans ! Au-delà des changements technologiques, la question au cœur de notre réflexion est celle du modèle économique.
En 2015, nous avons dû nous séparer d'un collaborateur. Un moment particulièrement douloureux dans l'histoire de MacGeneration, et qui a nourri la réflexion autour de notre projet. Comment en étions-nous arrivés à cette extrémité, alors que l'affluence sur nos sites était en hausse ? À l'époque, nous avions publié un article sur les bloqueurs de pub : c'est grave docteur (pour MacGeneration ?).
Ce papier, qui a connu une certaine résonance médiatique, décrivait la conséquence de la montée en puissance des bloqueurs de contenus, intégrés au plus bas niveau dans iOS 9 et OS X El Capitan. Malgré leurs fréquentations en hausse, nos sites ont essuyé des rentrées publicitaires… en baisse. Du bon boulot non récompensé en quelque sorte, et pour la première fois de notre histoire, nous avons fini un exercice dans le rouge.
Ces mauvais résultats nous ont forcé à accélérer notre réflexion sur le modèle économique que nous voulions pour nos sites. Nous avons toujours été attachés à l'idée de la « gratuité » de l'information… mais face à la dure réalité, il était temps de tout remettre à plat.

La quadrature du cercle
Pas question ici de jouer les pleureuses, de se lancer dans des critiques sans fondement, ou de faire l'aumône. Nous voulons vous exposer notre réalité de la manière la plus honnête possible. Le nerf de la guerre pour tout le monde, c'est l'argent. Voici comment nous gagnons notre vie :
- Vente d'espaces publicitaires : en direct ou via des partenariats, comme avec Google ;
- Affiliation : vous cliquez sur un lien Amazon ou Apple, vous achetez un produit… et nous recevons une commission ;
- Services : derrière ce terme un peu fourre-tout, les ventes de nos livres, l'offre de soutien de notre application, les annonces premium d'iOccasion…
Le zèle des bloqueurs de pub et le conservatisme des annonceurs
Les choses n'ont guère évolué concernant la publicité. Certains bloqueurs de pub bloquent de plus en plus de choses, y compris des éléments rédactionnels ! Il arrive ainsi que les liens traqués (vers Amazon, Apple et d'autres) présents dans les articles soient purement et simplement effacés du texte. Résultat, certains articles sont tout simplement illisibles.
Autre exemple, ces bloqueurs de contenus qui refusent de charger les images d'un de nos sites. Une blague qui a duré plusieurs semaines ! Nous avons passé beaucoup de temps à mettre en place une offre commerciale prenant en compte ce phénomène, tout en poussant les annonceurs à renoncer aux créations dynamiques et aux innombrables statistiques que peuvent remonter les serveurs de publicité.
Cette offre connaît un certain succès, et elle est efficace dans bien des cas, sans pourrir l'expérience que nous voulons vous offrir. Hélas, les annonceurs sont frileux et n'aiment pas beaucoup sortir des sentiers battus.
À côté de cela, nous sommes également conscients que tout n’est pas parfait de notre côté. L’intégration de la publicité dans l’application iOS ne nous satisfait pas. C’est un point que nous comptons revoir l’année prochaine. Mais ce qui est difficile à faire sur le web l’est encore plus sur une application native. Et il faut convaincre les régies du bien-fondé de notre démarche.
Affiliation : un modèle malade
Le levier de l'affiliation est de plus en plus difficile à manier. En dehors du problème des liens traqués effacés par les bloqueurs de contenu, le gros problème ici c'est… Apple et ses mauvaises pratiques. Dès que le constructeur lance un produit à fort potentiel commercial, un courriel arrive dans nos boîtes pour nous annoncer que la commission sera royalement de… 0 %.
Si le succès escompté de ce produit n'est pas au rendez-vous — et cela a été le cas de l'iPhone XS, par exemple —, nous recevons très rapidement un message qui nous signale que, comme par magie, la commission est revue à la hausse.
Sachez que cela n'a absolument aucun impact sur la rédaction de MacGeneration. Ce n'est pas parce que nous ne touchons rien sur la vente d'un appareil Apple que nous n'allons pas en parler, en bien comme en mal d'ailleurs.
Le hic dans cette histoire de commission, c'est que d'autres éditeurs et annonceurs s'inspirent des pratiques d'Apple. La grande mode actuellement, c'est le changement permanent des taux de commission. L'opacité règne ici en maître : tout est fait pour ne pas nous donner de chiffres précis, à moins de fouiller dans un document de vingt pages de long.
Il faut être constamment à l'affût des changements : au printemps, un opérateur téléphonique a décidé de diviser par deux les commissions, puis de les supprimer. « Plus de budget ! », disait-il. Après plusieurs protestations, cet opérateur a soudain retrouvé son budget…
Cet exemple illustre une tendance de fond : l'affiliation, c'est chacun pour soi. Là où il est impératif de construire une relation de confiance, c'est tout l'inverse qui se produit. Et on se retrouve souvent face à un rapport de force disproportionné entre l'éditeur et l'annonceur.
On ne veut pas faire pleurer dans les chaumières. Tout cela, c'est de la cuisine interne. Mais on voulait lever un petit peu le voile sur ce que nous faisons tous les jours, nous battre sans cesse pour maintenir MacGeneration à flot. Et très franchement, nous avons d'autres choses bien plus intéressantes et amusantes à développer.
Stop ou encore
Notre activité « bouquins » rencontre un certain succès, mais malheureusement les livres numériques n'ont jamais décollé en France, contrairement à ce qui se passe dans d'autres pays. Quant à l'offre de soutien dans notre application, si elle a bien progressé au début, elle connaît désormais un plateau.
Sans ces activités annexes, nous ne serions pas là où nous en sommes aujourd'hui. Chaque sou compte ! De notre point de vue, avec le recul, la situation reste délicate. Certains ne s'en sont tout simplement pas relevés : dans l'écosystème Apple, l'exemple le plus tristement célèbre est sans doute MacPlus.
Nous nous portons aujourd'hui mieux qu'en 2015. Depuis, nous avons fait des économies et repensé notre offre publicitaire. Le contexte économique est aussi plus favorable, mais en sera-t-il de même dans un ou deux ans ? Si notre situation s'est améliorée, elle reste très fragile. Aujourd'hui, pour s'en sortir, il faut se réinventer. Penser autrement.
Le premium pour s'inscrire dans le long terme
C'est dans cet état d'esprit que nous avons voulu avancer. Nous aurions pu continuer à naviguer à vue en nous disant que nous serons plus malins que les confrères. Ou prendre les devants pour assurer notre pérennité à moyen et à long terme. Et cela passe par l'établissement d'un lien avec vous…
Nous ne nous sommes jamais souciés de plaire ou de déplaire à un annonceur. On se fiche pas mal de faire en sorte que nos contenus fassent plaisir aux algorithmes des moteurs de recherche. Ce Club iGen, c'est un projet extrêmement motivant et qui est beaucoup plus simple à appréhender.
Plus simple et plus motivant, parce que cette relation directe avec vous passe par un nouveau site sans publicité ni traqueur, plus rapide, avec des options de personnalisation inédites. C'est aussi plus de temps passé à trouver des idées de contenus originaux et à enquêter sur des sujets que l'écume de l'actualité ne nous donne pas la possibilité d'approfondir.

La grande différence avec l'époque où nous avons lancé MacGeneration, c'est que tout le monde écrit sur Apple. C'est tant mieux pour la Pomme, mais de notre humble point de vue, ce traitement reste très superficiel. De manière plus générale, la manière dont la technologie — qui imprègne tous les secteurs d'activité et tout un chacun — est relatée dans la presse généraliste en France est au mieux médiocre en comparaison de ce que l'on trouve ailleurs.
Notre ambition avec le Club iGen est finalement assez simple : vous proposer des articles à forte valeur ajoutée sur Apple et sur l'industrie high-tech en général (avec notre regard sérieux… et parfois décalé), exploiter de nouveaux moyens d'expression, vous offrir une approche différente. Le tout sans avoir à nous soucier des contraintes inhérentes au modèle publicitaire.
Ce sont ces idées que nous vous proposons de soutenir avec le Club iGen. À vous de voir !